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Extrait ajouté par Blandine1 2021-02-21T18:53:18+01:00

Il se demande quelle part de la vie d’un homme est une histoire qu’il se raconte à lui-même sur lui-même.

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Un jeune homme, jeune, mais pas très jeune, est assis dans une antichambre quelque part, dans une aile ou une autre, du château de Versailles. Il attend. Cela fait longtemps qu'il attend.

La cheminée n'est pas allumée dans la pièce bien que nous soyons dans la troisième semaine d'octobre et qu'il fasse froid comme à la Chandeleur. Il en a les jambes et le dos raidis - à cause du froid, qui, en plus, ne l'a pas quitté depuis trois jours qu'il voyage : d'abord, de Bellême à Nogent, avec le cousin André, puis dans la diligence, bondée de gens aux visages rudes, en manteaux d'hiver, avec des paniers sur les genoux, des paquets à leurs pieds, certains avec leurs chiens ; un vieil homme avait même un coq dans son manteau. Trente heures jusqu'à Paris et la rue aux Ours, où ils sont descendus de voiture, sur le pavé autant que sur du crottin de cheval, et se sont dispersés à la porte de la compagnie de transport, en glissant comme s'ils étaient mal assurés sur leurs jambes. Puis ce matin, pour venir du logement qu'il avait pris rue... - rue quoi ? -, partir tôt sur une rosse de location afin de rejoindre Versailles, et tout cela un jour qui pourrait être le plus important de sa vie, ou rien du tout.

Il n'est pas seul dans la pièce. Un homme d'une quarantaine d'années est assis en face de lui, sur un fauteuil étroit, son frac boutonné jusqu'au menton, les yeux fermés, les mains croisées sur les genoux, avec au doigt une grosse bague qui semble assez ancienne. De temps à autre, il soupire, mais il est sinon parfaitement silencieux.

Derrière le dormeur, et de chaque côté de lui, des miroirs s'élèvent du parquet jusqu'aux moulures du plafond recouvertes de toiles d'araignées. Le château est plein de miroirs. Quand on vit ici, il doit être impossible de ne pas se voir cent fois par jour, chaque couloir est une source de vanité et de doute. Les miroirs devant lui, dont la surface est floue à cause de la poussière (un doigt qui n'avait rien de mieux à faire y a tracé une bite protubérante et à côté une fleur, peut-être une rose), renvoient une lumière verdâtre, comme si tout le bâtiment était sous l'eau, noyé. Et là, intégrée au naufrage, sa silhouette à lui, en habit marron, son visage trop peu reflété par ce miroir moucheté pour qu'on puisse le décrire ou y voir un trait particulier. Un ovale pâle sur un corps voûté, un corps dans un habit marron, un habit, cadeau de son père, coupé par Gontaut, dont les gens aiment à dire qu'il est le meilleur tailleur de Bellême, mais qui, en vérité, y est le seul tailleur, Bellême étant de ces endroits où un bon costume est transmis avec les biens d'un homme, comme la bouillotte en cuivre, la charrue et la herse, la selle de cheval. Il est un peu serré aux épaules, un peu ample à partir de la taille, un peu lourd sur les poignets, mais tout cela est honnêtement fait et parfaitement correct selon ses canons.

Il se masse fermement les cuisses, les os des genoux, puis il se baisse pour gratter quelque chose sur son bas gauche à la hauteur du mollet. Il a eu soin de garder ses bas aussi propres que possible, mais comme il est parti de nuit et qu'il s'est déplacé dans des rues qu'il ne connaissait pas, à une heure où les lanternes ne sont pas allumées, qui sait dans quoi il a bien pu marcher ? Il gratte son bas du bord du pouce. De la boue ? Espérons. Il n'essaie pas de sentir son pouce pour en savoir davantage.

Un petit chien fait son entrée. Ses griffes frôlent le sol. Il regarde l'homme, brièvement, avec ses gros yeux mi-clos, avant d'aller vers un vase, une grande amphore dorée laissée là à l'abandon ou en dépôt, dans un angle de la pièce couvert de miroirs. Il renifle, dresse la patte. Une voix - âgée, de femme - l'appelle en roucoulant depuis le couloir. Une ombre franchit la porte ouverte; le bruit d'un ourlet de soie qui frotte sur le sol ressemble à l'arrivée de la pluie. Le chien s'affaire après elle, ses eaux glissent du vase et serpentent vers les pieds croisés de l'homme endormi. Le jeune regarde tout cela, comment le ruisseau fait son chemin sur la surface inégale du parquet, comment même la pisse de chien est soumise aux inaltérables lois de la physique...

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