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Et alors il les voit là, les hommes gris, alignés au beau milieu du couloir avec leurs masques de chair décolorée en guise de visage, qui le fixent de leurs yeux morts. Maintenant qu'il les voit de près, il constate à quel point tout, dans leur physique, les rapproche de la terre : leurs bouches pendantes, leurs bras ballants, leurs échines voûtées et leurs mollets ancrés dans le parquet comme des pierres tombales. S'ils étaient liquides, le sol les absorberait sans doute comme le ferait du papier toilette. Mais ces monstres familiers sont de chair et il n'y a que la gravité pour les tirer lentement, avec la patience des bourreaux qui s'y connaissent, vers la finalité de leur existence.
Sous le plancher des vaches.
Afficher en entierDevant la porte des douches, il y a un sale type.
Avec sur le dos un uniforme noir charbon, sa gueule de mulet plantée sur un corps trop maigre et ses galoches déguenillées maculées de boue alors qu'autour de lui, tous marchent nu-pieds. [...]
Ce sale type reste debout pour compter ceux qui entrent. Il est le préposé aux portes : il les ouvre, s'assure d'y faire passer ni trop, ni trop peu de gens. Puis une fois que tout le monde est à l'intérieur, il les referme.
À clef.
Il compte ceux qui entrent, mais jamais ceux qui sortent.
Personne ne sort jamais de ces douches-là.
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