Extrait

Darby m’arracha le paquet des mains et l’ouvrit sur le chemin qui nous ramenait à la maison.

- Ça fait huit ans que je n’en ai pas mangé.

Elle en croqua une bouchée, et le doux soupir orgasmique qui monta du fond de sa gorge me fit durcir à nouveau.

- Oh, mon Dieu ! murmura-t-elle, la bouche pleine, en levant les yeux au ciel. Kellen, il faut absolument que tu goûtes.

Elle me tendit l’autre moitié de son biscuit, mais je me jetai directement sur les miettes qu’elle avait sur les lèvres. À la seconde où l’arôme sucré de la vanille toucha ma langue, un caléidoscope de souvenirs explosa derrière mes yeux. Darby dans ses bottes jaunes. La petite main de Darby me tendant un biscuit comme si j’étais un chien enragé. Le sourire intrépide de Darby, auquel il manquait des dents, pendant qu’elle me regardait les dévorer.

C’était la meilleure chose que j’aie jamais goûtée à l’époque, parce que c’était le goût qu’elle avait, elle.

Et c’était toujours le cas.

Laissant tomber mes sacs en plein milieu du trottoir, j’empoignai la nuque de Darby et glissai ma langue dans sa bouche toute sucrée pour mieux savourer l’euphorie que me procuraient ces souvenirs. Pour lécher sur ses lèvres notre douce innocence. Pour retrouver le goût de mes premiers émois.

Si l’amour avait un parfum, ce serait celui de la crème à la vanille.