Ajouter un extrait
Liste des extraits
Elle dit qu'avec vous deux précautions valent mieux qu'une et que paroles écrites valent mieux que paroles en l'air; et aussi que les bons comptes font les bons amis, et qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Et moi j'ajoute que conseil de femme ne vaut pas un clou, mais quiconque ne le suit pas est bien fou.
Afficher en entierBelle et noble dame, j'aimerais pouvoir payer de retour l'insigne faveur que vous me faites en dévoilant à mes yeux votre beauté sans égale. Mais la Fortune, qui jamais ne se lasse de persécuter les gens de bien, m'a jeté dans ce lit, moulu et brisé, de sorte qu'il me sera impossible, malgré tout le désir que j'en ai, de satisfaire le vôtre. A cette impossibilité s'en ajoute une autre plus grande encore: c'est la fidélité que j'ai promise et jurée à l'incomparable Dulcinée du Toboso, unique dame de mes plus secrètes pensées. Sans cet obstacle majeur, je ne serais pas assez sot pour laisser passer cette heureuse occasion, que dans votre immense bonté vous avez daigné m'offrir
Afficher en entierLe bachelier, bien qu’il s’appelât Samson, n’était pas fort grand de taille ; mais il était grandement sournois et railleur. Il avait le teint blafard, en même temps que l’intelligence très-éveillée. C’était un jeune homme d’environ vingt-quatre ans, la face ronde, le nez camard et la bouche grande, signes évidents qu’il était d’humeur maligne et moqueuse, et fort enclin à se divertir aux dépens du prochain : ce qu’il fit bien voir. Dès qu’il aperçut Don Quichotte, il alla se jeter à ses genoux en lui disant : « Que votre grandeur me donne ses mains à baiser, seigneur Don Quichotte de la Manche ; car, par l’habit de saint Pierre dont je suis revêtu, bien que je n’aie reçu d’autres ordres que les quatre premiers, je jure que votre grâce est un des plus fameux chevaliers errants qu’il y ait eus et qu’il y aura sur toute la surface de la terre. Honneur à Cid Hamet Ben-Engeli, qui a couché par écrit l’histoire de vos grandes prouesses ; et dix fois honneur au curieux éclairé qui a pris soin de la faire traduire de l’arabe en notre castillan vulgaire, pour l’universel amusement de tout le monde ! »
Afficher en entierJe t’assure, nièce, répondit Don Quichotte, que, si ces pensées chevaleresques n’absorbaient pas mes cinq sens, il n’y aurait chose que je ne fisse, ni curiosité qui ne sortît de mes mains, principalement des cages d’oiseaux et des cure-dents.
Afficher en entier"- Sancho, (...) ce que je te recommande en premier lieu, c'est d'être propre, de te rogner les ongles et de ne les laisser point croître, ainsi que font quelques-uns, qui sont si ignorants et si bêtes qu'ils croient que de grands ongles leur embellissent les mains, (...). Sancho, il ne faut point que tu ailles sans ceinture et les vêtements lâches (...). Ne mange point d'ail ni d'oignon, afin que l'odeur ne découvre ta rusticité. (...) Fais attention, Sancho, à ne pas mâcher des deux côtés à la fois et à n'éructer devant personne.
- Je n'entends pas, dit Sancho, ce mot d'éructer."
Et don Quichotte lui dit : " Éructer, Sancho, veut dire roter, et c'est un des plus vilains mots qu'ait la langue castillane, encore qu'il soit fort significatif ; de sorte que les délicats ont recours au latin (...).
- En vérité, monsieur, dit Sancho, parmi les conseils et les avis que vous me donnez, et que je pense garder en ma mémoire, je ne mettrai point en oubli de ne pas roter, parce que j'ai accoutumé de le faire fort souvent." (...)
"Lorsque tu monteras à cheval, ne porte point ton corps sur l'arçon de derrière, ni ne lève les jambes tendues, roides et éloignées du ventre du cheval, ni ne te fais point paraître si mou qu'il semble que tu sois monté sur ton grison (...).
- Monsieur, répondis Sancho, je vois bien que toutes les choses que Votre Grâce m'a dites sont bonnes, saines et profitables. Mais de quoi me peuvent-elles servir (...) ? "
Afficher en entierPendant tout ce temps là, don Diego de Miranda n'avait pas dit un mot, tant il mettait d'attention à observer et à noter les œuvres et les propos de don Quichotte, qui lui apparaissait tour à tour comme un mélange de sage et de fou et comme un fou mâtiné de sage. I n'avait pas encore eu connaissance de la première partie de son histoire, et s'il l'avait lue, il eut cessé d'être étonné de la conduite et des propos de don Quichotte, car il eut connu la nature de sa folie. Mais comme il l'ignorait, tantôt il le tenait pour sage, et tantôt pour un fou, parce que ce qu'il disait était sensé, élégant et bien dit, et ce qu'il faisait extravagant téméraire et stupide.
Afficher en entier