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C’est un noble, l’un de ceux que je dois tromper. C’est aussi un garçon. Si je ne peux pas l’amadouer, je n’ai aucune chance avec le prince.
Murmure s’est figé, son regard sombre ne me quitte pas.
- Mais tu es pareil, non ? je demande en passant le doigt sur le cuir qui protège son large torse. Tu fais partie de la noblesse, et pourtant, tu voles à tes pairs pour donner aux pauvres. Comme si ça allait changer le fait que tu vives dans une cage dorée alors que le commun des mortels meurt de faim et se fait purger par ce cinglé d’archiduc.
Je ris.
- Et tu as le culot de me traiter d’hypocrite !
Je surveilles ses yeux par la fente dans sa capuche. Rien. Il ne cille pas. Il reste de marbre. Si ma proximité le trouble, il sait très bien le cacher. Il a de la volonté, celui-là. Je mets la main sur sa mâchoire, et il ne fait rien pour m’arrêter.
- Pauvre petite chose qui veut changer ce monde cruel, je roucoule.
[...] Mes doigts contre sa joue rompent son immobilité. Son regard se fait furieux et il repousse ma main, comme on chasse une mouche.
- Comment oses-tu me toucher ? gronde-t-il.
Afficher en entierJe lui adresse un clin d’œil et je m´avance dans le couloir. Je retire lentement mon capuchon en me servant de tout ce que j’ai appris depuis mon arrivée à la cour pour rendre mon sourire irrésistible. Ce type est un polymathe, mais pas royal, alors il y a très peu de chance qu’il m’identifie. Je fais la moue et je bats des cils. Je sais que j’ai gagné lorsqu’il trébuche sur l’ourlet de sa robe. Il est distrait : c’est l’heure de la touche finale. Je trébuche à mon tour, je presse mon imposante poitrine contre son épaule et je me rattrape à son bras. Je lui souris et je fais semblant d’être essoufflée.
— Oh, par les dieux, je suis désolée. C’est ma première semaine ici et je n’ai pas encore l’habitude de marcher dans ces couloirs.
L’homme devient écarlate, il bredouille et s'arrête sur le V arrondi de son bras appuyé contre ma poitrine.
— Vous... Vous... Je ne... Je suis désolé...
— Ne le soyez pas, je minaude. C’était ma faute. Je suis tellement maladroite!
Derrière moi, j’entends Une protestation à moitié étranglée.
Afficher en entierCe n’est pas bien, mais l’espace d’un instant, dans ce tuyau étrange, en cette ville étrange, serrant dans ses bras un garçon pas si étrange, le monstre que je suis fais l’expérience du bonheur.
Afficher en entier— Sans vouloir vous déranger...
Je toussote.
— ... nous sommes pressés par ce petit inconvénient qu’on appelle le temps, qui continue d’avancer même si nous, nous somme arrêtés.
Afficher en entier— Pour citer le sorcier philosophe Erildan le très sage...
Je grogne en ouvrant la fenêtre et grimpe sur le rebord. Le vent s’engouffre dans mes cheveux.
— ... « la prudence n’a rien de satisfaisant »
Je me jette aussi loin que possible. Durant une demi-seconde j’ai l’impression de voler. Puis la douloureuse réalité me rattrape, une branche me rentre dans la poitrine et me coupe le souffle. Je m’y agrippe en catastrophe et je descends avant de m’éloigner en boitillant dans la nuit.
— Pour citer les derniers mots du sorcier philosophe Erildan le pas si sage finalement, dis-je, haletante : « Je n’aurais pas dû faire ça. »
Afficher en entier— Avez-vous vu l’épée du prince?
— Est ce une métaphore de mauvais goût?
Fione fait une mine dégoûtée. Je ne peux retenir un rire.
Afficher en entier— Tu seras donc ravie d’apprendre que Lucien, dame Himintell et moi avons formé une sorte de... coalition contre Gravik. J’aimerai l’appeler l’Union Armée pour Botter le Derrière Moisi de l’Archiduc. Tu pourrais te joindre à nous.
Afficher en entier— Écoutes, mon cher céléon...
Je fais passer la dague d’une main à l’aitre En inspectant la pointe taillée.
— Tu m’as poignardée. Mais je peux te le pardonner. Tu n’es pas le premier, et la moitié de mes assaillants sont ensuite devenus de vrais amis ! Je me fais même un devoir d’assister à leur enterrement. Bien sûr, c’est souvent moi qui l’organise. Seule. Dans les bois. Ou il n’y a que moi, leur cadavre et une pelle. Mais ce ne sont que des détails. Cinq, au fait. Le décompte ne s’arrête pas pendant mes élégants monologues.
Afficher en entierBats des cils. Ris comme si tu n’avais rien dans la tête.
Afficher en entier" - Tragan dhim af-artora, af-reyun horra, dit Malachite avec des yeux sérieux, pour une fois.
- Traduction?
- "Tels que nous devrions être, mais comme nous ne pouvons."
J'esquisse un mince sourire. C'est un beau sentiment, triste, parfait pour un peuple qui n'a cessé de se battre contre les valkerax pendant des siècles."
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