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Les cinq navires accostèrent dans l’un des ports occidentaux de Deraine. Les dragons volés furent transférés sur des barges et remontèrent le fleuve jusqu’à l’élevage secret où Garadice les dresserait.
Hal et les autres dragonniers s’étaient attendus à être placés dans un navire de transport avec leurs trois dragons survivants pour retourner à Paestum, sa 11e escadrille de dragonniers et son si attentionné sire Fot Dewlish.
Au lieu de quoi, les dragonniers, sire Bab Cantabri, une demi-douzaine de soldats et Limingo reçurent des ordres particuliers et furent affectés à un navire faisant route vers Rozen, la capitale de Deraine.
— Et à quoi que tu crois que tout ça rime ? demanda Mariah. On a réglé l’affaire, alors y va pas y avoir de cour martiale.
— Des médailles, mon garçon, répondit un sergent à barbe grise. On est des héros.
— Mouais… (Farren réfléchit un instant.) C’est gentil, et tout ça. Mais je parie que ça veut juste dire que de l’autre côté de l’eau, on en a ras le bol de la guerre et que le roi cherche quelque chose pour distraire les masses.
— Probablement, approuva le soldat. Mais t’as pas encore appris à ramasser tes médailles là où elles tombent ?
Hal soupçonnait le sergent d’avoir raison : en effet, ils n’étaient pas transportés vers le nord dans les sortes de chars à bœufs auxquels les soldats étaient habitués, mais dans des attelages plus adaptés aux officiers ou à la petite noblesse.
Ce voyage de début d’hiver fut froid, mais des foules se rassemblaient le long de la grand-rue dans chaque village, acclamant les soldats, parfois par leurs noms, en général celui de sire Bab. Chaque soir, les douze compagnons étaient logés dans des auberges convenables et n’avaient pas à se recroqueviller autour de leurs feux dans leurs écuries.
Hal nota de nouveau que les hommes étaient de plus en plus rares et que les travaux hivernaux des fermiers incombaient de plus en plus aux femmes.
Saslic et Hal dormaient dans les bras l’un de l’autre toutes les nuits, ne s’éveillant que pour faire l’amour goulûment, pour se prouver qu’ils avaient bien survécu à leurs immersions dans l’océan glacé.
D’autres profitaient pleinement des avantages de l’adulation dont ils étaient l’objet et Hal se demandait combien de jeunes villageoises mettraient des enfants au monde au bout de neuf mois.
Saslic fit un commentaire grinçant sur la réelle admiration qu’elle éprouvait pour le patriotisme de ses compagnons, « qui donnent de leur personne pour compenser les pertes humaines de la guerre – tous des héros ».
Afficher en entierAlors qu’il rentrait chez lui d’un pas pesant, Hal Kailas entendit dans le lointain le pépiement des dragons. Il s’empressa de lever les yeux, éprouvant le besoin de voir de la couleur pour changer du gris des pavés, des maisons de pierre, des montagnes, des ternes bâtiments miniers, et même du ciel couvert.
Le monstre écarlate et vert sombre faisait des allers et retours dans les cieux, sa tête cornue se tendant d’un côté puis de l’autre, observant le sol. Hal pensait qu’il s’agissait d’une femelle, même si la créature volait en fait trop haut pour qu’il puisse voir les bandes plus sombres du ventre typique des dragonnes.
Elle avait son nid quelque part dans les rochers en surplomb du village ; Hal croyait savoir où précisément, car il avait beaucoup exploré les environs, seul – sans qu’il déplore ce manque de compagnie. C’était le nid où les dragons avaient élevé leurs petits depuis plus d’un siècle.
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