Extraits

— En gros, y vient vérifier si quelqu’un aurait jeté un sort…

Verres en suspens, on attendait le verdict du docteur.

— Mais c’est du vaudou breton, vos histoires ! s’exclama Désiré qui commençait à franchement s’amuser. Vous avez des grigris aussi ?

— Faut pas rigoler avec ça, trancha quelqu’un.

Désiré leva les yeux : au-dessus de la porte, la tête de sanglier empaillée semblait lui sourire.

— Ben alors, où est passé votre humour, les gars ? lança-t-il. Il est temps que je vous révèle qui je suis vraiment ! – Il se leva et son ombre enveloppa la tablée. – Je suis Diallo-le-marabout, grand sorcier africain, de père en fils !

Sa plaisanterie n’eut malheureusement pas l’effet escompté. Ils le dévisagèrent avec des mines mi-ahuries, mi-effrayées. Derrière son comptoir, Marthe fit un rapide signe de croix.

Son logis faisait office de bar. C’est ainsi qu’elle gagnait sa croûte. Il accepta un verre d’eau. Elle le servit en faisant la grimace, selon elle, personne ne buvait d’eau, même les gosses préféraient le cidre.

— Concernant la piqûre, madame. Pouvez-vous me conduire à un endroit… – il hésita sur le terme à employer : intime ? retiré ? caché ? et opta finalement pour – … discret ?

Elle sourit de côté.

— J’vais vous dire quéque chose, mon gars : cette pièce, c’est toute ma vie. J’y suis née, j’m’y suis faite dépuceler et j’y crèverai. Alors, c’est pas c’tantôt qu’ça va changer !

Elle releva son cotillon puis baissa sa culotte, découvrant le haut de sa fesse droite. Aucun des trois clients présents ne manifesta le moindre intérêt pour la scène.

Elle était si petite (et lui si grand) qu’il dut s’agenouiller pour la piquer.