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1.

1540. Espagne, Grenade.

Je suis un enfant écorché à fleur de cœur. À ma naissance, Al-Andalus et ses califats musulmans appartiennent déjà au passé. La Reconquista s’est achevée un demi-siècle plus tôt avec la chute du dernier royaume nasride. Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille règnent désormais sur cette Espagne devenue catholique.

J’ouvre les yeux à Grenade où j’ignore encore tout de mon héritage, d’où je viens et qui je suis.

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Ma mère est une ombre silencieuse. Elle s’occupe de nous laver, de nous habiller et de nous nourrir chaque jour, mais n’a aucun geste d’affection véritable. Elle nous console du bout des lèvres quand mes sœurs et moi nous nous blessons. Sa présence est effacée par celle, imposante, de mon père qui cherche l’adoration exclusive de ses enfants. Ma mère n’a droit qu’au peu de place qu’il veut bien lui céder. Elle n’a pas l’air d’en souffrir, j’ai même l’impression qu’elle s’en satisfait fort bien.

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Nous nous initions également à l’équitation dans notre jardin, autour de la maison. D’abord impressionné par les chevaux, je prends vite plaisir à trotter sur leur dos. Tous nous mettent cependant en garde : en dehors de chez nous, nous devons chevaucher avec les deux jambes du même côté. Seuls les véritables Espagnols ont le droit de monter avec les étriers. Pas les morisques.

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Quand nous sommes en âge d’apprendre, nos parents ne nous envoient pas avec les autres enfants à l’école catholique. Mon père est un tabib réputé qui a fait ses études de médecine à l’université de Grenade. Sa fortune lui permet de faire venir chez nous une tabiba de dix ans son aînée. Il porte à son arrivée une élégante djubba orange et rose.

— Bienvenue, Aïcha de Cordoue, petite-fille d’Averroès. C’est un grand honneur pour moi d’accueillir sous mon toit une de ses héritières comme préceptrice de mes enfants.

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— Grenade. Le fruit est pourvu d’une peau épaisse ; la ville, de larges murailles. L’un est rempli de graines rouges comme des rubis, l’autre, de maisons blanches pour mieux se protéger de la chaleur de l’Andalousie.

Comme aucun des deux ne peut croître sans eau, la rivière Darro alimente les aqueducs, dont les flots glacés courent jusqu’au sommet du plateau de la Sabika pour se déverser dans les coursives en pierre des jardins et des palais de l’Alhambra.

— Avant, la rivière s’appelait Hadarro. Ce sont les catholiques qui l’ont rebaptisée ainsi. C’est comme ça qu’ils nous effacent : en changeant nos noms.

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— Au début, l’archevêque de Grenade a tenu parole. Pas de conversions forcées, ni de violences contre les musulmans, et le respect de notre Shari’a. Mais les têtes couronnées étaient impatientes. Elles nous avaient arraché nos terres, mais cela ne leur suffisait pas. Elles voulaient aussi nos âmes.

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— Les vieux-chrétiens, comme ils se nomment eux-mêmes, ont fait de moi un morisque. Vous, mes enfants, nous avons dû vous baptiser à votre naissance. Mais au fond de nous, nous sommes toujours musulmans. Parce que la taqîya nous le permet : nier notre foi en public, mais lui rester fidèles dans nos cœurs. Les catholiques ne doivent jamais le découvrir.

— Je ne comprends pas…

— Il va falloir mentir, Sinan.

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Il nous faut également apprendre la véritable langue de la résistance : l’aljamiado. C’est encore une fois Aïcha qui nous l’enseigne pendant ses cours, auxquels Sahar assiste avec nous désormais.

— C’est de l’espagnol retranscrit en alphabet arabe. C’est moins une nouvelle langue pour vous, que la combinaison de deux que vous connaissez déjà.

Nous nous enthousiasmons immédiatement tous les trois pour cet alphabet secret, dont les lettres deviennent des modèles pour nos tatouages.

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Mon père se moque des catholiques qui abolissent les bains sous prétexte qu’ils affaibliraient la virilité. Ils interdisent également que nous utilisions du henné. Ma mère nous apprend à préparer la pâte écrasée de branches et de feuilles pour l’appliquer en teinture sur les cheveux ou en tatouages sur la peau.

Nous passons ainsi des heures à esquisser des motifs toujours plus complexes, d’abord sur du papier, puis sur nous-mêmes. Nous devons les tracer sous la plante de pied pour les dissimuler. Nous prenons parfois le risque de les faire sur la paume, par bravade. Nous sommes fiers de devoir protéger ce secret dans notre poing fermé jusqu’à ce que le dessin s’estompe.

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Des gestes insolites, que j’observe au quotidien autour de moi, prennent peu à peu tout leur sens. Si les mariés de l’Albaicín se changent après leur passage devant le prêtre à l’église, c’est pour revêtir les habits traditionnels musulmans avant de continuer à fêter leur union ; si de vieux-chrétiens partagent notre repas, mon père fait briser leur vaisselle après leur départ si elle a contenu du porc ou du vin ; et si notre mère nous lave le front avec énergie de retour chez nous après la messe, c’est pour en effacer le saint chrême.

Rufaida et moi sommes catholiques aux yeux du monde, même si nous continuons à porter nos djubbas colorées. Nous discutons en espagnol, faisons le signe de croix et récitons les psaumes de la Bible quand le prêtre du quartier, morisque lui-même, nous le demande. Une fois revenus dans notre carmen, nous y parlons arabe et suivons les cours de Coran de notre père.

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