Extraits

« Rien n’arrive par hasard, le destin vous observe toujours. »

— Vous pouvez l'attendre dehors. Votre présence ici ne sera pas nécessaire, asséna-t-elle sèchement.

Sur ces mots, elle leur claqua la porte au nez sans vergogne, les laissant complètement stupéfaits. Depuis l'intérieur du bureau, Miya put entendre Jay s'indigner : "Non, mais elle est sérieuse, celle-là !?"

Son comportement la perturbait encore plus que la présence de Manu. Il était toujours assis sur le même tabouret à prendre des notes. Sans savoir pourquoi, le simple fait de l'apercevoir dans la salle l'avait troublée. Il n'avait pas encore relevé la tête vers elle et semblait hors d'atteinte, comme plongé dans une bulle impénétrable.

Elle soupira d'agacement et se mit à avancer, pas aussi rapidement que Manu le désirait. Il dut s'arrêter et lui lança un regard intransigeant.

— Dépêche-toi un peu, ordonna-t-il.

— Je fais déjà ce que je peux, donc me fais pas chier, s'énerva-t-elle.

— Fais attention. J'ai entendu dire qu'elle était violente ! répondit-elle, crispée.

— Peu importe.

— Elle pourrait te casser la gueule si elle te surprend.

— Je ne demande qu'à voir ça ! lança-t-il, avec un sourire en coin.

La porte s'ouvrit soudainement. Les deux jeunes gens tournèrent la tête en même temps dans sa direction et restèrent émerveillés. La robe patineuse rouge qu'elle portait et dont le haut était entièrement fait de dentelle lui allait à ravir. Sans parler de son rouge à lèvres de la même couleur qui la rendait irrésistible. Ils avaient rarement eu l'occasion de voir leur amie dans une tenue aussi élégante.

— Pourquoi vous me regardez comme ça ? Je ne suis pas un fantôme ! rigola la brune, embarrassée.

— Tu es juste... commença la métisse.

— Bonne ! Tu es carrément bonne ! s'enthousiasma Jay.

— J'aurais dit "magnifique"

Ils se firent une place au milieu des couples présents. Elle l'enlaça, il posa ses mains sur ses hanches. Il eut d'abord l'impression que tout le monde les regardait. Puis, il se laissa emporter par la musique et se détendit, ne contemplant que sa partenaire. Il appréciait ce moment. La sentir contre lui. Tout cela ne lui ressemblait pas. Pourtant, il en était arrivé là. À ne plus pouvoir se passer d'elle.

Manu en avait énormément appris sur ces bêtes depuis que lui et Pyrophone étaient liés. Ceux qui avaient su créer un lien spécial avec leur acolyte cracheur de feu savaient qu'à eux deux, ils possédaient une seule et même conscience. La relation entre un dragon et un dragonnier fonctionnait un peu comme les relations humaines. Chacune évoluait en fonction du lien qu'elles entretenaient, mais également des expériences qu'elles vivaient.

Un voile de larmes lui couvrit les yeux, en plus de la pluie qui se déversait sur eux. Elle n'en pouvait plus. Elle suffoquait. Son coeur criait au désespoir. Elle avait envie de le retrouver comme avant. De l'entendre lui souffler des choses qui l'agaçaient. De le voir sourire comme un imbécile. De le sentir près d'elle et de laisser les effluves de son parfum venir à elle. Jamais elle n'aurait imaginé penser ça un jour, mais elle voulait qu'il l'aime.

Malgré les pistes brouillées, il l’avait retrouvée. Un point supplémentaire pour sa persévérance, mais un point en moins pour son indifférence. Son départ imminent ne passait pas inaperçu. L’expression de son visage se faisait plus dure, plus tendue, alors qu’intérieurement, il hurlait au désespoir. Il le savait. Il le sentait. L’odeur de la détresse était plus forte que tout. Son bouclier et sa carapace se fragilisaient…