Extraits

- Il est temps de porter un toast ! déclare Win qui s'est levé pour avoir l'attention de tout le monde.

- Encore ? gémit Avery.

Win ignore son intervention et se tourne vers moi.

- À Cooper. Qui a largué une putain de bombe comme Olivia pour se faire passer la corde au cou par son beau-père ! Hé ! On pourrait presque en faire un bouquin !

- Tu m'as tellement manqué, putain, souffle-t-il entre deux baisers.

Je voudrais répondre, mais je suis trop occupé à profiter à fond de ses dents mordant ma lèvre, de ses doigts se glissant sous mon pull pour caresser ma peau nue.

- J'ai eu tort. J'ai cru que t'aimer serait suffisant. J'ai cru que même si nous vivions à l'abri des regards, le plus important était que nous soyons ensemble. J'ai eu tort et j'ai compris mon erreur. Je t'aime Cooper. Je t'aime et aujourd'hui, je veux que le monde se rende compte de l'homme incroyable que tu es. Qu'il voie ce que moi je vois : un homme fort, vrai, un homme qui m'a montré combien l'amour pouvait être beau, pouvait donner un sens à nos vies.

Je pose mon front contre le sien et sens son souffle contre mes lèvres. Je voudrais parler, dire quelque chose, n’importe quoi, qui pourrait le retenir, mais la boule dans ma gorge m’en empêche. De toute façon, ça ne servirait à rien. Il est vraiment trop tard, cette fois. J’ai tout gâché.

— Je t’aime.

Quelques mots murmurés comme une supplique, pour le dissuader de franchir le seuil de mon appartement et de me laisser tomber. De nous laisser tomber.

— Je t’aime aussi. Mais ça ne suffit plus, Kane.

À cet instant, je n'ai qu'une seule envie, l'appeler et entendre sa voix. Je veux qu'il me rassure et me dise qu'il est prêt. Qu'il refuse de me laisser partir, qu'il va se battre pour nous. Sauf que je n'ai pas le droit de flancher, où tout tombera à l'eau. Il croira que nous pouvons encore tenir ainsi, que je l'aime trop pour rester loin de lui. C'est vrai. Je l'aime. Je l'aime à en crever. Mais parfois, les meilleures décisions sont celles qui nous brisent le cœur, et je crois que celle que j'ai prise est la bonne.

Mes amis viennent de partir après avoir passé la soirée à la maison afin de marquer le coup. Je n’étais pas très chaud pour organiser un véritable enterrement de vie de garçon, d’une part car j’y ai déjà eu droit lors de mon premier mariage – une cuite mémorable avec la plupart de mes coéquipiers du moment, où je me suis réveillé seul, à poil, sur la moquette d’une chambre d’hôtel avec des dessins salaces et des mots qui l’étaient tout autant griffonnés au marqueur indélébile sur ma peau – et surtout, cette vie est enterrée depuis longtemps.

Installé confortablement sur mon nuage de bonheur, j'ai l'impression que je ne vais jamais touché terre. Tournant la tête dans tous les sens pour observer la beauté du paysage, je m'immobilise lorsque nous arrivons au fond du jardin, entouré des montagnes.

- Bon sang, Kane..., je souffle.

Il m'offre un sourire éblouissant et se penche pour m'embrasser. J'entends le flash de l'appareil et je sais, avec certitude, que cette photo finira encadrée. Celle de ce baiser échangé, sans même y penser.

"Je te promets que l'attente vaudra le coup", m'a-t-il murmuré tout à l'heure, me faisant frissonner d'anticipation.

J'ai tellement hâte que les minutes semblent s'écouler à la vitesse d'un escargot sous somnifère.

Ouais, il est temps de faire le grand saut... et de croiser les doigts pour que la chute ne soit pas mortelle.

Immobile, je profite une dernière fois de la présence, de l'odeur de l'homme dont je suis tombé éperdument amoureux et qui est sur le point de me quitter.

Un ultime regard, un sourire d'une tristesse abyssale.

Puis il disparaît.