Extraits

Le soir vient de tomber. Assise au plus près de ma fenêtre, je regarde un bout de ciel que je n’avais encore jamais remarqué. Si je me penche bien, je peux voir scintiller une étoile. Est-un signe ? Est-ce mon étoile ? Ça m’étonnerait…sinon, je ne serais pas là, à crever de faim. Le vent a cessé. Aucun son dans la maison, aucun bruit de pas dans les escaliers. Ce n’est pas normal. C’est un monstre, mais jamais il n’a omis de me nourrir, même avec la merde qu’il me fait avaler. Et s’il passait à exécution ? S’il ne voulait plus de moi et qu’il cessait de venir me voir, comme il me l’avait dit ? Je ferme les yeux. C’est donc la fin ? Est-ce douloureux de mourir de faim et de soif ? Ou a-t-on simplement un malaise et part-on sans s’en apercevoir ? Je suis nerveuse, mes jambes tremblent. Je ne veux pas mourir.

Les jours passent. Je ne crie plus. Je ne veux plus qu’il lève la main sur moi. C’est la première fois qu’on me frappe de toute ma vie. C’est un sentiment que je ne veux plus vivre. Ça me soumet, ça fait mal. Pourtant, à chacune de ses visites, je l’épie. Je m’imagine en train de le rouer de coups, tellement je suis en colère. Tellement je le hais. Je sais qu’un jour, ma colère explosera, je me connais. Il a beau m’avoir enfermé ici, je ne lui appartiens pas. Jamais. Et je lui ferai comprendre aussi souvent que nécessaire, dès que je le pourrais. J’ai compris que hurler ne servirait à rien. Il faut que je trouve un autre stratagème pour le coincer. Je n’ai pas abattu toutes mes cartes. Il n’a pas encore gagné. J’estime valoir la peine d’avoir une vie que j’aurais moi-même consenti. Penser à ma fuite, à ma rébellion, voilà ce qui occupe mes journées. Voilà ce qui me donne du courage, ce qui me fait tenir. Pour le moment, c’est ma seule source d’énergie. J’envisage mille et une façons de m’enfuir, de le prendre au piège. A moi de trouver le meilleur moyen. A moi d’être plus maline. Il n'a pas choisi la plus faible, la moins dégourdie. Il va apprendre à me connaître.