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On les appelait voyageurs, ou engagés du grand portage.

Par les fleuves, les lacs, les rivières qui formaient une trame naturelle dans l’immensité nord-américaine, aux XVIIe et XVIIIe siècles, convoyant à bord de leurs canots des explorateurs et des missionnaires, des marchands ou des officiers du roi, des soldats en tricorne gris des compagnies franches de la Marine, des pelleteries, des armes, des outils, renouvelant jour après jour, les mains crochées sur l’aviron, des exploits exténuants, ils donnèrent à la France un empire qui aurait pu la contenir sept fois. A chacun de leurs voyages, ils en repoussaient encore les frontières, vers le nord-ouest, vers l’ouest, vers le sud.

De Québec, de Trois-Rivières, de Montréal – qui se nomma d’abord Ville-Marie –, ils embarquaient dès la fonte des glaces, au printemps. On ne les revoyait qu’aux portes de l’hiver. Beaucoup ne revenaient jamais.

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Une fois à terre, nous avons retourné de trois quarts nos canots. Appuyés quille au vent sur des piquets – élémentaire technique des voyageurs –, ils se transformaient en abris de fortune. Le bois mort abondait. En triant des rameaux secs à la lueur des torches électriques, nous avons pu allumer un petit feu, accroupis tous les quatre sur nos talons et guettant la naissance de la flamme avec la même anxiété quasi sacrée que devait éprouver homo sapiens au soir des déluges préhistoriques. Puis la flamme devint feu d’enfer. Débarrassée de sa gangue de fumée, elle s’éleva pure et claire au-dessus de nos têtes.

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Mais qu’est-ce que c’est que ce genre d’histoire ! Un jeu de gamins attardés, la tête farcie de nobles aventures périmées, les croisades, le roi-lépreux adolescent se faisant porter en litière au plus fort de la bataille, les chevaliers au siège de Malte, la mort de Montcalm, M’sieur d’Charette, les saint-cyriens en gants blancs, le père de Foucauld, le Prince Eric, tout le saint-frusquin « tradi-catho » de l’imaginaire juvénile de ce temps-là, cache-misère du monde réel ? J’en conviens, c’était un jeu, mais tout jeu de symbole, à l’exemple des enfants, se doit d’être joué sérieusement. J’ai souvent joué à ces jeux au cours de mon existence, du Pérou des Incas à la Patagonie.

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Naviguer en plein chenal du Saint-Laurent devenait dangereux. Le fleuve se rétrécissait. Face aux millions de mètres cubes qui débouquaient vers la mer, alors que nous allions en sens contraire, il n’existait plus d’autre moyen que de biaiser, de l’attaquer sur ses points faibles, par les rives à mince d’eau – peu profondes – où le flot roulait moins violent. Ainsi, pendant les deux jours qui suivirent, avons-nous fait connaissance de la cordelle.

La cordelle, c’est un instrument de torture, un joug que les engagés sur les chemins du roi endossaient comme une pénitence nécessaire. Aucun moyen d’y échapper si l’on ne voulait pas être cloué dans le courant. On tirait une longue corde avec laquelle on remorquait les canots depuis la berge boueuse et glissante. Si la berge ne s’y prêtait pas, alors on entrait dans le fleuve jusqu’à mi-cuisses, la corde nouée autour de la poitrine, à la façon, mais sans coups de fouet, des esclaves halant les felouques du Nil. Des deux techniques, c’est la plus efficace. On contrôle mieux les embarcations. C’est aussi la plus douloureuse, les pieds gonflés, vulnérables, meurtris par les rochers invisibles sous le courant, et fort heureusement glacés, ce qui endort la douleur.

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Mais Dieu a soigné la mise en scène, comme dans un bon vieux western. Une mousqueterie pétaradante éclate dans le dos des assaillants. Du haut de la palissade sur le point d’être submergée, des corps peinturlurés tombent. Ce n’est pas la cavalerie, c’est le capitaine de La Monnerie et quarante hommes de la milice de Montréal accourus dans leurs grands canots. Ils ont avironné toute la nuit, se demandant s’ils arriveraient à temps pour donner une sépulture décente aux dépouilles mutilées des assiégés. Les Iroquois s’enfuient, laissant d’autres morts sur le terrain. Embrassades. Larmes de bonheur. Happy end.

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L’une des marottes de Philippe Andrieu était d’inventer des dictons qu’il nous servait à brûle-pourpoint sur le ton du sage sentencieux. Celui du jour et de l’instant, authentifié par l’accent du cru, nous parut frappé au coin du bon sens, lourd de toute l’expérience accumulée au cours de rudes campagnes par un vieux voyageur chevronné : « Il ne faut pas se tromper de siècle quand on hale les canots à la cordelle... »

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Le huard, plongeon des mers arctiques, est un des oiseaux emblématiques du Canada. Au printemps, il indique le nord aussi sûrement qu’une boussole. On les voit passer haut dans le ciel, formés en V, se hâtant vers le septentrion. Cela faisait plaisir au vieux charpentier coureur de bois Moïse Cadorette qu’un de ses canots fût baptisé Huard, totem de son clan de Hurons, autrefois.

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" Notre monde à nous, c'était le chemin d'eau. Un grand silence nous entourait. Nos canots se frayaient leur route à travers un no man s land de deux cents années, soit le temps qui nous séparait des découvreurs et des pionniers de l'ancienne Amérique française. "

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