Extraits

J'ai attendu de reprendre mon souffle, avaler ma peine, plier ma peur en petits tas faciles à cacher.

Ma voix, je ne la connaissais pas moi-même.

La fonction poétique des larmes est de rafraîchir un visage ravagé.

Le lit sous lequel j'ai enfoui mon désarroi n'existe plus.

Un drame qui s'épanouissait dans mon mutisme.

La vérité, nous sommes deux à la connaître : moi et l'inconnu que j'ai, toute l'enfance, désespérément cherché dans les visages d'hommes qui avaient sa corpulence, ses lunettes.

J'aimerais les écouter une fois, une seule fois, leur accorder ma compassion.

Mes paroles se sont recroquevillées autour de leur noyau, d'autres moins souples ont implosé, semant un arbre à grenades dans les plis de la gorge.

Mais rien de grave n'est arrivé depuis que ma mère a hurlé.

de quel tissu opaque faut-il vêtir l'enfance ?