Extraits

Kyren posa sur lui un regard douloureux avant de baisser les yeux sur les doigts de Cameron. Il regarda son alliance, identique à celle qui brillait à son doigt. Son époux l’imita, le cœur lourd.

- Depuis quand sommes-nous mariés ? demanda-t-il à voix basse.

- Deux ans, lui rappela-t-il à nouveau avec patience. Et nous sommes amants depuis presque trois.

Son compagnon étouffa une plainte et ferma les yeux.

- Tu es en vie, Kyren, ajouta-t-il. C’est le plus important.

- Non, c’est faux ! répondit-il avec tristesse. Ce n’est pas normal d’oublier jusqu’au nom de l’homme dont on partage la vie depuis tout ce temps !

Libérant ses doigts pour prendre doucement les poignets de son compagnon, Cameron porta ses mains à ses lèvres et embrassa ses paumes avant d’enfouir son visage dans leur creux.

- Je t’aime, Kyren, chuchota-t-il en fermant les yeux. Je sais qu’on finira par se retrouver.

- Mais quel genre de personne oublie qu’elle est mariée ?!

Cameron ne répondit pas. Kyren secoua tristement la tête avant de grimacer. Libérant ses mains, il en porta une à son crâne. Son compagnon prit son visage entre ses paumes et le regarda immédiatement avec inquiétude.

- Ça ne va pas ?

- Si, si, soupira-t-il. Ça va. Les mouvements brusques m’élancent un peu, à cause du choc sans doute…

Cameron acquiesça, à moitié rassuré. Kyren le regarda longuement. Son compagnon se figea en se rendant compte qu’il se tenait à quelques centimètres à peine de sa bouche. Il n’aurait qu’à se pencher un tout petit peu plus et il pourrait l’embrasser.

- Je ne sais même plus le goût de tes baisers, murmura Kyren, dont les pensées devaient suivre le même chemin que les siennes.

- Je connais un moyen très simple de te le rappeler, dit-il, un rien taquin malgré lui.

Kyren cilla, puis rougit légèrement.

- T-tu v-veux m’embrasser ? balbutia-t-il.

- Mmm, opina Cameron. Je peux ?

Kyren hésita brièvement, puis ferma les yeux et attendit, lui donnant son consentement tacite. Cameron se pencha légèrement avant de frôler doucement ses lèvres des siennes. Son compagnon ne bougea pas d’un cil. Délicatement, Cameron caressa sa bouche de sa langue, en dessinant le contour de la pointe. Les lèvres de Kyren frémirent avant de s’entrouvrir légèrement. Cameron s’enhardit et passa gentiment le barrage de ses dents pour aller taquiner sa langue de la sienne.

Kyren quitta sa paralysie pour lui rendre timidement son baiser, ses bras s’enroulant autour de la nuque de Cameron qui l’enlaça tendrement. Leurs langues se mêlèrent dans un doux ballet sensuel. Quand le besoin de respirer se fit sentir, Cameron se détacha lentement de sa bouche.

- Tu as le goût d’un bonbon à la menthe, murmura Kyren, l’ombre d’un sourire aux lèvres.

Cameron plissa le nez.

- Mes chewing-gums, dit-il à voix basse. Tu sais, ceux que je mâche pour éviter de fumer…

Kyren se raidit légèrement et se rembrunit.

- Non, dit-il en s’écartant, rompant leur étreinte. Je ne sais pas.

- Pardon, soupira Cameron. Ça m’a échappé.

Kyren se força à sourire.

- C’est moi qui devrais m’excuser. Après tout, c’est moi qui t’ai oublié…

Cameron lui caressa doucement la joue.

- Tu es l’homme que j’aime à la folie, Kyren. Si tu ne sais plus rien de nous, alors retiens cela. Rien n’est plus important que ça. D’accord ?

- Mais Call… Non ! Je veux dire… Cameron ! Je…

Accablé, Cameron courba le dos et posa sa tête sur les genoux de Kyren.

- Je n’avais pas mérité ça, ne put-il s’empêcher de dire tristement. Pour toi, je ne suis plus rien, rien qu’un étranger, alors que pour moi… Pour moi, tu es tout, Kyren. Tu es mon amant, mon confident, mon ami, mon époux… Tu es l’homme que j’aime à la folie, celui pour qui je ferais, je donnerais tout…

- Je suis désolé, souffla Kyren en glissant une main sur les cheveux châtains de son compagnon.

Cameron ferma les yeux, refoulant ses larmes.

« Si ma mort est le prix de ta vie, alors ainsi soit-il »

« S’approchant du bord, il sortit souplement de la piscine. Apercevant le bracelet des menottes toujours accroché à son poignet, Cameron se sentit mal à l’aise et détourna les yeux.

Aniki imita son compagnon et alla prendre un peignoir sur une chaise longue de la terrasse en voyant Kyren se diriger vers la douche extérieure. D’un pas tranquille, il le lui apporta lorsqu’il sortit de la douche et en profita pour poser une main sur sa hanche. Cameron se raidit. Un pincement de jalousie lui serra le cœur quand l’autre Thérianthrope posa un baiser sur la joue de Kyren.

— Sois prudent, chuchota Aniki en s’écartant.

Kyren acquiesça en passant le peignoir et le laissa s’éloigner. Passant non loin de Cameron, Aniki lui jeta un regard satisfait.

— Petit con, siffla Cameron entre ses dents quand il fut retourné à l’intérieur. »

- Entre, gronda Loukian.

Percevant sa mauvaise humeur, Kyren obéit rapidement. Loukian ferma la porte derrière lui et l’attrapa rudement par le bras avant de le plaquer contre le mur du hall. Kyren ravala un sifflement de douleur, surpris. Le cœur battant, il se laissa faire quand Loukian se pressa contre son corps.

Grognant sourdement, son ami resta immobile contre lui. Kyren lui offrit sa gorge avec soumission. Loukian la frôla de ses dents. Le pouls de Kyren s’emballa quand il sentit un léger pincement sur sa peau, non loin de la carotide. L’odeur du sang lui titilla les narines. Paralysé par l’incompréhension et l’angoisse, il sentit un vertige le saisir. Il tressaillit en sentant Loukian lécher l’entaille qu’il lui avait causée et chercha à s’écarter, mais son chef de meute gronda un peu plus fort et le maintint durement contre lui.

- Loukian ! l’appela Jacek d’une voix tendue.

Tournant les yeux vers son ami, Kyren lui lança un regard plein de détresse. Le grondement de Loukian s’accentua encore.

- Loukian ! répéta un peu plus sèchement Jacek. Ce n’est pas digne d’un Alpha !

— Rien n’est plus important à mes yeux que ta sécurité, bon sang ! se récria Kyren. Comment peux-tu penser que je t’aurais caché un truc pareil ?! Comment est-ce que tu peux imaginer… ?!

— Pourquoi ? le coupa-t-il d’un ton dur. Pourquoi est-ce que ma sécurité a de l’importance à tes yeux, Kyren ?!

— Parce que je t’aime, imbécile ! cria-t-il presque.

Cameron se gara brutalement sur le bas-côté, se défit de sa ceinture et attrapa son compagnon par la nuque. Des larmes soulignaient les yeux d’ambre de Kyren. Des yeux emplis d’émotions inextricablement emmêlées.

— Répète ça, demanda-t-il d’une voix un peu rauque.

— Imbécile, murmura Kyren.

L’ombre d’un sourire étira les lèvres de Cameron.

— Avant ça, insista-t-il avec douceur en caressant sa nuque d’un pouce.

— Je t’aime, répondit-il d’une voix fragile.

Cameron appuya son front contre le sien, le cœur battant.

— Putain, tu en as mis du temps ! dit-il dans un souffle.