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Leurs actuels commanditaires exigeaient des meurtres propres, discrets, insipides. Comme ce soir, avec ce Ma Hongquan, leur nouvelle cible. Les ordres étaient clairs : il fallait que sa disparition passe pour un suicide. Pas question de laisser des marques qui pourraient mener les flics sur une autre piste. Toutefois, Shexie ne s’en faisait pas trop. Avec Xiongxiong, ils trouveraient bien le moyen malgré tout de prendre leur pied.
Ce cher Xiongxiong, si impatient de se mettre au travail.
Afficher en entierBeaucoup moins costaud, mais plus malin, Shexie avait vite compris le parti qu’il pouvait tirer de la force déjà très au-dessus de la moyenne de son frère de rue. Ensemble, ils prendraient une revanche sur la vie. Racket, intimidations, vols à main armée, ou passages à tabac juste pour le plaisir, leur permirent de voir venir, le temps de se faire une réputation qui les aiderait à monter sur des coups plus sérieux. Violents et impitoyables, ils n’eurent aucun mal à se faire connaître, à faire parler d’eux dans différents quartiers de la capitale. Même la police les craignait. Il faut dire que les deux flics que Xiongxiong avait laissés sur le carreau, alors qu’il n’avait que seize ans, avaient malgré eux contribué à entretenir cette crainte. On avait retrouvé leurs corps mis en bouillie à coups de poing.
Afficher en entierIl n’avait jamais besoin de l’encourager, mais il lui arrivait de donner des conseils et, lorsque « l’Ours » en avait fini avec sa proie, à le féliciter pour le plaisir qu’il lui avait procuré. Un vrai couple, quoi.
Afficher en entierFrisson de volupté. Xiongxiong et ses cent cinquante kilos de muscle et de gras, ses os brisés et ressoudés cent fois, ses cicatrices plus moches les unes que les autres et qui transformaient son corps en une véritable carte routière. Une route parsemée de bagarres au couteau, de coups de poing et de pied, lorsque ce n’était pas de barres de fer ; une route balisée par les meurtres et les cadavres que les deux amis laissaient derrière eux, et dont ils avaient fini de tenir le compte. Ils savaient bien mieux tuer que calculer. On ne les payait pas pour faire des additions, tout juste des soustractions.
Afficher en entierShexie ne put réprimer un long bâillement. La nuque raide et les paupières lourdes, il pensa avec regret à la chaleur de son lit. D’autant qu’avec ce froid, il avait beau garder les mains au fond de ses poches, il ne sentait plus le bout de ses doigts. Pareil pour ses orteils, vu qu’il n’avait jamais porté de chaussettes de sa vie et que le cuir de ses chaussures était salement usé. Il regarda sa montre. C’était au moins la vingtième fois, depuis que lui et Xiongxiong faisaient le pied de grue au coin de la rue. Minuit vingt. Plus d’une heure qu’ils attendaient. Mais c’était encore trop tôt.
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