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ET UN BORTSCH POUR NICOT, UN !

(Arthur Nicot n°10)

Extrait

© éditions du Masque d'Or, 2020 – tous droits réservés

PROLOGUE

CA fait déjà quelque temps qu’on se pratique et vous commencez à me connaître.

Arthur Nicot, détective privé genevois, le Robin des Bois de chez Calvin, toujours prêt à sauver la veuve et l’orphelin ; le Don Quichotte de chez Rousseau qui ne compte ni son temps, ni son argent pour se battre – non pas contre des moulins à vent –

mais contre l’ordre établi et les fonctionnaires de police qui lui mettent des bâtons dans les roues ; enfin le fonceur de chez Voltaire qui adopte aisément l’irrévérence de ce brave

François-Marie Arouet pour remettre vertement à leur place ceux qui voudraient le contrer.

J’aurais aussi pu dire le jouisseur de chez Grisélidis Réal, la passionaria féministe genevoise qui a pris, entre autres, la défense des péripatéticiennes, ceci en rapport avec ma passion pour la gente féminine et les nombreuses conquêtes qui parsèment mes récits, mais là, je crois que je me vanterais un peu et ce n’est pas mon genre, vous me connaissez (!?)…

Ceci étant précisé, il est temps que je me présente.

Je m’appelle David Morgan (vous avez compris ma dédicace à David Morgon ?) et ce nom, ce n’est pas moi qui l’ai choisi. Coïncidence ? Voire…

Il y a de cela une semaine, j’ai été contacté par téléphone par un certain Bob Mercury, membre de la direction du renseignement de cette honorable institution qu’est la CIA, qui m’a demandé de but en blanc, sans ambages et dans un français impeccable, avec à peine un soupçon d’accent ricain, de travailler pour la Company.

Vous imaginez d’ici mon étonnement, ma stupéfaction ! Je me suis permis de lui demander comment il avait eu connaissance de ma petite personne et qui lui avait conseillé de s’adresser à moi, petit privé néanmoins considéré comme le meilleur de notre ville (mais ça, modeste comme je suis, je ne le crie pas sur les toits), à peine avais-je formulé ma question, disais-je, que le verrouillage du sacro-saint secret professionnel, le cloisonnement se sont immédiatement enclenchés.

« Tout ce que je vous demande, M. Nicot, c’est votre accord de principe sans poser aucune question. Et à partir de cet instant – si vous acceptez – vous ne vous appellerez plus

Arthur Nicot. On vous donnera une nouvelle identité et tout ce qui va avec, en même temps que votre ordre de mission. »

Je lui ai quand même demandé :

« J’ai néanmoins une question à vous poser : si je refuse cette « mission », comme vous dites, que va-t-il se passer ?

– Je ne peux pas vous répondre. Tout ce que je puis vous dire, c’est que vous êtes parfaitement l’homme de la situation. Un tri très sévère a été opéré et le choix s’est très rapidement porté sur vous. Il n’y a malheureusement aucune autre alternative : c’est vous, point !... Inutile de préciser que dès le moment où vous aurez accepté notre offre, vous ne

Ç

devrez en parler à personne, ni votre famille, ni vos amis les plus proches. C’est un détail absolument incontournable et vital… »

J’ai laissé un long silence que Mercury, impatient, a finalement rompu :

« Alors, M. Nicot ?

– Vous pouvez me laisser un temps de réflexion ?... Vous devez comprendre que j’ai besoin de penser à tout cela et que je ne veux pas prendre une telle décision à la légère…

– Vous ne le « voulez » pas, comme vous dites, mais vous « devez pouvoir » la prendre le plus rapidement possible. Je vous rappelle demain matin à huit heures. J’espère que vous aurez pris la bonne décision… »

Et il a raccroché sans autre forme de politesse.

Curieux bonhomme ce Bob Mercury. Je suis sûr que ses parents et ses amis doivent l’appeler « Bobby ». Je me demande à quoi ont pensé ses parents lorsqu’ils l’ont prénommé

Bob – qui, en réalité, doit être Robert. Bobby Mercury, ça ne s’invente pas ! Peut-être étaientils fans du groupe Queen ?

Sitôt après ce coup de fil de l’étrange Mr. Mercury, j’ai quitté mon bureau. J’avais besoin de prendre l’air, de m’aérer la tête et de réfléchir à cette histoire qui me tombe dessus comme une météorite.

Mais surtout, j’ai une envie folle de téléphoner à mon pote Philipe Royer pour lui raconter tout ça et surtout pour lui demander conseil, mais je repense aux paroles de Mercury qui a précisé qu’il était « vital » de ne parler de cette affaire à quiconque, même mes plus proches. Vital pour moi, évidemment ! On pourrait me retrouver dans un caniveau, une balle entre les deux yeux et le bon vieux Dr Silverman, médecin-légiste de son état, se ferait un plaisir de « m’ouvrir », comme il se plaît à le dire, pour enfin voir ce que j’ai dans le ventre.

Ou alors, je pourrais tout simplement disparaître dans la nature et on ne me retrouverait jamais. On connaît les méthodes expéditives et définitives de ce genre de personnes…



1

Mardi 8 février 2005, 8 heures du matin.

ON téléphone portable posé sur la table de nuit émet sa petite musique lancinante. J’ouvre un œil et je reçois plein cadre l’écran lumineux de mon réveil électronique qui indique 8 heures pile. Plus exact que ça il peut pas,

Bobby Mercury ! Et il commence par m’engueuler :

– J’ai essayé de vous appeler à votre bureau, vous n’y étiez pas ! Heureusement que j’avais votre numéro de portable…

– Je ne suis pas un fonctionnaire, mon cher Bobby, c’est le privilège de l’artisan indépendant, il n’a pas d’horaires fixes.

– Pourtant, il faudra vous y faire… Et dites, pourquoi vous m’appelez Bobby ?

– Je trouve ça rigolo, Bobby Mercury… pas vous ?

– Non, pourquoi ?

– Bobby Mercury, Freddy Mercury, ça ne vous dit rien ?

– Absolument pas, il répond d’un ton sec.

Je n’insiste pas et il poursuit :

– Vous avez réfléchi ? Vous avez pris votre décision ?

Pendant le restant de la journée d’hier et une bonne partie de la soirée, j’ai eu le temps de cogiter. Je lui réponds :

– Oui, j’accepte le deal.

Mon expression le fait rire et il lâche :

– C’est plus qu’un deal, Monsieur Nicot, c’est un vrai travail, sérieux et tout… Bon, vous êtes prêt ?

– Non, je me lève. Je vous ai dit que j’étais un travailleur indépendant, sans horaires fixes…

– Eh bien, je vous répète qu’il va falloir vous y faire, m’interrompt-il ; faites votre valise car vous ne pourrez pas retourner chez vous, à partir de maintenant vous avez une nouvelle identité et vous vivrez à l’hôtel. Prenez le plus d’affaires possible, vêtements, nécessaire de toilette, comme si vous partiez en voyage et trouvez-vous à neuf heures à

l’Ambassade des États-Unis, vous savez où elle se trouve ?

– Oui, je connais.

– Dites au vigile qui se trouve à l’entrée que vous avez rendez-vous avec Douglas

McDormand. On vous remettra un badge et on vous conduira à son bureau. Voilà, pour moi, notre relation s’arrête là. Good luck, M. Nicot.

Et il raccroche, aussi sec. Pas très chaleureux ce Mercury. Voyons maintenant à quoi ressemble Douglas McDormand.



9 heures, Ambassade des États-Unis, Chambésy.

Tiens, c’est drôle, je me trouve tout près de chez ma tante Charlotte et sa Pension des

Mimosas. Je pourrais presque passer lui faire un petit coucou avant de m’embarquer dans cette aventure. Je ne sais pas encore que le mot aventure n’est qu’un euphémisme à côté de ce qui m’attend.

M

On me demande de garer ma vieille Porsche, pas encore pourrie, devant la grille d’entrée, gardée par des vigiles amerloques et des représentants de notre police locale. Tous sont armés de fusils mitrailleurs et arborent un air menaçant, particulièrement les flics locaux qui veulent se faire bien voir par leurs collègues ricains.

Je me dirige vers une guérite tout en verre (blindé, à coup sûr), dans laquelle se trouve un immense black qui semble être debout alors qu’il est bien assis derrière son guichet. Il doit largement dépasser les deux mètres et peser un bon quintal de muscles, sans un pouce de graisse.

Il ne parle pas une broque de français et lorsque je lui annonce mon rencart, il me répond :

– I know. Hold a sec’ please1

.

Je suis sûr qu’il doit très bien se débrouiller en français, surtout s’il travaille ici depuis un certain temps, mais on est en Amérique et en Amérique, on parle américain !

Il farfouille dans une boîte en bois allongée dans laquelle sont rangées des fiches et autres babioles et en extirpe un badge plastifié orné d’une pince pour l’accrocher à mon revers. Il me le tend et j’ai la surprise d’y découvrir ma photo (où l’ont-ils dégottée ?) et un nom que je découvre pour la première fois : David MORGAN.

Ils n’ont pas perdu de temps ! Le grand black me fait signe de fixer mon badge au revers de mon blouson et me dit de regagner ma voiture. Là, un flic local examine mon badge et me fait un salut militaire en disant :

– Allez-y, on vous ouvre.

Je gare ma tire sur un parking réservé aux visiteurs et un vigile ricain vient me prendre en charge. Il est rouquin, baraqué comme un catcheur et mâche du chewing-gum pour faire couleur locale. Il me dit :

– Hi, I’m Harry.

– Hi, I’m David, nice to meet you.

Il sort un papier de sa poche et dit encore :

– For Douglas McDormand, isn’it ? C’mon, follow me2

.

Je ne vais pas m’amuser à traduire toutes ces conversations en angliche, c’est crevant.

Alors, à partir de maintenant, tout ce qui sera dit en anglais sera doublé en français, comme au cinoche.

Nous pénétrons dans le bâtiment gris et pas très beau et Harry me précède jusqu’aux ascenseurs. Direction dernier étage, c’est dans les hauts sommets que ça se passe. Nous longeons ensuite un long couloir désert et parvenons enfin devant une porte sur laquelle est simplement écrit :

OFFICE 1

Pas de nom. La discrétion est de rigueur, l’Ambassade US n’est pas censée abriter l’antenne de la CIA

Harry frappe à la porte et une voix forte retentit :

– Entrez !...

– Voici Mr. Morgan, Doug.

McDormand le remercie, se lève et vient à moi, la main tendue. Il est grand, blond, coiffé en brosse et doit avoir une quarantaine d’années. Je sens tout de suite qu’un bon feeling s’installe entre nous. Il est sympathique, souriant et son regard bleu foncé est franc et lumineux. Ça change de Mercury que je ne connais pas, mais que j’imagine facilement avec un balai dans le cul...

1

Je sais. Une seconde svp.

2

Pour Douglas McDormand, s’pa ? Viens, suis-moi.

Il est habillé décontracté, rien à voir avec un fonctionnaire de l’Ambassade, puisqu’il porte un jean délavé, un sweat-shirt marqué Berkeley University et une paire de baskets rouge et bleu.

– Enchanté de vous connaître, Mr. Morgan. Je viens de recevoir le dossier de Langley, nous allons tout de suite pouvoir nous mettre au travail.

– Je vous avoue que je suis impatient de savoir de quoi il retourne, Mr. Mercury ne m’a pas dit grand-chose.

Doug sourit et dit :

– Je constate que votre anglais est parfait. C’était un peu notre souci.

Je lui réponds :

– Je n’ai aucun mérite à cela, ma mère était américaine et m’a toujours parlé anglais à

la maison.

– C’est pour ça que vous avez cet accent new yorkais. C’est parfait, on n’en demandait pas tant ! Mais commençons d’abord par votre identité et votre histoire.

Il ouvre le dossier – assez volumineux – qui se trouve sur son bureau et sort un passeport américain qu’il me tend :

– Voici votre passeport. Vous vous appelez donc David Morgan, vous êtes né le 11 janvier 1961 à Brooklyn – ça tombe bien pour l’accent new yorkais – fait-il en clignant de l’œil. Maintenant votre famille. C’est important que vous appreniez par cœur tout ce qu’il y a sur cette feuille. Vous devez pouvoir répondre sans hésiter à toutes les questions qu’on pourrait vous poser sur vos parents, grands-parents et votre fratrie. Rassurez-vous, on n’a pas trop chargé la mule, on vous a inventé un frère aîné et une petite sœur. C’est déjà bien suffisant ! Je vous laisse la liste, vous aurez tout le temps de la mémoriser lorsque vous serez

à votre hôtel. Le départ de la mission ne pourra se faire que lorsque votre comparse arrivera à

Genève.

– Mon comparse ?

– Votre comparse féminine. Il s’agit de Miss Sally Donovan, agent depuis 2002, elle vous secondera dans votre mission.

Décidément, je vais de surprise en surprise. Voilà maintenant qu’on m’affuble d’une comparse. J’espère au moins qu’elle est jolie ! Mais McDormand poursuit :

– Venons-en maintenant à l’affaire en elle-même. Vous connaissez Berne ?

– Un peu, mais pas autant que Genève. Je pense que vous êtes au courant du clivage qui existe entre la Suisse Romande et la Suisse Alémanique et quand je dis Suisse Romande, c’est surtout Genève. Nous nous sentons à mille lieues de la mentalité alémanique et lorsque nous franchissons la barrière de rösti3

, comme on dit ici, on se sent étranger. Cette barrière virtuelle délimite la frontière entre la Suisse Romande et la Suisse Alémanique. Ceci dit, ça va mieux depuis quelques années et la tension est nettement moins grande qu’auparavant.

– Ça n’a pas une très grande importance, vous vous familiariserez rapidement avec l’environnement.

– Alors, pourquoi Berne ? je demande.

Doug sort une photo format carte postale du dossier.

– Cette femme est Mrs Stella McDermott. Elle est l’épouse de l’Ambassadeur des

États-Unis à Berne, Mr. Anton McDermott. Depuis quelques mois, elle est soupçonnée d’être très active au sein d’une organisation proche du Ku Klux Klan. L’ambassadeur – qui est un républicain convaincu – n’a cependant jamais adhéré à l’idéologie de cette secte et se fait beaucoup de souci pour sa femme.

– Mais cette organisation proche du KKK, elle a une antenne à Berne ?

– Il paraît, mais personne n’a jamais pu la localiser.

3

Galette de pommes de terre cuites, coupées en lamelles et rôties à la poêle, qui sert d’accompagnement à

différents plats.

Il me tend la photo de Mme l’ambassadrice. C’est un portrait d’une belle femme d’environ trente-cinq ans, cheveux roux foncé, tirant sur l’auburn, longs et bouclés. Ses yeux sont turquoise et donnent à son regard une profondeur différente des yeux verts classiques qui eux, peuvent refléter un regard plus froid. Il y en a qui disent « des yeux de serpent ».

À ce stade de notre discussion, j’en suis au point de me poser la question : « Pourquoi moi ? » et je la pose à Doug qui me répond avec un petit sourire sibyllin :

– Parce que vous êtes l’homme de la situation. Vous avez été l’objet d’un tri très sélectif, compte tenu de vos antécédents, de votre passé professionnel ainsi que des qualités qui vous caractérisent et vous avez été choisi parmi une trentaine de candidats.

– Et je peux savoir qui étaient ces candidats ?

Je lis un petit air de reproche dans son regard :

– Je n’irais pas jusqu’à dire « secret défense », mais « secret professionnel ».

– Très bien. C’est tout ?...

– Non, encore une chose : pour cette mission, vous êtes censé être un journaliste et

Sally Donovan, votre binôme, sera votre assistante-photographe. Vous serez attachés à un bureau qui a ses assises dans les locaux du Berner Zeitung, important journal bernois. Ce bureau est l’antenne suisse du Washington Post.

« Ah ! j’allais oublier : donnez-moi votre téléphone portable. Vous ne devez plus l’utiliser pendant votre mission. En voici un autre que vous pourrez utiliser en toute quiétude.

Il a été codé par nos ingénieurs de Langley et est totalement indécelable. Où que vous soyez, vous ne pourrez pas déclencher les bornes conventionnelles et, par conséquent, pas être repéré

sur les appareils de recherche de la police. Il est évident que vous pouvez l’utiliser mais ne jamais appeler quelqu’un de votre entourage. L’appareil est également codé pour bloquer tout numéro qui ne serait pas agréé par la Company.

– Ben mon vieux ! lâché-je en soupirant ; vous ne faites pas les choses à moitié !...



Je me pose plein de questions en regagnant ma Porsche sur le parking des visiteurs. Il y a un tas de choses qui me paraissent bizarres dans cet entretien que j’ai eu avec Doug

McDormand. Les réponses qu’il m’a faites aux questions que je lui ai posées ne me satisfont pas pleinement.

« Pourquoi moi ?... » Parce que, paraît-il, je suis l’homme de la situation. J’ai été

choisi parmi une trentaine de candidats et je suis persuadé que je ne suis pas, de loin, le meilleur pour ce genre d’opération. Et puis,, ils ont des milliers d’agents qui se répartissent dans le monde entier. Serait-ce parce que je suis déjà sur place ? Dans ce cas, pourquoi envoient-ils une nana de Langley pour m’assister ? Ils auraient très bien pu la trouver ici…

Et puis, cette soi-disant secte proche du KKK dont Mme McDermott se serait rapprochée, pourquoi est-elle établie à Berne ? Et comment se fait-il que la CIA soit incapable de localiser l’adresse de cette secte, eux qui disposent de tous les moyens les plus sophistiqués pour trouver n’importe quoi n’importe où ? Il y a quelque chose qui cloche dans tout cela…

Ils m’ont fait loger à l’Hôtel Mandarin Oriental, anciennement nommé Hôtel du

Rhône, un cinq étoiles situé au bord du fleuve du même nom, Quai Turrettini. Ils ont les moyens, vu le prix des chambres dont le plus bas est aux alentours de 500 F. Ils auraient pu me mettre dans un hôtel plus modeste, plus discret…

La chambre que j’occupe est magnifique, avec vue sur le Rhône qui chemine en direction de sa jonction avec l’Arve avant de passer la frontière pour se diriger vers Lyon.

Avant tout, je décide quand même de passer un coup de fil à Philippe Royer, mon pote l’avocat, au risque de me faire tancer par McDormand qui, peut-être, découvrira que j’ai appelé mon pote, bien que j’aie pris la précaution d’acheter un téléphone pas cher, jetable et en principe indécelable.

Je l’appelle directement sur son portable et sa voix grave retentit dans le cornet :

– Royer !...

– Salut cher Maître, comment va ?

– Ah, c’est toi ? dit-il après une hésitation ; qu’est-ce que c’est que ce numéro masqué ?

– Un nouveau téléphone, je t’expliquerai. Écoute, j’ai pas beaucoup de temps. Je voudrais juste te dire de ne pas t’inquiéter si tu n’entends plus parler de moi pendant quelque temps. Je suis sur une nouvelle affaire délicate dont je ne peux pas te parler et je ne serai pas chez moi pendant une durée indéterminée. C’est pour ça que j’ai changé de téléphone. Je te donnerai des nouvelles dès que je pourrai, mais ne cherche pas à me joindre. C’est tout ce que je peux te dire.

– C’est quoi cette mascarade ? demande Philippe, et c’est quoi cette affaire

« délicate » ?

– Je viens de te dire que je ne pouvais pas t’en dire plus. Moins tu en sauras, plus je pourrai travailler tranquille, c’est tout ce que je peux te dire.

– C’est insensé !... tu peux au moins me dire où tu es ?

– Non ! Ni où je suis, ni où je vais…

– Eh dis, plaisante le cher Maître, tu te prends pour SAS, le Prince Malko ?

– Y a un peu de ça… non, je plaisante, me rattrapé-je ; écoute, il faut que je te laisse, j’ai du taf. À bientôt, embrasse Cathy pour moi. Salut !...

Et je raccroche aussi sec. Pauvre Philippe ! Il doit être dans tous ses états, mais j’ai peur de lui en avoir déjà trop dit, notamment lors de son allusion au Prince Malko.

Bon, maintenant il faut que je me mette à mémoriser les noms et prénoms de ma nouvelle famille, ainsi que mon nouveau C.V. et je sens que ça ne va pas être une mince affaire.

Lisez la suite dans Et un bortsch pour Nicot, un !

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