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"Et lorsque votre propre mère vous demande de vous accuser du pire des crimes, quel adulte peut-on bien devenir, Sébastien ? "
Afficher en entierle petit garçon est recroquevillé, prostré dans l' encadrement de la porte. Il a entendu des cris. Ceux de sa mère puis, en écho, ceux de sa soeur ... Et à nouveau sa mère, qui hurle comme une damnée. Encore des cris, plus fort, de plus en plus fort et puis, soudain, plus rien.
Afficher en entierSébastien a regardé pendant de longues secondes à travers la grande baie vitrée qui s'ouvre sur un parc, derrière le bureau de Claire Abecassis. Il a vu les branches d'un grand cèdre s'agiter sous les assauts d'un vent de plus en plus violent, il a vu le ciel s'obscurcir pour devenir cette masse sombre et pesante où de lourds nuages noirs se sont regroupés peu à peu comme de grands pachydermes le feraient autour d'un lac. Les premières gouttes de pluie sont lourdes comme des pierres et claquent comme autant de coups de feu sur la large vitre, arrachant Sébastien à son état de contemplation silencieuse.
Afficher en entierIl pense alors avec stupeur que, la dernière fois qu'il s'est approché de cette manière de la porte de la cuisine, il a été terrassé par l'horreur. Et les images reviennent alors avec force, comme des vagues qui le submergent... Le sang, le couteau... Le seul moyen pour arrêter ça, il le sait, c'est d'ouvrir cette porte, tout de suite. Alors il entre dans la cuisine en poussant un cri afin de chasser ses souvenirs, et plus certainement ses peurs. Il n'y a personne, rien ne semble avoir été déplacé. Il s'approche de l'évier et, au moment où il se décide à regarder à l'intérieur, il entend un bruit qui lui semble familier. Ce bruit, il le connait, même s'il n'arrive pas à l'identifier. Comme si quelque chose de mou, de vivant, tapait contre un meuble. Il s'arrête de respirer pour tenter de percevoir d'où il vient... Cela vient de derrière lui, tout près. Il ne veut pas se retourner, il ne veut pas mais il sait que ce qu'il va trouver sera sous doute moins effrayant que ce qu'il est capable d'imaginer.
Afficher en entierAprès tout, un homme qui a vécu ce genre d'épreuves ne peut pas être complètement normal, un homme comme ça est très probablement perturbé, brisé par ce parcours de vie chaotique.
Afficher en entier- Tu as raison, c'est bien ce morceau que l'on entend dans cette publicité (Optical Center). Mais je dois aussi te dire la vérité. Bien avant que la télévision n'apparaisse, c'est un monsieur très connu, M. Haendel, qui a composé ce morceau. C'est un air très triste, tiré de Rinaldo, un opéra qu'il a composé, il y a très longtemps. Je t'expliquerai à table ce qu'est un opéra, mon cœur. Cet air s'appelle "lascia ch'io piango", ça veut dire "laissez-moi pleurer", tu vois, c'est pas très très gai... Et il faut aussi que tu saches que ce compositeur a terminé sa vie aveugle. Ce qui fait qu'utiliser sa musique pour faire de la publicité pour une marque de lunettes, c'est assez rigolo, non ?
Afficher en entierLes premiers jours elle a lu pendant des heures et des heures, restant allongée sur le canapé et ne sortant de l'appartement que pour aller manger trop vite une nourriture sans intérêt, par simple nécessité biologique. Elle lit pour oublier, elle s'abreuve de mots et d'histoires pour s'évader de cet exil forcé... Pour ne plus penser à Rodolphe, surtout. A sa violence perverse et aux multiples humiliations qu'il lui a infligées chaque jour, presque dès le début de leur mariage.
Afficher en entierLa seule certitude qu’elle ait maintenant, c’est que Sébastien Venetti a été marqué, au plus profond de son esprit, par les terribles épreuves qu’il a traversées. Cela, elle s’en doutait déjà, mais elle n’avait pas mesuré à quel point ce souvenir était encore si présent. Et ce qu’elle ne sait pas encore, c’est que personne ne pourra jamais mesurer toute la profondeur de la blessure qui hante cet homme assit devant elle.
Afficher en entierJe n’ai pas entendu, mais ce que je perçois maintenant me semble bien plus terrible que le bruit d’une chute. Ce que j’entends, de plus en plus distinctement, alors que nous nous extrayons de notre gangue de tissus et d’étoffes et que je me dirige vers ma chambre en serrant très fort la main de Juliette, ce sont les échos déchirants des sanglots d’un homme. Ce que j’entends alors que j’ouvre la porte de cette chambre, c’est toute la détresse et la peur de celui que j’aime le plus au monde. Ce que j’entends, glacée et immobile, alors que nous découvrons sa terrible posture, c’est l’abîme de désespoir qui dévore mon père.
Afficher en entierLa folie n'est peut-être qu'un chagrin qui n'évolue plus.
Emil Michel Cioran
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