Extraits

Sa respiration courte se calme peu à peu et en un geste, il m’arrache aux bras de Cosy pour me prendre dans les siens. Il me serre tellement fort que je sens son cœur battre comme un fou dans sa poitrine. Ne pouvant me retenir, je m’accroche à lui de toutes mes forces.

Me rapprochant de lui, je me penche pour déposer un léger baiser sur sa joue, comme il l’a fait avec moi lors de notre sortie au restaurant. Le beau chanteur se fige une seconde avant de tourner la tête vers moi. Nos visages sont extrêmement proches, plus qu’ils ne l’ont jamais été. Nos souffles se frôlent et son haleine fraîche à la menthe caresse mes lèvres entrouvertes. Son doux parfum d’épices venant s’y mêler.

J’ignore ce qui est en train de m’arriver, mais j’ai envie de m’avancer un peu plus. Je veux savoir si ses lèvres sont aussi douces que son souffle. Plus les secondes passent et plus cela devient un besoin vital. Mais au moment où je décide de m’approcher, Al recule et se gratte la gorge. La magie du moment se fane aussi vite qu’elle a fleuri.

— Vraiment, c’est très gentil de votre part, reprend Becky d’une petite voix. Mais je…

— Il n’y a pas de « mais » qui tienne, affirmé-je en me levant et me dirigeant vers elle.

Je m’accroupis devant ses genoux avant de prendre ses mains dans les miennes. Poséidon se réveille, voulant encore des caresses, mais je n’y prête aucune attention. Mon regard est encré dans celui de Becky.

— Ce soir tu restes avec nous, je reprends. Il y a une règle simple avec notre groupe : on ne laisse jamais un membre de notre famille ou de nos amis lorsque celui-ci a besoin d’aide. Tu es notre amie Becky, alors laisse-nous prendre soin de toi.

— Un joli petit bout de femme, me lance Shawn en croisant les bras.

— Tiens donc, tu faisais finalement attention à nous ?

— Ce n’est pas parce que je suis silencieux que je ne suis pas attentif à ce qui m’entoure.

Je souris légèrement.

— Mais dis-moi, reprend-il. Au lieu de laisser faire le destin, ça n’aurait pas été plus simple que vous échangiez vos numéros de téléphone ?

— Attends une seconde, tu veux ?

Il me regarde à nouveau.

— Tu as conscience que cette situation est très bizarre ?

— Pardon ?

— On vient de se rencontrer il y a moins d’une minute. On ne se connaît absolument pas. Pourtant, tu viens de me proposer de prendre mon seul moyen de transport pour l’emmener dans un soi-disant garage, encore faut-il savoir si c’est vrai. Et comme si de rien n’était, tu me demandes mon adresse. Avoue qu’on dirait un peu une technique de voleur psychopathe.