Extraits

Sur un genou, Cri para une succession de farouches estocades et finit par se remettre debout pour un affrontement rendu encore plus violent par un Yatagan fou de colère, humilié de s'être laissé prendre à une ruse de gamin.

- Raccourcis tes mouvements, nous ne sommes pas des bretteurs de salon ! Les duels entre Tueurs ne sont pas de l'esbroufe ! Tu dois être rapide, efficace ! Chaque coup doit porter ! A moins que l'on invente des armes différentes, dis-toi bien que le flingue ou le fusil, c'est fini !

A trois ans, ils fouillaient sous les pierres pour débusquer des insectes et se battaient entre eux lorsqu'ils en avaient la chance d'en attraper un. C'était à peu près la seule nourriture que les adultes ne leur volaient pas.

L'enfant se taisait. Lui aussi était économe de paroles. Il vivait l'instant présent avec intensité, pensait à tout ce qu'il avait déjà vécu, à tout ce qui l'attendait. Lucide, comme tous les fils des sables. Grave. Inquiet de sa "Survivance".

Le vieux aimait les cris. Ses vieilles oreilles n'étaient plus guère sensibles au bourdonnement inutile des paroles mais il aimait les cris.

Et ceux qu'il entendait présentement étaient riches de diversité. pour un tympan averti, les nuances s'imposait : hurlement gutturaux de meneurs ; exhalaisons de haine ; exultations couvrant à grand peine des plaintes suraiguës.

Le vieux écouta religieusement fuser les braillements de douleur les borborygmes de colère, puis il décida de monter jusqu'au faîte de la colline pour voir.

Le temps de faire le point, d'assurer sa vision, les cinq ou six défenseurs occasionnels gisaient crâne ouvert et tripailles à l'air tandis que les attaquants se riaient au butin.

Repoussant sur sa nuque tannée son chapeau de paille tressé, le vieux essuya du même coup les filets de sueur qui inondaient son front et ses sourcils.

C'était le temps de l'après...

Le temps de la férocité, de la violence.

Le Proctor Fou régnait sur la planète.

Un règne de sang.

Le temps du retour sauvage.