Extraits

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Je ricane nerveusement, les yeux rivés sur le torchon.

- Tu vas m'embrasser ?

- Évidemment. Tu sais que tu me plais. J'ai envie de toi.

- On n'aurait peut-être jamais dû s'en sortir.

- Mais c'est pourtant le cas.

- C'est entièrement ma faute.

Il lève ses bras, qui me désignent comme si j'étais l'erreur. Comme si j'étais balafrée et cabossée et qu'il pouvait voir toutes les marques sur mon corps.

- Je suis amoureux de toi, et c'est moi qui t'ai fait ça.

Je voudrais lui dire que c'est lui qui m'a sauvée, mais je n'en suis plus si certaine.

Et au cas où je ne l'aurais pas bien entendu, il répète:

- Je t'aime.

- Tu crois que t'es vivante?

Je me pince la main, juste pour vérifier.

- Je ne suis pas morte.

- Ca veut pas dire que t'es vivante.

La portière claque. Peter accourt.

- Qu'est-ce que tu fous, Delaner? Je t'ai dit de pas bouger.

Je m'écarte de l'arbre et je le regarde.

- C'st bon, je suis là.

- Ouais, je vois bien, mais je t'ai dit de rester là-bas.

Il mert ses mains sur mes épaules et me pousse contre l'arbre.

- Qu'est-ce qui te prend à la fin?

Je sens ses mains trembler. Ses pupilles sont dilatées. Sa bouche est entrouverte. Il est térrifié.

Alors je baisse la voix et lui dis:

- Hé, on n'a rien. Tout va bien.

eT sans prévenir, les lèvres de Peter se retrouvent contre les miennes, dans un élan désespéré.

Je voudrais retourner au cours d ephilo et revenir sur ma réponse. C'est le cerveau qui nous rend humain. A condition qu'il soit intact, tout en contraste de gris, et branché correctement.

- Je ne sais pas si tu t'acharnes comme ça parce que tu sais que je vais t'embrasser et que tu as peur, ou si tu sais que je vais t'embrasser mais que t'en as pas envie.

- Pierre-feuille-ciseaux pour savoir qui boira? je lui demande.

- C'est pas du jeu pour toi, comme tu prends toujours feuille, marmonne-t-il.

- C'est pas vrai.

- Et maintenant, c'est encore plus facile, parce que je sais que tu vas pas jouer feuille en premier. Moi, je ferai pierre. Je peux pas perdre.

- J'ai un traumatisme crânien, tu sais. T'es vraiment cruel.

Il ne me regarde toujours pas, mais au moins il sourit.

- Hé, Peter, merci de m'avoir sortie du lac.

Il grimace:

- Merci de t'avoir fait tomber dedans, tu veux dire.

- Ouais, c'est ça. T'étais vraiment un sale con ce jour-là, mais tu ne m'as pas laissée me noyer, alors je te pardonne.

- Je t'ai abandonnée, murmure-t-il.

- Mais tu es venu me repêcher.

Jee vois ses pieds avancer à petits pas vers moi, ses bras qui s'ouvrent, et qui m'attirent contre lui. Il me serre timidement, parce qu'il sait qu'il est en train d'enfreindre la règle du "zéro câlin". Mais là, je cède et je m'éffondre dans ses bras qui m'ensserrent.