Ajouter un extrait
Liste des extraits
Françoise passe ses mois de vacances à lire et à écrire. À quatorze ans, elle compose même une pièce aux allures de boulevard. C’est l’histoire, comique, d’une femme qui se marie parce qu’elle est lasse moralement de son amant. Elle épouse un chirurgien très ennuyeux qui raconte à table par le menu toutes ses opérations. Puis l’amant revient. C’est déjà du Sagan : même milieu, même type de personnages. Happy end non garanti : elle est déjà hantée par l’impatience du mot « fin ».
Afficher en entier« Françoise est intelligente, mais elle ne sait pas ce que c’est que travailler et faire des efforts. » Son professeur d’espagnol s’exclame « ignorance totale et travail nul. N’a pas du tout le sens du devoir ». Quant à la bonne sœur chargée de l’instruction religieuse, elle lâche : « Connaissances bien vagues et peu coordonnées. Il faut un effort d’assimilation personnelle. » Est-ce un hasard si, trois mois plus tard, elle est renvoyée pour « manque de spiritualité » ?
Afficher en entierElle aime ce parfum d’interdit et goûte l’illusion et le mensonge de ce petit jeu. Tous les matins, elle affiche son plus beau sourire studieux, fait mine de prendre la route de son cours pour ne revenir qu’en fin d’après-midi. Au long de ses délicieuses journées d’évasion, elle se livre à de charmantes promenades à pied. Son poste d’observation préféré est le sommet de l’Arc de Triomphe. Rien ne l’amuse autant que de voir les piétons devenus fourmis. Chacun d’eux, noyé dans la mer qu’ils composent ensemble, se hâte de s’engouffrer dans les petits trous que sont les porches vus d’en haut.
Afficher en entierElle connut la gloire en pleine jeunesse, les passions grisantes, les paradis artificiels et la solitude, la ruine tragique et absolue. En soixante-neuf années mouvementées, l’existence de Françoise Sagan ressemble à une course permanente, une vie-bolide à toute allure, entre stress et adulation, opulence et jeu, alcool et folie douce, excentricités et mots d’esprit, night-clubbing et parasites, best-sellers et mémorables fours. Elle fut l’égérie d’une époque, l’idole de l’après-guerre, ce personnage unique des lettres françaises au nom de plume proustien : Sagan !
Afficher en entierQuand Françoise l’utilise juste après cette brune, elle respire ébahie les lourdeurs du parfum Mitsouko. Pour elle, plus proche de l’envie que de la réprobation, la notion de parfum, la vraie, le parfum corrupteur, devient alors une chose tangible. Elle ignore à cette époque que les femmes dites « du monde » et les prostituées ont exactement le même goût pour les odeurs. Odeurs capiteuses, vénéneuses, tubéreuses, merveilleuses odeurs de l’amour masqué qui la marquent à jamais.
Afficher en entierLa lecture est pour elle presque une drogue, la plus attachante des addictions. Elle bouquine pour le plaisir, accumule les volumes, lit d’une traite les plus haletants dans la douce ivresse de la littérature. Des journées entières dans ses livres.
Afficher en entier