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Lorsque le 11 septembre 2001, les États-Unis ferment brutalement leur espace aérien, le monde redécouvre qu’il existe aussi des frontières aériennes. Celles-ci sont bien compliquées à mettre en place et ont pour origine la Conférence internationale de Paris de 1925. Fondées sur le principe de la continuité en projection de la souveraineté dans le ciel. Progressivement, des règles ont été mises en place, avec en particulier la création de l’organisation de l’aviation civile internationale en 1944. La souveraineté des États sur leur espace aérien est absolue, même si depuis 1984 il est interdit de tirer sur un avion civil.
Afficher en entierParfois, la continuité territoriale est impossible ou illusoire. Une des figures les plus originales reste celle de l’enclave, qui correspond à l’imbrication d’un territoire à l’intérieur d’un autre. Ainsi, le Lesotho est un État indépendant enclavé dans l’Afrique du Sud. Lorsque, l’enclave est elle-même rattachée à une autorité disjointe, on emploie le mot anglais d’exclave pour la désigner. L’un des exemples les plus connus est celui de Kaliningrad mais il en existe un assez grand nombre (cf. figure 4).
Afficher en entierIl existe dès lors un rapport très fort entre délimitation des États et identités puisque la frontière implique normalement une divergence des règles de droit de part et d’autre, ce qui se traduit bien souvent par la constitution de marchés nationaux mais aussi par des politiques visant à construire ou renforcer un sentiment d’identité collective.
Afficher en entierDe fait, il y a toujours eu des limites qui ont existé entre les groupes humains. La particularité des frontières interétatiques est, qu’au vingtième siècle, elles se sont imposées à toutes les autres. En effet, elles sont le corollaire du pavage étatique du monde, définitivement entériné avec la naissance de l’Organisation des Nations unies. Cette logique du pavage n’a en fait rien d’évident : de tout temps il y a eu des groupes humains présents dans des espaces dominés par d’autres et qui avaient leurs propres logiques spatiales.
Afficher en entierLa frontière-ligne n’est donc qu’une généralité récente. On sait du reste qu’en anglais, il existe deux termes pour la désigner : border, l’espace frontalier et boundary, la ligne frontière. De plus cette ligne l’est rarement sur le terrain. À l’exception des frontières-barrières (clôturées ou murées), dans la plupart du temps la frontière se présente comme un alignement plus ou moins distant de repères, en général des bornes. La frontière n’est alors qu’une illusion cartographique, voire une superstition (Boggs, 1940).
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