Extraits

Eluard ne fait à Gala aucun reproche ; il en lui dira jamais dans ses lettres qu'elle est une mère absente, lointaine, mais il lui parle sans cesse de leur fille et semble soucieux de souligner aux yeux de Gala, qui ne les voit pas, le malaise de la jeune femme, son désir d'être aimée.

L'univers quotidien la rebute. Et toutes les petites corvées qui échoient d'ordinaire à une maîtresse de maison lui donnent la migraine. Quand elle est chez elle, ce qu'elle aime, c'est rêver, lire, changer les meubles de place, essayer des robes, le transformer avec des dentelles, des rubans ou à grands coups de ciseau, faire la sieste et faire l'amour.

Gala aime les frivolités. Bien qu'elle ne roule pas sur l'or et malgré la guerre, à peine arrivée à Paris, elle court déjà les magasins.

Comme Dali, à l'opposé d'Eluard, elle n'a qu'une seule politique: celle qui set son égoïsme suprême.

Dali racontera son coup de foudre, comment de la seule vue de ce visage crispé et peu avenant, dont l'air de fierté et de mépris l'a aussitôt fasciné, est né le sentiment d'une adoration. Il est sûr, au premier instant, de se trouver en face de la Femme, éternelle et majuscule, femme qui lui est destinée depuis toujours et dont il devine, sous l'effet brutal d'une véritable inspiration, qu'elle est celle de sa vie.

« La jeune fille, emmitouflée dans un manteau de fourrure, est descendu du train à la gare de Davos-Platz. »