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Prologue

Ketsulas fut le premier à se réveiller. Le seigneur de l’Est souleva le couvercle de son sarcophage, le fit glisser sur le côté. Ses mains gantées de fer saisissant les bords de sa tombe, il se hissa sur ses jambes.

Derrière son heaume, l’ombre d’un sourire fendit son rude faciès.

L’air était lourd et immobile, sentant la poussière.

Le colosse gagna le centre de la crypte. La faible clarté ambiante semblait émaner des parois mêmes de la vaste grotte. Une lumière agonisante, verdâtre comme de l’eau trouble.

L’antique souverain promena un regard confiant à travers cette caverne en forme de pyramide. Autour de sa silhouette bardée d’acier, cinq autres sarcophages étaient disposés en cercle. Ceux-là paraissaient encore clos.

Plus pour longtemps, pensa-t-il.

Car l’heure était venue. Les Anciens Rois devaient se réveiller !

Un crissement de pierre se fit entendre dans son dos, confirmant ses prédictions. Comme il se retournait, il vit une deuxième personne en train d’émerger de son tombeau.

Un vieillard… enveloppé dans une grande cape noire. Son visage disparaissait sous son écharpe et son chapeau à larges bords.

— Finrad, Haut Roi du Nord ! l’interpella Ketsulas de sa voix rauque. (Il parlait assez bas, avec cet accent heurté qui évoquait des terres rocailleuses et arides.) Dis-moi : comment te sens-tu, après ce sommeil de mille ans ?

Un instant, l’homme au chapeau resta silencieux, puis il murmura dans un souffle :

— Encore plus âgé…

Le ton complice de cette plainte arracha un nouveau sourire au seigneur de l’Est. Franchissant les quelques pas qui le séparaient du vieil homme, il agrippa ses avant-bras et les serra fraternellement.

— Heureux de te revoir, déclara-t-il tandis que son regard farouche s’adoucissait quelque peu. Tu sais pourquoi nous nous levons, n’est-ce pas ?

Le vieillard acquiesça :

— Quelque part, en ce moment même, Il est train de naître. L’Enfant… L’Apostat du Destin…

Sous les bords du chapeau, ses pupilles se voilèrent dans l’expression d’une profonde révérence, tandis qu’il concluait :

— L’Ost-Hedan.

— Oui, confirma Ketsulas, la voix chargée d’émotion. Nous allons enfin pouvoir regagner nos royaumes… Achever ce que nous avons commencé.

Finrad se pencha, attrapant le bâton de hêtre noir qui était resté dans son sarcophage.

— Quoi qu’il en soit, déclara-t-il en désignant les flancs de la grotte, je note que ta créature a bien rempli son office. Nul n’a troublé notre quiétude.

L’Ancien Roi de l’Est leva alors les yeux vers les parois à la lueur verdâtre. En observant avec attention, on pouvait discerner l’architecture étrange qui se dessinait sous la mousse et la rocaille accumulées au fil des siècles.

C’était la forme d’un gigantesque serpent lové sur lui-même, sa tête reposant sous sa queue annelée. Toute la caverne n’était en fait rien d’autre que le corps enroulé du monstre. Par endroits, on distinguait même la texture des écailles, qui produisaient cette faible lumière.

— Un fidèle serviteur…, opina de nouveau Ketsulas. Immobile depuis si longtemps qu’il a presque pris l’apparence de la pierre…

Le couvercle d’un troisième sarcophage trembla alors, bientôt suivi par le raclement des autres tombeaux.

L’un après l’autre, les souverains sortaient de leur torpeur. Certains se levaient en chancelant, encore sous l’influence de leur sommeil magique, mais tous paraissaient froidement exaltés à l’idée de retrouver le monde des vivants.

Ils regardaient brièvement autour d’eux, la clarté glauque jetant des ombres inquiétantes sur leur visage. Puis les alliés de jadis se saluaient avec gravité.

— Je sens qu’Il vient au monde…, chuchota soudain Finrad, plongé dans une méditation presque religieuse.

— Il… ou Elle, le reprit Delphydice, l’Ancienne Reine du Sud.

Le vieillard acquiesça.

— J’ai tellement hâte de retrouver les miens…, confia à mi-voix la souveraine des Elfes, qui s’était jusque-là contentée de faire glisser sur l’assistance son regard liquide. Revoir enfin nos peuples orphelins…

Dans la noble assemblée, le silence se fit tandis que chacun songeait à son propre trône laissé vide. Tous étaient curieux de découvrir comment leurs fières nations avaient prospéré durant leur absence.

Bientôt, ils le savaient, les peuples de Genesia seraient récompensés de leur patience. Les Anciens Rois étaient de retour. Ils venaient reprendre leur place à la tête des Six Royaumes.

Sévèrement, l’antique monarque des Nains brisa cet instant de rêverie, rétorquant à la reine des Elfes :

— Pour ma part, j’ai surtout hâte d’en découdre ! Le temps est venu de faire mentir la Dernière Prophétesse… L’Ost-Hedan voit le jour en cette heure, apportant l’espoir de la victoire. Mais c’est à nous qu’incombe la tâche de l’éduquer et de le conduire vers son destin !

À ces paroles, les seigneurs d’autrefois émirent quelques murmures d’approbation.

— C’est bien pour cela que nous sommes réunis, déclara Ketsulas.

« Presque réunis », aurait-il dû dire. Car pour que les six Anciens Rois soient au complet, il manquait encore Brenghenann, seigneur des Humains de l’Ouest. Il était le seul à ne pas s’être extirpé de son sarcophage.

Quelques instants passèrent.

Comme l’attente se prolongeait, les traits se tendirent imperceptiblement sur les visages. D’aucuns jugeaient, sans nul doute, qu’ils avaient suffisamment fait preuve de patience durant le millénaire écoulé.

La ligne impassible des lèvres de Ketsulas se durcit légèrement. Une once de nervosité traversa bientôt son regard féroce.

Delphydice, alors, s’avança vers le dernier tombeau encore clos. La démarche digne, elle tenait son bâton d’or pur, au sommet duquel quatre anneaux tintaient à chacun de ses pas. Comme toujours, une chouette au plumage doré était posée sur son épaule gauche.

Sans qu’elle ait besoin de parler, ses compagnons masculins comprirent ce que la souveraine attendait. Ketsulas se porta à son niveau, et ouvrit précautionneusement le cercueil de marbre. Tous approchèrent, tandis que le lourd linteau glissait sur le sol.

À cet instant, l’Ancienne Reine du Sud poussa un hurlement de terreur, qui résonna longuement sous les anneaux du serpent géant.

Brenghenann, le géant roux de l’Ouest, gisait dans son sarcophage. Il avait la gorge tranchée.

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Sans ménagement, Caessia fut conduite à travers le village occupé. Elle s’étonna de constater combien la vie semblait peu troublée par la présence des rebelles. Pourtant, ces derniers étaient en pleine effervescence, cela crevait les yeux. La princesse devina qu’ils devaient préparer une action très importante pour bientôt.

Mais chaque villageois vaquait à ses activités sans paraître remarquer les soldats qui quadrillaient les environs. Certains, parfois, adressaient même un sourire amical aux partisans de la République.

Jamais, cependant, à Olñez et ses sbires, comme le nota la jeune fille. Apparemment, la réputation de ces brigands n’était plus à faire.

Dans la plupart des demeures, le rez-de-chaussée était réservé aux étables, octroyant ainsi un chauffage naturel aux habitations durant les mois d’hiver. L’étage supérieur, quant à lui, était destiné à accueillir les foyers des autochtones. Néanmoins, ce fut dans l’une des rares maisonnettes basses que fut emmenée la princesse. Ce n’était qu’une bicoque de bois vermoulu, flanquée pour tout mobilier d’un chaudron sur le feu en son milieu.

Les rebelles la jetèrent dans la pièce, où la jeune apprentie jadienne se réceptionna tant bien que mal. Avec cette liane toujours serrée autour de ses chevilles, elle peinait à conserver son équilibre lorsqu’on la bousculait ainsi.

Olñez fit signe à ses hommes de fermer la porte derrière eux.

Déglutissant péniblement, Caessia fit mine d’ignorer leurs mines concupiscentes. Puis elle s’assit par terre, sans demander la permission. Le chaudron dans son dos et les brigands face à elle, elle tâcha de se recomposer une expression hautaine et indifférente.

La chaleur du feu cuisait la peau de ses poignets, toujours ligotés sur ses reins.

Olñez s’approcha lentement, un vilain sourire sur sa face de fouine. Son regard paraissait la jauger comme quelque marchandise sur l’étal d’un marchand.

La jeune fille, encore transie de froid sous la couche de boue qui avait durci sur elle, réprima un frisson. Les yeux de ces hommes posés sur elle la mettaient de plus en plus mal à l’aise. Reste digne, princesse ! s’exhorta-t-elle. Mais son attitude trahissait son anxiété : ses pieds attachés sous elle, elle se lovait contre le chaudron, essayant inconsciemment de se faire aussi petite que possible.

Avec sa cape crottée et ses cheveux défaits, elle se sentait diminuée, fatiguée et sale. Elle aurait donné cher pour pouvoir oublier où elle était, et dormir rien qu’une heure…

D’une main à la propreté douteuse, Olñez releva la profonde capuche de velours qui plongeait dans l’ombre le visage de l’adolescente. Ses doigts frôlèrent les pommettes un peu marquées, typiques du Sud, et s’attardèrent un instant sur la peau couleur de miel, longeant la ligne d’une joue.

Caessia lui cracha au visage et il recula d’un bond.

— Petite garce ! lança-t-il.

Puis, se tournant vers ses hommes :

— Fouillez-la ! Mieux vaut vérifier qu’elle ne porte pas d’arme… Je ne fais aucune confiance à cet idiot de Troll.

Goguenards, les soudards s’avancèrent et entreprirent d’obéir à leur chef. Tandis qu’ils la palpaient ainsi, Caessia remarqua sans surprise qu’ils laissaient traîner leurs mains bien plus que nécessaire.

Mais à ce stade, la jeune fille ne se faisait déjà plus aucune illusion sur le sort qui l’attendait. Une drôle de nausée l’avait envahie, tandis qu’elle cherchait désespérément une idée pour se tirer de cette situation.

Olñez émit un grognement impatient :

— Regardez ses poches, bon sang ! Elle me semble bien du genre à y planquer une lame… C’est bon ? Vous avez vérifié ?

Les hommes, s’écartant à regret de Caessia, se retournèrent vers leur chef et acquiescèrent.

Un court moment passa, les brigands échangeant entre eux quelques plaisanteries salaces. Ils paraissaient attendre les ordres d’Olñez, qui demeurait pour l’instant silencieux, le regard rivé sur Caessia.

L’adolescente prit sur elle pour que son visage ne reflète pas la douleur des flammes qui lui léchaient poignets et chevilles.

Elle pria pour que l’odeur de la liane qui noircissait au feu n’éveille pas les soupçons des rebelles. Si seulement…, pensait-elle. C’était sa dernière chance.

Encore quelques secondes… et je serai peut-être libre de mes mouvements.

— Je passe le premier, fit Olñez, qui ne souriait plus.

Son expression était devenue sinistre, et seuls ses yeux de rongeur brillaient d’une lueur malsaine.

— Fermez bien la porte à clé, ajouta-t-il tout en débouclant son ceinturon.

Puis il approcha, l’air fébrile. Il ne remarqua pas le rictus froid qu’esquissèrent alors les lèvres de l’adolescente.

Il ne remarqua pas non plus que ses mains étaient à présent libres.

C’est ça, mécréants. Fermez-la bien à clé…

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