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— Y a-t-il un endroit où nous pourrions parler tranquillement ?
Giselle redressa les épaules.
— Je suis occupée, répliqua-t-elle en indiquant la jeune femme debout devant le comptoir.
— Tu es libre pour déjeuner ?
Pourquoi la fixait-il ainsi ? Oui, sa fraîcheur et sa beauté avaient perdu de leur éclat…
Et lui qui ne prisait que la perfection, surtout quand il s’agissait des femmes, l’avait forcément remarqué.
— Je ne ferme pas ma boutique à midi. Je fais la journée continue.
Il jeta un regard critique sur le magasin de layette qu’elle avait acheté peu après leur séparation. Giselle était fière de son succès, le seul point positif de sa vie au cours des deux dernières années.
Des amis bien intentionnés, ainsi que sa mère, lui avaient conseillé de revendre son commerce quand on avait appris que Lily ne vivrait pas. Mais elle s’était accrochée à cette activité qui lui permettait, d’une certaine manière, de maintenir des liens avec sa petite fille trop tôt disparue. Ici, en confectionnant chaussons, brassières et couvertures pour bébés, elle continuait à se sentir proche de Lily. Elle n’abandonnerait pas ce qui la rattachait à sa maternité, aussi douloureux que fût ce lien. Personne ne se doutait combien elle souffrait parfois à la vue de nourrissons couchés dans leur landau. Personne ne savait qu’elle dormait la nuit en serrant dans ses bras la jolie couverture qu’elle avait brodée pour Lily, et qui avait enveloppé son petit corps durant les quelques heures qu’elle avait vécu.
Afficher en entierRaide comme un automate, Giselle accompagna Emilio jusqu’à sa suite. L’odeur de son eau de toilette déclenchait des souvenirs qu’elle tentait désespérément de refouler. Elle avait l’impression de remonter le temps. Des flots d’images érotiques se bousculaient dans son esprit. Elle se mordit la lèvre et s’efforça de les chasser en pensant à autre chose.
Quand ils étaient fiancés, elle ne songeait qu’à plaire à l’homme orgueilleux et volontaire qu’était Emilio Andreoni. Pas une fois elle ne lui avait tenu tête ou ne s’était opposée à lui. Elle se contentait de l’aimer, éperdument. Comment avait-elle pu se rendre aussi vulnérable ? Leurs relations étaient terriblement déséquilibrées. Elle l’aimait trop, et lui pas du tout.
C’était par pur orgueil qu’il voulait la reconquérir. Elle ne l’intéressait pas en tant que personne. Il cherchait à sauver les apparences en montrant qu’il réparait ses torts. Un homme de sa stature, à la renommée internationale, ne pouvait pas faire moins. Depuis que la presse avait relaté l’histoire de ses retrouvailles avec Sienna, Giselle se demandait même pourquoi Emilio n’avait pas communiqué ses intentions aux journalistes.
Quand l’ascenseur s’arrêta, il tendit le bras pour la laisser passer. Elle marcha fièrement devant lui, déterminée à ne pas montrer sa nervosité. Toutefois, il était très perspicace : il ne tarderait sans doute pas à découvrir qu’elle lui cachait quelque chose.
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