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Un surprenant parfum de renfermé émanait du public. La salle était un océan de tweed et de pipes en écume, de brodequins confortables et de barbes grisonnantes. Côté féminin, ce n’était guère mieux. La plupart de ces dames étaient vêtues de gris ou de noir et affichaient une expression sévère, à croire qu’elles cachaient un rouleau à pâtisserie sous leurs jupes. Deux d’entre elles, plus jeunes, retinrent son attention, jusqu’à ce qu’elles se retournent. Mine austère et dents en avant… il décida de regarder ailleurs.
On était loin du public large d’esprit auquel il s’attendait. Mais déjà, l’animateur demandait le silence et présentait le premier intervenant. Barclay se concentra sur ce qu’il espérait apprendre, même si, il l’avait déjà compris, ses chances de trouver ici des partenaires avec qui expérimenter l’amour libre étaient quasi nulles.
Le premier intervenant était une femme. Elle portait un ensemble en lainage noir d’où s’échappait un col blanc ; on aurait dit un vicaire de province avec un chignon. Elle commença par une série de questions à propos des femmes « littéralement ligotées », qui laissa Barclay pantois. Pas longtemps. Sa déception fut considérable lorsqu’il comprit qu’elle parlait en réalité des restrictions et autres limites imposées aux femmes par le mariage. Dans l’état actuel des lois, expliqua-t-elle, la femme n’était rien de plus qu’une propriété qu’il fallait gérer, une jument poulinière que l’on achetait et vendait accompagnée d’une dot. C’était une honte. Dans l’assistance, les hommes hochèrent la tête en grommelant poliment, tandis que les femmes manifestèrent leur approbation à coups de « Bien dit ! »
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