En Occident chrétien, où il est fabriqué à partir du milieu du XIIIe siècle, le papier mettra deux cents ans à renverser le monopole du parchemin. Alors qu’il s’est imposé rapidement dans les pays musulmans du pourtour de la Méditerranée, la méfiance envers la fragilité de ce nouveau matériaux l’a relégué longtemps en Occident dans des emplois éphémères (brouillons, comptes, documents administratifs mineurs). À en juger par les fonds des bibliothèques européennes – dont les volumes de papier, moins prisés, ont sans doute été davantage sacrifiés –, 75 % des livres sont encore écrits sur parchemins en Europe au moment où naît l’imprimerie, laquelle entraîne définitivement le déclin du parchemin. On l’emploie pourtant encore pour les tirages imprimés de luxe jusqu’au milieu du XVIe siècle, et plus tard encore pour les manuscrits de prestige.

Les premières productions de faïences lustrées, datant environ du IXe siècle après Jésus-Christ, ne sont pas originaires du Royaume-Uni mais ont une origine orientale. Le lustrage en céramique, peut-on dire, date de l’époque des Abbassides, dynastie musulmane qui s’établit à l’est de la Mésopotamie au cours du VIIIe siècle, plus précisément vers 750 après Jésus-Christ. C’est donc une vieille histoire, les artisans potiers de cette époque s’étant inspirés eux-mêmes des procédés généraux élaborés par leurs prédécesseurs babyloniens et assyriens œuvrant environ 2 000 ans avant Jésus-Christ. Les résultats des recherches et des fouilles menées depuis le début du XXe siècle au Moyen-Orient ont élucidé l’histoire et la filiation de la faïence et conjointement de la faïence lustrée ; et, de surcroît, le butin de ces campagnes a eu pour mérite, quelle qu’en soit la démarche suivie, de préserver des pièces uniques qui ont par bonheur survécu au temps et qui sont aujourd’hui dispersées, en sûreté dans les plus beaux musées du monde.