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Carrin pressa sur un autre bouton et la machine s’éloigna. Satané gamin, pensait-il. Ferait-il un jour face à ses responsabilités ? Une fois à l’âge adulte, s’insérerait-il à sa place dans la société ? Carrin en doutait. L’enfant était un rebelle-né. Si quelqu’un allait un jour sur Mars, ce serait son fils. Mais cette pensée ne le préoccupait pas spécialement. « Prête pour le lavage. » Une autre machine passa devant lui. Carrin se rappela quelque chose à propos de Miller. Cet homme jovial parlait continuellement des planètes, disant toujours en blaguant qu’il partirait un jour quelque part et y vivrait à la dure. Pourtant il ne l’avait pas fait. Il avait pris un rouleau de corde et était allé se pendre. « Prête pour le lavage. » Carrin avait huit heures devant lui, et il relâcha sa ceinture pour s’y préparer. Huit heures à pousser des boutons et à écouter des machines annoncer qu’elles étaient prêtes. « Prête pour le lavage. » Il appuya sur le bouton
Afficher en entierJe vais au cadran qui commande le souper », dit-elle, et elle se dirigea vers la cuisine. Carrin sourit, en pensant que son fils pourrait commander son souper sans bouger du living-room. Il se laissa aller en arrière dans son siège, au moment précis où son fils entrait. « Comment ça va, fils ? demanda-t-il. — Très bien, répondit distraitement Billy. — Qu’est-ce qu’il y a, fils ? » L’enfant regarda ses pieds sans répondre. « Approche. Dis à papa ce qui ne va pas. » Billy s’assit sur une caisse non ouverte et prit son menton dans ses mains. Il leva les yeux et regarda pensivement son père. « Papa, si je le voulais, est-ce que je pourrais devenir un maître réparateur ?
Afficher en entierAprès le départ de Pathis, Carrin s’assit dans un fauteuil ajustable et mit en marche le solido. Après avoir réglé l’ezi-cadran, il se rendit compte que le téléviseur ne retransmettait rien qui pût l’intéresser. Il fit basculer le fauteuil et s’allongea pour faire un petit somme
Afficher en entierIl n’avait que trente-neuf ans, et cent années de vie pleines devant lui, grâce aux merveilles de la science médicale. Mais avec un salaire de trois mille dollars par an, il ne pourrait pas tout payer et en même temps faire vivre sa famille. « Naturellement, nous ne voudrions pas vous priver du nécessaire, ce qui d’ailleurs est formellement interdit par les lois à l’élaboration desquelles nous avons participé, et que nous avons contribué à faire voter. Sans parler des articles extraordinaires qui sortiront l’année prochaine – des choses dont vous ne pourrez vous passer. » Carrin hocha la tête. Naturellement, il s’intéressait aux nouveautés
Afficher en entierCet homme qui s’est suicidé ? » Pathis eut un bref haussement de sourcils. « Oui, en effet. Cela m’a surpris, monsieur, beaucoup surpris. Tenez, le mois dernier, Mr. Miller m’a acheté un turboréacteur du dernier modèle, capable de rouler à 600 kilomètres à l’heure en ligne droite. Il était heureux comme un enfant, et pourtant, quelque temps après… Une chose pareille ! Naturellement, le turbo avait un peu enflé le montant de sa dette. — Naturellement. — Mais quelle importance cela avait-il ? Il avait tout le luxe qu’un homme peut désirer. Et pourtant, il prit une corde et alla se pendre. — Il s’est pendu ? — Oui, dit Pathis en fronçant à nouveau les sourcils. Tout le confort moderne dans sa maison, et il se pendit avec un morceau de corde. Il était probablement déséquilibré depuis longtemps. » L’expression soucieuse quitta son visage, remplacée par le sourire habituel. « Mais laissons cela, et parlons de vous. » Le sourire de Pathis s’élargit tandis qu’il ouvrait sa serviette
Afficher en entierCarrin espérait que le représentant de l’E.A. ne demanderait pas à voir la cuisine. Il voyait le barman de la Castile Motors installé là, comme un porc-épic au milieu d’une exposition canine. « Je suis fier de dire que la plupart des gens de ce quartier achètent nos articles, disait Mr. Pathis. Notre société est puissante
Afficher en entierL’électrophone marche bien ? Il renouvelle bien les disques toutes les dix-sept heures ? — Certainement », répondit Carrin. Il n’avait pas eu l’occasion d’essayer l’électrophone, mais c’était un meuble splendide. « Le solido-projecteur fonctionne bien ? Ses programmes vous plaisent ? — La réception est absolument parfaite », affirma Carrin. Il avait regardé un programme le mois précédent, et c’était frappant de vie d’une manière saisissante. « Et la cuisine ? L’auto-cuiseur marche bien ? Le maître-recette cuisine bien ? — Il prépare des plats excellents. Tout simplement délicieux.
Afficher en entierLa salle de bain était une petite merveille de plastique luisant et son luxe authentique rendit un peu de sa sérénité à Carrin. Il jeta ses vêtements dans le nettoyeur-repasseur automatique E.A. et régla le jet dé la douche sur « vif ». L’eau-à-trois-degrés-au-dessus-de-la-température-du-corps éclaboussa son corps blanc et mince. Délicieux ! Il conclut par un séchage-massage dans l’auto-sécheur E.A. Merveilleux ! pensait-il pendant que la serviette étirait et pétrissait ses muscles filandreux. Et il était tout à fait normal que ce fût merveilleux, Se rappela-t-il. L’auto-sécheur E.A. avec ses accessoires de rasage lui avait coûté trois cent treize dollars, taxes non comprises
Afficher en entierCes êtres humains, que feront-ils, dans l’avenir qui leur est ouvert ? De quoi demain sera-t-il fait ? C’est la question à laquelle les utopies proposaient jadis une réponse ; c’est la question à propos de laquelle les contre-utopies lançaient un avertissement ; c’est aussi la question qui a fait fleurir tout un domaine de la science-fiction moderne
Afficher en entierAu cours des trente dernières années, il a ainsi fallu accepter l’idée d’un changement : le changement rapide et apparemment irréversible que la science impose par diverses voies aux vies humaines. Et c’est un reflet de cette acceptation que l’on peut distinguer dans les « histoires de demain », qui représentent le développement, dans le cadre de la science-fiction moderne, des utopies et des contre-utopies d’antan. Isaac Asimov, dont la définition de la science-fiction a été rappelée au commencement de ces pages, a également été le premier à souligner, au moyen d’une comparaison, une distinction entre deux types d’« histoires de demain ». Il a comparé le premier de ces types aux parties d’échecs, et le second aux problèmes d’échecs
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