Commentaire de Estelleslibrary

C’est la première fois que je découvre la plume de Becky Chambers et ça ne sera pas la dernière fois !

À travers une plume empreinte de douceur et de sensibilité, l’autrice dessine un univers réconfortant avec des descriptions enchanteresses. Le texte, fort de ses engagements écologiques et philosophiques, invite le lecteur à découvrir une société meilleure, avec de la représentation queer, détachée des normes sociales. Becky Chambers excelle dans un genre encore méconnu : la science-fiction / dystopie positive, avec un optimisme qui aspire à être réaliste, dépourvu de naïveté.

J’ai aimé me plonger dans ce roman, qui m’a permis de fantasmer un monde en paix avec la nature, avec l’Homme et d’avoir de l’espoir en un futur différent. Le ton à la fois léger et drôle permet de passer un bon moment avec cette brève lecture. J’ai adoré tout ce qui se dégageait de l’activité de moine de thé comme l’ambiance, l’esthétique, qui prône une sorte de slow living. Et puis fabriquer son thé, sélectionner et sécher ses herbes, partir en vadrouille dans une caravane cocooning à la rencontre de son prochain a quelque chose de réconfortant.

Les réflexions que suscite ce psaume m’ont marqué : comment s’incarner dans un monde en paix, dans une vie heureuse ? J’ai aimé la quête de bonheur du personnage principal, sa recherche d’un objectif pour combler un sentiment inconnu qui persiste. Je me suis beaucoup reconnue dans cette insatisfaction mystérieuse et dans toutes les interrogations. Le roman invite le lecteur à juste être, qu’exister est bien suffisant. Faut-il ainsi se détacher d’une certaine vision de notre société, d’une performativité insatisfaisante qui rajoute de la pression ? Pourquoi poursuivre un but, qui doit en plus nous satisfaire et nous épanouir, est-il indispensable ? Finalement, après ma lecture, je me suis dis que cette mentalité était peut-être contre productive et nous arrachait du présent, des sensations du quotidien et d’une vie plus simple où les plaisirs seraient juste savourés pour ce qu’ils sont sans devoir avoir une utilité ou une sorte de « rentabilité ».

Les deux seuls bémols pour moi : la brièveté du texte, qui empêche une certaine immersion, une profondeur qui aurait plus nourri mes réflexions. De plus, j’ai trouvé que les dialogues entre Omphale et Froeur Dex manquaient de fluidité, alors qu’ils étaient très interessants.