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Extrait

Extrait ajouté par magaliB 2020-01-08T19:25:46+01:00

Quelques heures plus tard, Anabelle pénétra sur la pointe des pieds dans le vestibule de la maison de ville où elle vivait et referma doucement la porte d’entrée derrière elle. Leur propriétaire habitait derrière la porte de droite qui, par bonheur, était fermée. L’odeur tentante de pain en train de cuire venait de la cuisine qu’elles partageaient sur la gauche, mais Anabelle ne s’attarda pas. Elle s’engagea rapidement dans le long et étroit escalier qui menait au petit appartement que sa mère, sa sœur Daphne et elle louaient, posant légèrement le pied sur la deuxième marche qui avait une fâcheuse tendance à craquer. Elle était à mi-hauteur de l’escalier quand la porte de Mme Bowman s’ouvrit en coup de vent.

— Miss Honeycote !

Leur propriétaire était une aimable veuve aux épaules voûtées et aux cheveux gris si clairsemés que l’on voyait son crâne au travers. Elle tendit le cou et sourit.

— Ah, je suis contente de voir que vous avez un après-midi de libre. Comment va votre mère ?

Anabelle se tourna lentement et redescendit, pleine d’appréhension.

— Toujours pareil, j’en ai peur.

Mais l’état des personnes atteintes de consomption n’allait pas en s’améliorant, habituellement… Elle déglutit, la gorge nouée.

— Elle est tout le temps essoufflée, et a de la fièvre le soir, mais Daphne et moi espérons que le remède prescrit par le Dr Conwell l’aidera.

Mme Bowman hocha gravement la tête, fit signe à Anabelle de la suivre et se rendit dans la cuisine.

— Prenez un peu de pain et de ragoût pour elle — et pour votre sœur et vous, aussi.

Son regard alla à la taille d’Anabelle et elle fronça les sourcils.

— Vous ne pourrez pas bien soigner votre mère si vous ne mangez pas.

— Vous êtes très aimable, madame Bowman. Merci.

La vieille dame poussa un gros soupir.

— Je vous aime bien, ainsi que votre sœur et votre mère… mais, mon chou, votre loyer était dû il y a trois jours.

Anabelle s’y attendait, mais une rougeur gagna néanmoins son cou. Sa propriétaire avait besoin de l’argent aussi désespérément qu’elles.

— Je suis désolée, je n’ai pas encore l’argent.

En rentrant, elle s’était arrêtée et avait dépensé son dernier shilling à acheter du papier pour le billet qu’elle voulait écrire au duc de Huntford.

— Je pourrai vous payer…

Elle passa rapidement son plan en revue.

— … samedi soir en rentrant de la boutique.

Mme Bowman lui tapota l’épaule du geste rassurant que sa mère avait autrefois, avant que la maladie ne la plonge dans cette terrifiante torpeur.

— Vous me paierez quand vous pourrez.

Elle pinça ses lèvres fines et tendit à Anabelle une marmite et une miche de pain enveloppée dans un torchon.

Les arômes d’ail, de sauce et de levure lui firent soudain tourner la tête, comme si son corps se rappelait qu’il avait manqué quelques repas.

— Un jour, je vous rendrai tout ce que vous avez fait pour nous.

La vieille femme sourit, mais il y avait du scepticisme dans ses yeux.

— Transmettez mes meilleurs souhaits à votre mère et votre sœur, dit-elle avant de rentrer chez elle.

Anabelle écarta sa mélancolie et monta l’escalier, réconfortée à l’idée d’offrir à Daphne et à sa mère un bon dîner. Même cette dernière, qui n’avait fait que picorer dans son assiette dernièrement, ne pourrait résister à ce ragoût.

Elle poussa la porte mais n’appela pas, pour le cas où celle-ci dormirait. Après avoir posé ce qu’elle portait sur la table au-dessous de l’unique fenêtre, elle parcourut le petit salon du regard. Comme d’habitude, Daphne avait rangé et disposé les choses de manière à rendre la pièce aussi gaie que possible. Elle avait plié la couverture sur le canapé où Anabelle et elle dormaient tour à tour. L’une d’elles restait toujours avec leur mère la nuit, dans sa chambre. Sa sœur avait fait gonfler les coussins du vieux fauteuil et posé un morceau de tissu coloré sur une table basse où trônait une miniature de leurs parents. Elle avait dû la sortir de la vieille malle de leur mère ; Anabelle ne l’avait pas vue depuis des années. La nourriture oubliée, elle alla jusqu’au portrait et le prit.

Les yeux de sa mère brillaient et ses joues étaient roses ; papa se tenait derrière elle, son amour pour sa jeune femme illuminait son visage. Leur père, le plus jeune fils d’un vicomte, avait tout sacrifié pour être avec elle : sa fortune, sa famille, et son statut social. Pour autant qu’Anabelle le sache, il ne l’avait jamais regretté. Jusqu’à ce qu’il soit mourant. Alors, il s’était adressé à ses parents et les avait suppliés d’entretenir sa femme et ses filles.

Ils n’avaient jamais répondu à ses prières.

Et Anabelle ne le leur pardonnerait jamais.

— Tu es rentrée ! Comment s’est passée ta journée à la boutique ?

Daphne entra d’un pas glissant dans le salon, son grand sourire jurant avec les cernes sous ses yeux. Elle portait une robe jaune qui, l’espace d’un instant, rappela à Anabelle les boutons d’or qui poussaient derrière leur ancien cottage.

Elle reposa vivement le portrait sur la table.

— Très bien. Comment va maman ?

— Elle n’a pas été bien toute la journée, mais à présent elle se repose.

Daphne inspira.

— Quelle est cette odeur délicieuse ?

— Mme Bowman nous a offert à dîner. Tu devrais manger et aller te promener dans le parc. Prendre un peu l’air.

— Une promenade serait très agréable, oui, et j’ai justement besoin d’aller chez l’apothicaire.

Anabelle mordilla sa lèvre inférieure.

— Daph, nous n’avons pas d’argent.

— Je sais. Je crois que je peux obtenir de M. Vanders qu’il me fasse crédit.

Elle le pouvait probablement. Son caractère enjoué était capable de faire fondre le cœur le plus endurci. Si elle n’était pas enchaînée à l’appartement, à s’occuper de leur mère, elle aurait une file de prétendants. Elle prit deux bols ébréchés et des cuillères sur l’étagère au-dessus de la table et souleva le couvercle de la marmite.

— Oh ! fit-elle en fermant les yeux, tandis qu’elle inspirait. C’est le paradis. Viens t’asseoir et manger.

Anabelle leva une main.

— Je ne pourrais pas. Mme Smallwood m’a bourrée de sandwichs et de gâteaux avant que je quitte la boutique.

Daphne haussa un sourcil blond.

— Il y a plein de ragoût, Belle.

— Peut-être quand maman aura mangé, alors.

Anabelle prit le papier qu’elle avait acheté, tira une chaise et s’assit à côté de sa sœur.

— Je vais écrire une lettre, ce soir.

Elle n’avait pas besoin d’expliquer quel genre de lettre.

— Je la porterai quand la nuit sera tombée.

Sa sœur posa sa cuillère et plaça une main sur la sienne.

— J’aimerais que tu me laisses t’aider.

— Tu fais déjà plus qu’assez, en t’occupant de maman. Je l’ai seulement mentionné pour que tu saches que je dois ressortir ce soir. Ne t’inquiète pas, nous aurons bientôt un peu d’argent.

Plus tard, lorsque Daphne fut revenue avec une fiole de médicament comme promis, Anabelle embrassa sa mère, dit bonne nuit à sa sœur et se retira dans le salon.

Elle se faufila derrière le paravent, dans le coin qui leur servait à s’habiller, et ôta ses lunettes, ses souliers, sa robe, sa camisole, son corset et ses bas. Du fond de sa vieille malle, elle sortit une longue bande d’étoffe qu’elle avait roulée en boule. Après avoir trouvé un bout, elle le coinça sous son bras, passa la bande sur ses seins nus et l’enroula autour d’elle plusieurs fois, la serrant si fort qu’elle pouvait à peine respirer par le nez. Elle glissa le bout de la bande par-dessous, sur sa peau, et passa ses paumes sur sa poitrine aplatie. Satisfaite, elle sortit les autres articles dont elle avait besoin : une chemise, des culottes, un gilet et une veste.

Elle enfila ces vêtements. Heureusement, les culottes n’étaient pas aussi serrées sur ses hanches que la dernière fois. Pour finir, elle empila ses cheveux sur sa tête, les fourra sous une casquette de garçon et abaissa la visière sur son visage. Cela faisait quelques mois qu’elle n’avait pas porté le déguisement, alors elle s’exerça à marcher avec les culottes — longues enjambées, épaules carrées, bras qui se balançaient. Le drap rêche frottait sur ses cuisses et moulait intimement son postérieur, mais les culottes étaient tout à fait confortables une fois qu’on s’y habituait.

Son cœur se mit à battre plus fort et sa respiration s’accéléra, pas désagréablement, d’ailleurs, quand elle glissa la lettre qu’elle avait écrite au duc de Huntford — de la main gauche, pour déguiser son écriture — dans la poche de sa veste élimée. Quelques enquêtes discrètes lui avaient fourni son adresse, qui se trouvait comme il fallait s’y attendre dans le beau quartier de Mayfair, à plusieurs pâtés de maison de là.

Une femme ne pouvait pas marcher dans les rues de Londres seule la nuit, mais un jeune garçon si. Sa mission était aussi dangereuse que simple : elle devait remettre le billet au majordome du duc et s’esquiver avant que quiconque puisse l’interroger. Elle aurait dû trembler de peur dans ses souliers d’occasion, mais une partie très délurée d’elle-même avait soif de cette excitation et savourait l’occasion de vivre une aventure.

Elle fit une brève prière pour demander à la fois d’être protégée et pardonnée, puis elle se faufila dans l’escalier et sortit dans la nuit brumeuse.

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