Extraits

Il cessa de regarder par la fenêtre de leur chambre. Le ciel était sombre. Il se retourna pour admirer ses yeux. Son visage était éclairé par les trois bougies posées sur le rebord de la cheminée. Ses cheveux étaient longs, d’un noir de jais, mais c’était la première fois depuis des semaines qu’elle les laissait cascader librement sur ses épaules. Elle les arrangeait habituellement en un chignon bas, sa chevelure passant au-dessus des oreilles pour remonter derrière la tête. Si elle avait perdu sa sveltesse, du moins au niveau de la taille, ses jambes étaient toujours longues et fines. Ses seins avaient pris de l’ampleur, mais elle avait toujours eu la poitrine généreuse. Elle ne cessait de se plaindre des changements de son corps – pour lui, elle était toujours aussi belle.

Elle se recroquevilla sous les couvertures en frémissant, tandis qu’une soudaine rafale de vent aspergeait les vitres de gouttes de pluie, faisant craquer la carcasse de la vieille maison.

— Il faudrait regarder la météo, dit-elle doucement.

Le chêne, devant la maison, s’anima. Ses branches vinrent balayer la toiture. Les flammes des bougies vacillèrent, presque soufflées par un courant d’air. Un éclair illumina la pièce, suivi par le grondement du tonnerre. Il essaya de distinguer quelque chose par la fenêtre, mais bien que ce fût le début d’après-midi d’un dimanche du mois d’août, le ciel paraissait aussi sombre qu’en pleine nuit. La foudre frappa encore, comme un coup de flash dans la chambre. Il ouvrit la bouche pour parler, mais le claquement du tonnerre l’interrompit. Il attendit le retour du battement régulier de la pluie pour répondre.

— Le courant est coupé, dit-il de sa riche voix de ténor.

Il tentait de la rassurer.

— Nous vérifierons la météo quand il sera revenu.