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Extrait ajouté par ilovelire 2020-07-27T23:30:56+02:00

Une fois, un type immense resta coincé alors que nous l’avions à demi sorti de son cercueil. Assis par terre, son bras pâle sur les genoux, j’attendis que le Cocher me tende une scie. Je portai ensuite ce bras sur mon épaule comme un jambon, jusqu’aux beaux quartiers, enveloppé dans sa manche en toile à sac. Quelques soirs plus tard, je vis cette même manche déchirée sur un géant manchot qui se tenait immobile parmi la foule du marché aux poissons. Pâle et joufflu, il était planté là, à me sourire d’un air timide, comme si nous étions de vieux copains. Il s’approcha lentement, serrant dans son poing sa manche vide, et se retrouva près de moi. Ça paraît bizarre à dire, mais un léger picotement m’enveloppa, et je compris qu’il avait placé son bras fantôme autour de mes épaules. C’était la toute première fois que j’éprouvais cette sensation étrange, à la lisière de moi-même – ce manque. Il poussa un soupir de regret. Comme si, tout ce temps, nous avions été en pleine conversation. « Bon Dieu, dit-il. Bon Dieu, ce que j’ai faim. J’avalerais bien une tourte à la morue. Pas toi, petit gars ?

— Va te faire foutre », répondis-je avant de filer.

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Extrait ajouté par ilovelire 2020-07-27T23:30:37+02:00

Je pionçai dans l’écurie du Cocher un an durant. C’était l’homme le plus soigné que j’aie jamais connu. Il ne pouvait pas aller se coucher sans que sa maison soit parfaitement ordonnée et ses pantoufles placées côte à côte sous son lit. Il n’y avait chez lui qu’une irrégularité : une dent du haut avait poussé comme une défense et lui donnait l’air d’un rat chic. Ensemble, nous faisions la tournée des taudis et des hôtels pouilleux de Bleecker Street pour ramasser les morts : des pensionnaires qui s’étaient éteints dans leur sommeil ou dont la gorge avait été tranchée par des camarades de chambre. À notre arrivée, ils étaient parfois encore dans leur lit, couverts d’un drap. Mais, la plupart du temps, nous trouvions les corps pliés dans des coffres ou coincés sous les lattes du plancher. Ceux qui avaient de l’argent liquide et de la famille, nous les emmenions chez le croque-mort. Les anonymes, nous les emportions dans les hôpitaux des beaux quartiers et les livrions par la porte de service afin qu’ils puissent être disséqués devant des jeunes hommes attentifs, penchés au-dessus d’eux. Leurs entrailles exposées. Leurs os bouillis, blanchis.

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Extrait ajouté par ilovelire 2020-07-27T23:30:06+02:00

Notre matelas, je m’en souviens, était souillé. Debout sur les marches, je regardai le Cocher charger mon père dans sa voiture. Lorsqu’ils partirent, la Logeuse posa la main sur ma tête et m’autorisa à m’attarder là. La forte averse du soir s’était éloignée, et un coucher de soleil faisait rougeoyer la rue. Les chevaux semblaient être en feu. Après ça, mon père ne revint jamais me voir, ni dans les eaux ni même dans mes rêves.

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Extrait ajouté par ilovelire 2020-07-27T23:29:53+02:00

Nous avions trouvé à nous loger près du port. Notre chambre donnait sur des cordes à linge qui s’entrecroisaient d’une fenêtre à l’autre jusqu’à disparaître dans la vapeur du lavoir en contrebas. Sur le matelas que nous partagions, nous tournions le dos au fou installé à l’autre bout de la pièce et faisions mine de ne pas voir que son état ne cessait d’empirer. Il y avait toujours quelqu’un qui hurlait dans les couloirs. Quelqu’un qui était piégé entre deux mondes. Je m’allongeais sur le flanc, empoignais le revers du manteau de mon père et sentais les poux parcourir mes cheveux.

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Extrait ajouté par ilovelire 2020-07-27T23:29:41+02:00

Quand la nuit dernière ces cavaliers sont descendus jusqu’au gué, j’ai bien cru que notre compte était bon. Même toi, tu as dû percevoir leur proximité : leur odeur, le chant de leurs brides, le blanc des yeux de leurs chevaux. Égal à toi-même – bien qu’aveugle, et sans parler du plomb, impossible à extraire, encore enfoui dans ta cuisse –, tu as fait mine de te redresser pour les affronter. J’aurais peut-être dû te laisser faire. Ça aurait sans doute évité l’incident de ce soir, et la fille serait indemne. Mais comment aurais-je pu le savoir ? Pris au dépourvu, incapable de croire à ce qui nous arrivait, j’ai finalement dû me contenter de les regarder traverser le lit asséché de la rivière et remonter sur la berge avant de s’éloigner sous le clair de lune. Et n’ai-je pas eu raison d’attendre – ne serait-ce que par habitude ? Je savais que tu avais toujours la fuite dans le sang.

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