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Elle était décidée. Elle allait se mettre debout, comme si de rien n’était. Elle verrait bien. Elle saisit ses genoux et les tira brutalement vers elle. La douleur lui arracha un cri. Elle s’effondra. Le sang était monté à sa tête, elle ne voyait plus qu’un voile rouge. Elle enfouit son visage dans l’oreiller. Peu à peu, ses gémissements se changeaient en hoquets. Elle riait maintenant. La douleur lui tenaillait le ventre, elle avait la nausée, elle suffoquait, mais elle riait.Elle cessa de gémir et reprit son souffle. Elle avait d’abord reçu comme un coup de fouet. L’instant d’après, une foule de petites brûlures s’étaient répandues sous sa peau, le long de ses jambes.Elle jeta un regard vers la porte. Elle pensait à ses hôtes, qu’elle n’avait pas encore vus, à part la petite jeune fille qui rougissait jusqu’aux oreilles dès que le poète lui adressait la parole. « Il ne faut pas qu’ils entrent maintenant, ils me prendraient pour une folle… »En effet, son souffle rauque, entrecoupé de petits cris joyeux, avait quelque chose de dément. « Je vais marcher. Je vais marcher, je le sais, je le sens… »Elle tira sur sa jambe gauche, avec plus de délicatesse cette fois, pour tenter de la faire basculer vers le sol. Elle dut s’arrêter à mi-chemin. Les picotements étaient trop forts. Elle attendit que ça passe, en frappant du front le matelas, riant toujours entre ses dents serrées. Le sang revenait, il se répandait dans ses muscles. Elle reconnaissait cette douleur. C’étaient des fourmis, tout simplement. Elle avait des fourmis.À la troisième tentative, elle réussit à dépasser le bord du matelas. Elle sentit à peine le contact du sol. Son pied était encore un objet inerte, étranger, mou, au bout de sa cheville, mais le contact rugueux du cadre du lit, sous sa cuisse, était plus précis, plus net.Elle sentait quelque chose. C’était bon de sentir. Même de la douleur.
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