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Extrait d’une lettre à W. H. Auden
7 juin 1955
Elle [la guerre] est vraiment là, présente en germe, depuis le début, même si je n’avais pas d’idée consciente de ce que le Nécromancien représentait (hormis le Mal, toujours récurrent) dans Bilbo le Hobbit, ni de son rapport avec l’Anneau. Mais si l’on voulait repartir de la fin de Bilbo le Hobbit, je crois que l’anneau était un choix inévitable pour faire le lien. Si l’on voulait, ensuite, un grand récit, l’Anneau devait tout de suite prendre une majuscule ; et le Seigneur Ténébreux apparaîtrait immédiatement. C’est ce qu’il a fait, de son propre chef, dans l’âtre de Cul-de-Sac, dès que j’en suis arrivé à ce point du récit. La Quête centrale a donc commencé tout de suite. Mais j’ai rencontré en chemin de nombreuses choses qui m’ont étonné. Tom Bombadil, je le connaissais déjà ; mais je n’étais jamais allé à Bree. Voir Grands-Pas assis dans son coin à l’auberge a été un choc, et je n’avais pas plus d’idée que Frodo sur son identité. Les Mines de la Moria n’avaient été jusqu’alors qu’un nom, et au sujet de la Lothlôrien rien n’était parvenu à mes oreilles de mortel jusqu’à ce que je m’y rende. Au loin, je savais que vivaient les Seigneurs des chevaux, aux confins d’un ancien Royaume des Hommes, mais la Forêt de Fangorn a été une aventure imprévue. Je n’avais jamais entendu parler de la Maison d’Eorl, ni des Intendants du Gondor. Plus troublant encore, Saruman ne m’avait jamais été révélé, et j’ai été tout aussi perplexe que Frodo lorsque Gandalf a manqué son rendez-vous du 22 septembre. Les Palantiri m’étaient inconnus, même si au moment où la Pierre d’Orthanc a été jetée de la fenêtre, je l’ai reconnue et j’ai compris le sens de la « chanson de la Tradition » qui trottait dans mon esprit : Sept étoiles et sept pierres et un arbre blanc. Ces vers et ces noms ont tendance à surgir, mais ils ne s’expliquent pas toujours. Il me reste encore tout à découvrir sur les chats de la Reine Bérúthiel. En revanche, je connaissais plus ou moins tout du rôle de Gollum, et de Sam, et je savais que le chemin était gardé par une Araignée. Et si cela a un quelconque rapport avec la tarentule qui m’a piqué lorsque j’étais un tout jeune enfant, les gens sont libres de le penser. (en supposant, ce qui est improbable, que cela intéresse quelqu’un). Je puis seulement dire que je ne m’en souviens absolument pas, que je ne serais pas au courant si on ne me l’avait pas raconté ; que je n’ai aucun besoin de les tuer. D’ordinaire, je sauve celles que je trouve dans la baignoire !
Afficher en entierExtrait d’une lettre à Christopher Tolkien
6 mai 1944
[…] Un nouveau personnage est entré en scène (je suis sûr de ne pas l’avoir inventé, je ne l’ai même pas voulu, quoique je l’aime bien, mais il est arrivé là, marchant dans les bois de l’Ithilien) : Faramir, le frère de Boromir – et il retarde la « catastrophe » avec tout un tas de choses sur l’Histoire du Gondor et du Rohan (avec, sans aucun doute, quelques réflexions profondes sur la gloire martiale et la gloire véritable) ; mais s’il continue encore longtemps, il devra être déplacé en grande partie dans les appendices, où se trouve déjà un matériau fascinant sur la consommation du Tabac chez les Hobbits et sur les Langues de l’Ouest. Il y a eu une bataille, avec un monstrueux Oliphant (le Mamûk d’Harad) inclus, et après un petit moment passé dans une grotte derrière une cascade, je pense conduire enfin Sam et Frodo à Kirith Ungol et dans les toiles des Araignées. Alors la Grande Offensive éclatera. Et ainsi, avec la mort de Théoden (tué par un Nazgûl) et l’arrivée des armées du Cavalier Blanc devant les Portes du Mordor, nous arriverons au dénouement et un rapide déroulement jusqu’à la fin. Dès que je pourrai écrire les nouveaux épisodes de manière lisible, je les taperai et te les enverrai.
Afficher en entierExtrait d’une lettre à Edith Bratt
2 mars 1916
Tout ce triste après-midi de crachin j’ai à nouveau potassé de vieilles notes de cours d’art militaire – ce qui m’a barbé au bout d’une heure et demie. J’ai fait quelques retouches à mon absurde langue féerique et l’ai améliorée.
Je meurs souvent d’envie d’y travailler et m’y refuse car bien que cela me passionne, cela semble vraiment être un passe-temps dément !
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