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Le combat s'était engagé, feutré. Elle ouvrit davantage son manteau sur sa robe moulante et se dit qu'il l'aimait trop pour supporter longtemps sa provocation. « Je cherche à te plaire, tu le sais bien. Je veux te revoir. Je veux que tu me prennes dans tes bras. Je ne supporte plus de t'appeler en vain, d'entendre la voix de ta secrétaire ou celle de ta fille..
Afficher en entierLaura rencontra pour la première fois une expression aimable sur les traits de la secrétaire : elle lui souriait franchement, rassurée de ne pas s'être trompée... Sur quoi? Tandis que la porte se refermait, elle l'entendit répondre avec application au téléphone
Afficher en entierDans le silence qui s'installa, Laura par provocation fit crisser ses bas noirs en croisant et décroisant les jambes. Quand la porte capitonnée s'ouvrit, la jeune femme se leva d'un bond et enveloppa Laura d'un regard inquiet, presque suppliant. Une dame d'une cinquantaine d'années, élégante et bronzée, se retournait sur un homme à la carrure imposante, au profil de Viking, qui la suivait en souriant
Afficher en entierAu bas du seul immeuble moderne de cette large avenue où les façades grises se succédaient, Laura crut s'être trompée. Elle allait faire demi-tour quand son regard fut attiré par une plaque grise et carrée, scellée dans le mur par quatre clous argentés. Des lettres noires, largement espacées, indiquaient : « DOCTEUR MICHEL DULAC. CHIRURGIEN PLASTICIEN. 2e ÉTAGE.
Afficher en entierEt tous de s'élancer dans l'escalier, à l'exception du long jeune homme brun qui la suivit dans l'ascenseur, la rattrapa d'un geste bref quand l'ébranlement de l'appareil la fit trébucher. Dans ses yeux sombres et plissés, en quelques secondes elle reconstitua la scène du café et comprit qu'ils avaient tous assisté à sa métamorphose, jaugé son cynisme et sa duplicité. Elle sentit sa gorge se contracter, ses joues s'empourprer
Afficher en entierElle ne prit pas garde à l'esclaflFement de la patronne qui lui apportait son café, ni au ralentissement des conversations dans son dos, ni même aux quelques « Chut! » qui fusèrent à droite et à gauche. Elle expliqua à la secrétaire qu'elle s'appelait Laura Fia-mine, qu'elle avait posé sa candidature, envoyé un dossier, des articles, qu'elle avait rendez-vous avec Simon Sandman, le responsable du service, qu'elle était en retard mais qu'elle serait là dans cinq minutes. « Ah! Il n'est pas encore de retour. Tant mieux, j'arrive.
Afficher en entierQuand Laura pénétra dans le bistrot de la place Maubert, face au siège de La Comète, elle était essoufflée et vaillante. Elle fut happée par un joyeux brouhaha qui ne la troubla pas. Une vingtaine de journalistes finissaient de déjeuner et commentaient d'une table à l'autre leur trentième numéro sorti le matin même : La Comète venait de passer un cap et c'était une victoire qu'ils arrosaient copieusement. La patronne trônait derrière son bar, triturant un exemplaire du journal et ne cessant de marmonner qu'ils avaient des « couilles à l'encéphale » mais que tout ça n'allait pas durer
Afficher en entierMais quelques jours plus tard, Jérôme avait gagné. Une victoire étrange, inattendue. Sa bouche malhabile, plus pudique, avait tenté de décrire à son tour le corps de sa sœur et puis, brusquement, il avait renoncé : « Je ne te vois pas. Je ne vois rien.
Afficher en entier« Juste Ciel, Jérôme, tu as mal fermé ton encrier, ton cartable tressaute sur tes épaules. L'encre, goutte à goutte, noircit le bas de ton short, c'est une catastrophe, retourne-toi, cette tache sur ta peau ne partira plus, tu es marqué pour la vie... » Sans même un haussement d'épaules, Jérôme passait outre : « Nulle, tu es nulle, ma pauvre fille », raillait-il de sa voix insolente
Afficher en entierDans la lumière de l'hiver, elle marcha vers le fleuve sans se retourner, visage de proue, cheveux flottants. Ça faisait partie des ordres. C'était le moment que d'habitude elle préférait et redoutait. Ne pas donner l'éveil, avait dit la voix au téléphone, ne pas avoir l'air de soupçonner une filature, que sa crainte susciterait. Jusqu'au fleuve, nonchalante, sans se retourner. Se plier à cette contrainte, c'était pour Laura retrouver un jeu familier. Elle laissait monter en elle une peur vague, venue de l'enfance, si troublante qu'elle en oubliait la réalité, l'improbable filature, tendue vers un souvenir fuyant qu'elle s'ingéniait à préciser
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