Extraits

C'est le lot des femmes comme moi de plaire à ceux qui ne me plaisent pas et de laisser indifférents ceux que je trouve charmants.

Quand la douleur est trop forte, quand les questions que je me pose finissent par me déchirer, je ne peux pas résister à l'envie de l'appeler. [...] j'ai toujours l'espoir qu'elle finira par me répondre. Mais elle ne dit rien et... c'est humiliant. Je préférerais les reproches ou les insultes.

- Non, Nathan. J’ai enfin saisi une chose : écrire c’est vivre dans d’autres mondes régis par d’autres lois. C’est permettre à l’imagination de prendre le pouvoir sur la raison, de brouiller les frontières, d’effacer les repères. Et on finit par passer plus de temps dans des univers irréels à fréquenter des personnages qui le sont également qu’à prendre soin des êtres qui nous sont chers.

Je ne sais pas comment fonctionnent les… êtres normaux. Pour ma part, chaque anecdote, chaque confidence, chaque fait, chaque information lue ou entendue représentait des sujets potentiels de roman. Mon imagination sautait sur toutes les occasions de s’emballer. Ou plutôt, telle une dompteuse d’étalons, hardie et sûre d’elle, elle enfourchait les montures, testait leur vitalité, leur fougue, leur capacité à se rebeller puis à se soumettre pour accepter e se laisser monter et porter vers de nouvelles aventures

Une personne croisée dans le bus, dans la rue, lors d’une réunion, attirait mon attention et j’imaginais sa vie, son passé, ses amours, ses drames. C’était une manie, une déviance peut-être.

 Avec les réseaux sociaux, tu prends le risque de devenir un homme virtuel au lieu d’être virtuellement un homme. 

Nous passons notre vie à tenter de nous faire une place dans la société quand nous devrions consacrer tous nos efforts à nous en faire une dans le cœur de nos proches.

J'étais en manque de tourments sémantiques. Je souhaitais affronter les mots, les obliger à se conformer à mes idées, à créer des phrases suffisamment lumineuses pour éclairer les coins sombres de mon âme.

Je ne relisais jamais mes romans, persuadé que les faiblesses de mon texte suffiraient à m'anéantir. Puis l'opinion de mon agent, de mon éditeur et de mes lecteurs venait calmer cette appréhension allant même, quand mon narcissisme annihilait toute lucidité, jusqu'à me laisser croire que je possédais un don, celui d'écrire vite et bien de beaux romans capables de passionner le public.

Puis je réalisai que cette personne avait justement mis le doigt sur les fondements de mon mal être. Je ne vivais pas la vie que j'avais espérée et produisais des romans décevants.

" L'inspecteur , surpris par cette visite impromptue , se leva pour aller l'accueillir . Il la trouva fatiguée , amaigrie . Sa jeunesse semblait s’être subitement fanée pour laisser place au masque d'infinie tristesse propre aux femmes mures ayant affronté le malheur . "