Extraits

J’arrive au pied du gratte-ciel dans lequel Milton a ses quartiers. Je passe à travers la grande porte à tourniquet et pénètre dans l’entrée. Le hall est très grand et les sons résonnent contre le marbre rose et beige. Je me dirige vers les ascenseurs qui desservent tous les étages. Celui de gauche s’ouvre en premier et je me faufile au milieu d’un groupe de personnes, en costume ou en tailleur, toutes au téléphone, babillant dans leur jargon financier. Les mots se mélangent dans le petit espace clos et forment une bouillie sonore irritante pour les oreilles. C’est bizarre, ces gens qui sont les uns à côté des autres et qui ne se regardent pas, les yeux dans le vide et la tête dans les chiffres.

Allons, plus que vingt-quatre heures et mon prince charmant sera revenu. Je me jette en arrière sur le canapé en poussant un grand soupir. Mon regard se perd au plafond. Comment arranger toutes ces histoires ? L’amitié de Nina et la relation avec Milton ? Et puis il y a aussi le mystère du château… Je gonfle mes joues et laisse passer un filet d’air par la bouche. Tout cela me laisse perplexe.

Allez, retour au boulot. Je ne vais pas laisser des considérations personnelles me distraire de mon travail. Rigueur et professionnalisme avant tout !

Y a-t-il quoi que ce soit que Milton ne me dit pas ? Que dois-je m’attendre à découvrir derrière cette figure d’homme parfait ?

Tous ces mystères autour du château Bertram ne font que s’épaissir et me mettent mal à l’aise. La bâtisse, aujourd’hui à l’abandon, semble porter en ses murs décrépis une énigme. Une énigme qui lie les frères Bertram…

Il faut absolument que je parle de tout cela avec Milton. Face à face.

Elle a appris que Milton avait enquêté sur nous et notre boîte d’événementiel. Bon, il s’agit d’un milliardaire qui confie l’organisation de l’anniversaire de mariage de ses grands-parents à une boîte tenue par deux jeunes filles. Je comprends qu’il se renseigne un peu.

Même si je sais, moi, que c’était surtout pour me retrouver et me revoir…

Je devrais peut-être l’avouer à Nina ?

Par contre, je suis sûre qu’inconsciemment sa position est influencée par son père, Edmond Bertram, et ses oncles Germain et Wilhelm.

Nina est une fille super. C’est ma meilleure amie.

Et c’est précisément pour ça que je lui en veux.

Comment a-t-elle pu me faire un truc pareil ? Je repense sans arrêt à ce qui s’est passé à l’aéroport, une semaine plus tôt. On ne s’est pas reparlé depuis. Quelques mails échangés pour le boulot avec un ton neutre et factuel, mais rien de plus. Elle ne se rend pas compte qu’elle est allée un peu loin ?