Extraits

Un professionnel ne mélange jamais le travail et les sentiments. Il exécute des contrats sans s’interroger sur les raisons de son commanditaire. Mais comment peut réagir un tueur qu’une belle Française laisse tomber ? C’est à cette question que s’attache le Journal d’un tueur sentimental au Fil de six journées d’une course mouvementée, de la Turquie au Mexique, à la poursuite d’une cible étrange et fuyante, d’un amour tout aussi insaisissable.

Hot Line se passe au Chili. Et de nos jours dans ce pays, pour s’attaquer à un militaire il faut être inconscient ou exceptionnellement honnête. C’est ce que découvre George Washington Caucaman, un inspecteur rural mapuche, lorsqu’on le punit en le mutant à Santiago pour y enquêter sur les téléphones roses. Au-delà de l’étonnement narquois et des dialogues bouffons, il y découvre la peur d’un peuple prisonnier d’une démocratisation sous surveillance. Éléphant dans un magasin de porcelaine, il applique aux politiques les mêmes méthodes qu’aux bandits et voleurs de bétail de Patagonie…

Tu vois ? Calme-toi, il y a des troupeaux de minettes comme elle. Écoute, tu as encore du temps. Enregistre ta valise et va boire un gin, m’a conseillé le type du miroir

Sur le trajet jusqu’à l’aéroport j’ai du supporter un autre de ces monstres de loquacité que sont les taxis madrilènes. — Vous aimez les taureaux ? a-t-il attaqué. — Ça dépend de la cuisson. — Mais non, je vous parle de la corrida, des toreros, vous comprenez 

J’étais en train de payer ma note quand le réceptionniste m’a prévenu qu’il y avait un appel pour moi. La cabine ressemblait à un sauna, et la chaleur a augmenté quand j’ai reconnu la voix de ma belle Française

Il m’a remis une enveloppe et m’a remercié pour les mille pesetas de pourboire en portant sa main à sa tempe. J’ai mangé le sandwich, bu la bière et je suis retourné dans ma chambre

J’ai regardé ma montre. Il était 9 heures du matin, je me suis mis sous la douche et je suis resté un long moment sous le jet d’eau froide

— Voilà cent mille mais tu te conduis bien. — Je me conduis toujours bien, chéri, a-t-elle répondu en tendant sa grande bouche rouge. Et elle l’a fait. L’effet des fruits de mer s’est dissipé après le troisième round, et en se rhabillant elle a dit :

« Ne m’attends pas. Je regrette mais je ne viendrai pas. J’ai rencontré un homme qui m’a fait voir le monde d’une façon totalement différente. Je t’aime mais je crois que je suis amoureuse. Je vais rester deux semaines à Mexico avant de revenir à Paris. On parlera de tout. Je voudrais rester pour toujours avec lui, mais je reviens pour toi, parce que je t’aime et qu’il faut qu’on parle. Je t’embrasse. 

Il a servi deux whiskies, nous avons trinqué, il a bu et fermé les yeux. C’était un homme digne et je me suis arrangé pour que la première balle l’efface de la liste des vivants

Je me suis installé au comptoir, j’ai commandé un gin et j’ai décidé de me vider la tête en regardant la télé qui trônait sur le bar. Sur l’écran une grosse imbécile recevait les appels téléphoniques d’autres imbéciles et elle faisait ensuite tourner une roue de tombola. Les lots étaient aussi imbéciles que les participants. À l’entracte l’écran s’est rempli de filles en minijupes qui m’ont fait penser à ma belle petite. Dans deux heures l’avion allait atterrir avec ma belle Française. Disons que dans deux heures et demie elle serait à l’hôtel avec moi. Je n’allais pas la chercher à cause de la règle qui ordonne d’éviter les aéroports internationaux. Il y a une possibilité sur un million que quelqu’un vous reconnaisse, mais la loi de Murphy pèse chez les professionnels comme une malédiction