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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-22T17:20:39+02:00

J’avais bien souvent aperçu Justine ainsi, et naturellement je la connaissais très bien de vue longtemps avant que nous n’échangions les premiers mots : notre ville ne permet guère l’anonymat à ceux qui ont plus de deux cents livres de revenu par an. Je la vois assise au bord de la mer, seule, lisant un journal en grignotant une pomme ; ou dans le hall du Cecil Hôtel, entre les palmiers poussiéreux, vêtue d’un fourreau pailleté d’argent, portant sa magnifique fourrure rejetée dans le dos comme les paysans portent leur manteau, son long index recourbé sur la chaînette. Nessim s’est arrêté à la porte du dancing éblouissant de lumière et de musique. Il ne l’a pas vue. Sous les palmiers, dans une niche, un couple de vieillards joue aux échecs. Justine s’est arrêtée pour les regarder. Elle ne connaît rien à ce jeu, mais l’aura d’immobilité et de concentration qui les enveloppe la fascine. Elle se tient là, un long moment, entre les joueurs sourds au monde et à l’univers bruyant de la musique, comme indécise et ne sachant dans quel monde plonger. À la fin Nessim s’approche doucement pour lui prendre le bras, et ils restent ainsi tous les deux un instant, elle regardant le joueur, lui la regardant. Puis elle se détourne à regret, et avec un faible soupir s’avance prudemment dans le monde du bruit et de la lumière.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-22T17:20:27+02:00

Puis des hommes fatigués qui relèvent les stores de leurs balcons et font un pas en clignotant dans la pâle et chaude lumière — fleurs languides des après-midi d’angoisse, têtes dolentes sous le pansement des rêves moites de leurs affreuses couches. Je suis devenu un de ces pauvres employés de la conscience, un citoyen d’Alexandrie. Elle passe sous ma fenêtre, souriant au fantôme d’une satisfaction intime, en éventant doucement ses joues avec le petit éventail de paille. Un sourire que je ne reverrai probablement jamais, car lorsqu’elle est en compagnie elle se contente de rire, en découvrant ses magnifiques dents blanches. Mais ce triste et furtif sourire contient encore comme une espièglerie latente qu’on ne se serait pas attendu à rencontrer chez elle. On aurait pu penser qu’elle était d’une nature plus tragique et qu’elle manquait de l’humour le plus ordinaire. Mais le souvenir obstiné de ce sourire en vient à me faire douter de cela maintenant.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-22T17:20:19+02:00

Je repense à cette époque où le monde connu existait à peine pour nous quatre ; les jours n’étaient que des espaces entre des rêves, des espaces entre les paliers mouvants du temps, des occupations, des bavardages… Un flux et reflux d’affaires insignifiantes, une flânerie sans but au long de choses mortes, qui ne nous conduisait nulle part, ne nous apportait rien, une existence qui n’attendait rien d’autre de nous que l’impossible : être nous-mêmes. Justine disait que nous étions pris dans la projection d’une volonté trop puissante et trop délibérée pour être humaine, le champ d’attraction qu’Alexandrie dirigeait sur ceux qu’elle avait élus pour être ses vivants symboles…

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-22T17:20:12+02:00

Melissa n’avait percé mes fragiles défenses par aucune de ces qualités que l’on se plaît à énumérer quand on parle d’une maîtresse : charme, exceptionnelle beauté, intelligence, non, mais par la vertu de ce que l’on ne peut appeler que sa charité, au sens grec du mot. Je la voyais souvent passer, je me souviens, pâle, plutôt mince, vêtue d’un pauvre manteau en peau de phoque, tenant son petit chien en laisse, émouvante. Ses mains de phtisique marquées de veines bleues, etc. Ses sourcils peints dont la courbe trop accusée donnait à ses beaux yeux un air à la fois candide et effronté. Pendant des mois je la vis tous les jours, mais sa beauté taciturne n’éveillait aucune réponse en moi. Chaque jour je la rencontrais en allant au Café Al Aktar où Balthazar m’attendait, son chapeau noir vissé sur sa tête, pour me donner « l’enseignement ». Il ne me venait pas à l’idée que je pourrais devenir son amant.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-22T17:20:04+02:00

Je ne suis ni heureux ni malheureux : je vis en suspens, comme une plume dans l’amalgame nébuleux de mes souvenirs. J’ai parlé de la vanité de l’art, mais, pour être sincère, j’aurais dû dire aussi les consolations qu’il procure. L’apaisement que me donne ce travail de la tête et du cœur réside en cela que c’est ici seulement, dans le silence du peintre ou de l’écrivain, que la réalité peut être recréée, retrouver son ordre et sa signification véritables et lisibles. Nos actes quotidiens ne sont en réalité que des oripeaux qui recouvrent le vêtement tissé d’or, la signification profonde. C’est dans l’exercice de son art que l’artiste trouve un heureux compromis avec tout ce qui l’a blessé ou vaincu dans la vie quotidienne, par l’imagination, non pour échapper à son destin comme fait l’homme ordinaire, mais pour l’accomplir le plus totalement et le plus adéquatement possible. Autrement pourquoi nous blesserions-nous les uns les autres ? Non, l’apaisement que je cherche, et que je trouverai peut-être, ni les yeux brillants de tendresse de Melissa, ni la noire et ardente prunelle de Justine ne me le donneront jamais. Nous avons tous pris des chemins différents maintenant ; mais ici, dans le premier grand désastre de mon âge mûr, je sens que leur souvenir enrichit et approfondit au-delà de toute mesure les confins de mon art et de ma vie. Par la pensée je les atteins de nouveau, je les prolonge et je les enrichis, comme si je ne pouvais le faire comme elles le méritent que là, là seulement, sur cette table de bois, devant la mer, à l’ombre d’un olivier. Ainsi la saveur de ces pages devra-t-elle quelque chose à leurs modèles vivants, un peu de leur souffle, de leur peau, de l’inflexion de leur voix, et cela se mêlera à la trame ondoyante de la mémoire des hommes. Je veux les faire revivre de telle façon que la douleur se transmue en art… Peut-être est-ce là une tentative vouée à l’échec, je ne sais. Mais je dois essayer.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-22T17:19:56+02:00

Dans la grande tranquillité de ces soirées d’hiver il y a une horloge : la mer. Son trouble balancement qui se prolonge dans l’esprit est la fugue sur laquelle cet écrit est composé. Vides cadences des vagues qui lèchent leurs propres blessures, maussades dans les échancrures du delta, bouillonnantes sur ces plages désertes… vides, à jamais vides sous le vol circulaire des mouettes : griffonnages blancs sur du gris, mâchonnés par les nuages… Si d’aventure une voile s’approche de ces parages, elle meurt bientôt, avant que la terre ne la recouvre de son ombre. Épaves refluées aux frontons des îles, la dernière couche, rongées par les intempéries, plantées dans la panse bleue de la mer… ultime naufrage !

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-22T17:19:49+02:00

Je suis venu ici afin de rebâtir pierre par pierre cette ville dans ma tête — cette triste province que le vieillard voyait pleine des « ruines sombres » de sa vie. Grondement des trams brimbalant dans leurs veines de métal en pénétrant dans la meidan{4} aux tons de rouille de Mazarita. Or, phosphore, magnésium, papier. C’est là que nous nous retrouvions souvent. En été il y avait là une petite échoppe aux stores de couleur vive où elle aimait venir manger des tranches de pastèque et des sorbets roses. Elle arrivait toujours en retard naturellement, sortant peut-être à l’instant de quelque rendez-vous galant dans une chambre aux volets clos, mais je m’efforçais de ne pas penser à cela lorsque les pétales de sa bouche, merveilleusement fraîche et jeune, se pressaient sur mes lèvres et tentaient d’apaiser toute la soif de l’été. L’homme qu’elle venait de quitter rôdait peut-être encore dans sa mémoire ; son corps était peut-être encore couvert, par endroits, du pollen de ses baisers. Melissa ! Mais cela importait si peu de toute manière ; seule comptait alors la forme souple de son bras s’appuyant sur le mien, et je goûtais un bonheur sans mélange et pur de tout secret. C’était bon d’être là, gauches et un peu timides, légèrement oppressés, car tous deux nous savions que nous désirions la même chose. Les messages ne s’arrêtaient pas à la conscience et traversaient sans peine les lèvres entrouvertes, les yeux, les sorbets roses et la petite échoppe aux stores de couleurs vives. Nous étions sans pensées, nous tenant par le petit doigt, buvant à longs traits l’après-midi à l’odeur de camphre ; nous faisions corps avec la ville…

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-22T17:19:43+02:00

J’ai jeté ce soir un coup d’œil dans mes papiers. L’enfant en a déchiré un certain nombre, d’autres ont servi à allumer le feu. Cette forme de censure me plaît car elle a l’indifférence du monde naturel pour les constructions de l’art, indifférence que je commence à partager. Après tout, Melissa se soucie-t-elle d’une belle métaphore maintenant qu’elle gît, anonyme momie, dans le sable tiède de l’estuaire enveloppé de ténèbres ?

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-22T17:19:35+02:00

Qui est-elle, cette ville que nous avions élue ? Que contient et résume ce mot : Alexandrie ? Dans un éclair je revois un millier de rues où tourbillonne la poussière. Des mouches et des mendiants en ont pris aujourd’hui possession, et tous ceux qui mènent une existence intermédiaire entre ces deux espèces.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-22T17:19:27+02:00

Notes pour un paysage… Longs accords de couleur. Lumière filtrée par l’essence des citrons. Poussière rougeâtre en suspension dans l’air, grisante poussière de brique, et l’odeur des trottoirs brûlants, arrosés et aussitôt secs. Des petits nuages mous, à ras de terre, et qui pourtant n’amènent presque jamais la pluie. Sur ce fond de teint rougeâtre, d’impalpables touches de vert, de mauve crayeux et des reflets de pourpre dans les bassins. En été une humidité venait de la mer et donnait au ciel une patine sourde, enveloppant toutes choses d’un manteau visqueux.

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