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Alors que les principales préoccupations de la population des USA portent sur la situation économique - catastrophique -, le Petit Buisson a en effet axé
sa propagande sur "la grandeur de la nation américaine" et sur la nécessité
d'entretenir une force de frappe capable de "tenir tête aux hordes soviétiques".
On voit là l'influence du lobby de l'armement et des grandes compagnies pétrolières qui ont financé sa campagne, mais aussi celle, grandissante, de l'aile droite du parti républicain et de ses faucons pour qui seule une guerre nucléaire - victorieuse - contre l'URSS peut permettre aux USA de reprendre le leadership mondial.
Afficher en entierLe spectacle que je découvris me coupa le souffle. Sur un lit circulaire à baldaquin provenant sans doute de quelque bordel fermé depuis belle lurette, une demi-douzaine de jeunes femmes qui me donnaient l'impression d'être des call-girls s'enlaçaient, s'entassaient, s'agglutinaient dans des positions incongrues et dans le plus simple appareil, sans jamais cesser de s'empresser autour du Petit Homme vert qui étai l'objet de toutes leurs attentions.
Afficher en entierDe l'autre côté de l'étendue pavée, nous nous engageâmes dans une venelle boueuse bordée de troènes. À quelques pas de là, l'idiot me lâcha la main et, s'accroupissant, il écarta les branchages pour révéler un trou dans la haie assez large pour livrer passage à un homme adulte. Il le franchit le premier. Je profitai du bref instant de solitude qui m'était offert pour vérifier le fonctionnement de mon équipement de combat. Si ce demeuré ne m'avait pas mené en bateau, les choses sérieuses étaient sur le point de commencer.
Afficher en entier- Un truc ? » Il hocha la tête avec vigueur, projetant des gouttes de salive aux alentours ; par chance, aucune d'elles ne m'atteignit. « Quel genre de truc ? » Il regarda autour de lui d'un air méfiant. Puis, se penchant en avant, il me chuchota à l'oreille, sans la moindre faute de prononciation pour une fois : « Un Vert. »
Afficher en entierAssis sur un petit muret au bord de la place, je me mis donc en demeure d'attendre. Je savais que l'on ne me poserait pas de questions : les Verts considèrent en effet que chacun est libre d'agir à sa guise sans fournir d'explications du moment que sa conduite n'a aucune incidence sur autrui - ce qui explique d'ailleurs que l'on assiste parfois à certains comportements qui, en tout autre lieu, seraient jugés comme aberrants, et que malades mentaux et simples d'esprit se promènent en liberté dans tout le Camp…
Afficher en entierJ'avais parcouru trois ou quatre cents mètres lorsque j'atteignis une place circulaire d'une vingtaine de pas de rayon, qui possédait la particularité - pour moi inédite - d'être pavée. Les terrains adjacents avaient été divisés en lopins triangulaires réguliers que séparaient des haies de troènes faméliques ; les maisons qui s'y dressaient avaient beau n'être que des modèles bon marché, démontables en quelques heures, cela ne les empêchait pas de paraître cossues en comparaison des véhicules cabossés et des tentes élimées qui les entouraient.
Afficher en entierLes gens qu'il m'arrivait à présent de croiser, assis sur une pierre ou marchant à ma rencontre sur l'étroite piste, ne me prêtaient aucune attention, bien que ma tenue pût difficilement passer pour celle d'un Vert. Il était donc vrai, ainsi qu'on me l'avait assuré quelques heures plus tôt, que tous les habitants du Camp de Mars ne mettaient pas autant d'assiduité à respecter les codes vestimentaires que la profession de foi des fondateurs du mouvement prétendait leur imposer, en particulier parce que bon nombre d'entre eux étaient tout simplement trop pauvres pour cela. J'avais par conséquent tout loisir d'abandonner mon personnage initial pour en endosser un autre, celui d'un Campeur anonyme vaquant à ses occupations ; il présentait entre autres avantages celui de me permettre de dérouiller mon créole, qui en avait sûrement besoin.
Afficher en entierPuis il replongea derrière son muret. Un grand timide, ce garçon. Il existait bien sûr une possibilité infime pour qu'il s'agît d'un remarquable comédien, et une autre, plus microscopique encore, pour que derrière ce masque de parfaite imbécillité se dissimulât l'un des ravisseurs de l'ambassadeur ; j'envisageai ces hypothèses avant de les rejeter en bloc, à peu près convaincu que je venais bel et bien de rencontrer l'idiot du village.
Afficher en entierUn léger froissement sur ma gauche me confirma que j'avais de la compagnie. Il me suggéra également que mon invisible suiveur n'était pas un professionnel - ou alors peu consciencieux au point de trahir ainsi sa présence. « C'est bon, sors de là », dis-je en français.
Afficher en entierTout en marchant, mine de rien, je ne cessais d'observer les alentours. On ne sait jamais. Si j'avais été un authentique automobiliste en panne, je n'aurais couru aucun risque à m'aventurer dans le Camp de Mars - et ce, même en poussant la provocation jusqu'à me vêtir comme un prince, bijoux inclus, et à descendre d'une Rolls-Royce avec chauffeur. Les Verts avaient hérité de leurs ancêtres les beatniks leur mépris de l'argent, tout comme ils avaient emprunté à leurs cousins disparus les hippies leur refus absolu de la violence.
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