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A son avis, l’essence de ces maris consistait en ceci qu’ils devaient être, pour ainsi dire, des « éternels maris » ou, pour mieux dire, qu’ils devaient être dans la vie uniquement des maris, et rien d’autre.
« un homme de ce genre-là grandit seulement pour se marier, et, une fois marié, pour se transformer en un complément de sa femme, même dans le cas où il pourrait avoir son caractère à lui, indiscutable .
Ce genre de mari ne peut pas ne pas être cocu, comme le soleil ne peut pas ne pas briller.
Afficher en entier— Je vous ai aimé, Alexeï Ivanovitch, prononça Pavel Pavlovitch, comme brusquement décidé, et pendant toute cette année à T., je vous ai aimé, n'est-ce pas. Vous n'avez pas remarqué, poursuivit-il d'une voix un peu tressautante, à la plus grande horreur de Veltchaninov, je me tenais trop bas, n'est-ce pas, comparé à vous, pour vous le faire remarquer. Et ce n'était pas la peine, n'est-ce pas, si ça se trouve. Mais, pendant toutes ces neuf années, je me suis souvenu de vous, n'est-ce pas, parce que je n'avais jamais connu d'année pareille dans ma vie, pareille à cette année-là. […]
— Assez, je vous en prie, Pavel Pavlovitch, marmonna-t-il, rougissant, plein d'une impatience nerveuse. Et pourquoi, pourquoi, s'écria-t-il brusquement, pourquoi venez-vous vous attacher à un homme malade, à bout de nerfs, un homme qui est presque dans le délire, pourquoi le traînez-vous dans ces ténèbres... alors que, tout ça, c'est un fantôme, un mirage, un mensonge, une honte, quelque chose de contre nature et – hors de toute mesure – c'est ça, l'essentiel, c'est ça le plus honteux, que ça passe toute mesure ! Et puis, c'est des sottises, tout ça : nous sommes, tous les deux, des êtres pervers, dégoûtants, des êtres de sous-sol...
Afficher en entierVeltchaninov dormit lourdement et ne se réveilla qu’à neuf heures et demie. Il se leva alors, s’assit sur son lit et se prit à songer à la mort de « cette femme ».
Afficher en entierPavel Pavlovitch n’avait pas du tout songé à « se sauver », et Dieu sait pourquoi Veltchaninov lui avait fait cette question : probablement parce qu’il avait lui-même perdu la tête. À la première demande qu’il fit dans une petite boutique de Pokrov, on lui indiqua l’hôtel, à deux pas, dans une ruelle. À l’hôtel, on lui dit que M. Trousotsky occupait un appartement meublé chez Maria Sysoevna, dans le pavillon, au fond de la cour. Tandis qu’il montait l’escalier de pierre, étroit et malpropre, du pavillon, jusqu’au second étage, il entendit des pleurs. C’étaient des pleurs d’enfant, d’un enfant de sept à huit ans ; la voix était plaintive. On entendait des sanglots étouffés qui éclataient, et, en même temps, des bruits de pas, des cris qu’on cherchait à assourdir, sans y réussir, et la voix rauque d’un homme. L’homme s’efforçait, semblait-il, de calmer l’enfant, faisait tout pour qu’on ne l’entendît pas pleurer, mais faisait lui-même plus de bruit que lui ; ses éclats de voix étaient rudes, l’enfant paraissait demander grâce. Veltchaninov s’engagea dans un étroit couloir sur lequel s’ouvraient deux portes de chaque côté ; il rencontra une femme très grande, très grosse, en toilette négligée, et il lui demanda Pavel Pavlovitch. Elle indiqua du doigt la porte d’où venaient les sanglots. La figure large et rougeaude de cette femme de quarante ans exprimait l’indignation.
Afficher en entierTout en lui parlant, Veltchaninov lui prit la main, comme tantôt, et la garda dans les siennes, et elle ne la retira pas. L’enfant ne se tut pas jusqu’au bout ; elle finit par lui répondre, en termes confus, qu’elle avait aimé son père plus que sa mère, parce que jadis il l’aimait beaucoup et que sa mère l’aimait moins ; mais que maman, au moment de mourir, l’avait embrassée très fort, et avait beaucoup pleuré, quand tout le monde avait eu quitté la chambre et qu’elles étaient restées seules toutes les deux… et que maintenant elle aimait sa mère plus que tout le monde, et l’aimait chaque jour davantage.
Afficher en entierTranquillement, sans phrases inutiles, sans agitation superflue, il lui rendit compte de sa journée : il lui dit comment s’était passé le voyage, avec quelle bonne grâce Lisa avait été accueillie, le bénéfice qu’en retirerait sa santé ; puis, insensiblement, comme s’il oubliait Lisa, il en vint à ne plus parler que des Pogoreltsev. Il vanta leur bonté, la vieille amitié qui l’unissait à eux, il dit l’homme excellent et distingué qu’était Pogoreltsev, et autres choses semblables. Pavel Pavlovitch écoutait d’un air distrait, et jetait de temps à autre à son interlocuteur un sourire incisif et sarcastique.
Afficher en entierC’était le 3 juillet. L’air était lourd, la chaleur suffocante. Ce jour-là, Veltchaninov eut énormément à faire. Des courses occupèrent toute sa matinée ; une visite chez un conseiller d’État, homme entendu, qui pouvait lui être utile et qu’il devait aller voir d’urgence à sa maison de campagne, très loin, quelque part sur la Tchiornaïa.
Afficher en entier— Le chapeau ! … murmurait-il comme illuminé. Oui, ce chapeau maudit, avec cet abominable crêpe : voilà la cause de tout !
Afficher en entier« Aurais-je un débordement de bile ? » se demanda-t-il avec inquiétude, en se regardant dans un miroir.
Afficher en entierJe suis hypocondriaque, c’est vrai ; je suis toujours prêt à faire d’une mouche un éléphant, c’est encore vrai ; mais tout cela serait-il moins pénible pour n’être qu’une imagination ?
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