Extraits

Il fallut donc me resigner au fait que je resterais, peut être jusqu'à la fin de mes jours, le suspect numero un dans l'affaire bergson. J'étais comdamné à vivre dans la clandestinité, c'est-à-dire à ne pas me faire remarquer. Je m'appliquai bien,sans en souffrir beaucoup. Une question d'habitude. J'ai toujours su me faire tout petit. Depuis que le monde est monde, il y a ceux qui vivent et ceux qui survivent. Moi, je fais parti de la seconde catégorie. C'est de naissance. Je respire moins, je regarde moins et parle moins. Quand je circule en ville il n'y a jamais personne qui me voie. Si je pose une question aux passants, il est rare qu'ils m'entendent. Je suis l'Homme invisible. Ce n'est peut être pas glorieux mais, au moins, je n'ai pas d'ennuis.

Un autre jour qu'il racontait à un client son histoire préférée - elle est très courte , c'est deux prostituées qui se disent putes - , je commis par distraction , la grossièreté de ne pas sourire .Je l'avais trop entendu , ce jeu de mots .Alors , Raymond fixa sur moi deux yeux comme des couteaux et ils étaient si tranchants que je pris peur .

- Maintenant , je vais m'occuper de mon fils . Je l'emmène au restaurant .

- Je n'ai pas faim , fis-je .

- Ça ne fait rien , dit maman sans se démonter . Tu me regardera manger .

- Pourquoi tu ne m'a pas prévenu ?

- Je voulais te faire la surprise .

- Ce n'est pas une très bonne surprise , soupirai-je . J'ai des tas de choses à faire aujourd'hui .

- Tu les feras une autre fois . Ce n'est pas tous les jours que tu as la chance de voir ta mère .