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Spoiler(cliquez pour révéler)Au bout de quelque temps, je m'aperçus que je m'adressais à lui tout haut. ----" Où ? Où veux-tu que cela ait lieu ? Je pourrais te déposer sur le lit de la Femme pâle et te brûler au milieu de ses richesses amoncelées... Le souhaiterais-tu ? Ou bien te sentirais-tu souillé du contact avec ce qui lui appartenait ? Où désirais-je, moi, qu'on dresse mon bûcher ? Sous le ciel de la nuit, je crois, pour laisser monter mes étincelles dans les étoiles. Aimerais-tu cela ou préférerais-tu la tente des Anciens, avec tes affaires autour de toi, dans l'intimité qui t'a toujours été si chère ? Pourquoi n'en avons nous jamais parlé ? Entre amis, ce sont pourtant des choses qu'on devrait savoir. Mais tous compte fait, Est-ce bien important ? Le passé reste le passé, la cendre reste la cendre... Néanmoins, il me conviendrais mieux je pense, de livrer ta fumée au vent nocturne ; te moquerais- tu de cette pensée ? Dieux comme je voudrais que tu puisse encore te moquer de moi !

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« Le temps, le plus infime des instants, regorge de points de choix. Nous y sommes si bien habitués que, moi-même, je dois parfois faire l’effort de me rappeler que j’opère constamment des choix, alors que je n’en ai pas l’impression.

Chaque respiration constitue un acte décisif. Mais cette conscience s’impose quelquefois de l’extérieur ; il m’arrive de rencontrer des personnes aux possibilités et au potentiel si grands qu’elles ébranlent la réalité par leur simple existence. J’ai encore ce sentiment devant toi ; l’improbabilité de ton apparition me laisse le souffle coupé. J’ai découvert relativement peu d’avenirs possibles où tu sois présent ; dans la plupart, tu disparais enfant ; dans d’autres... bah, je ne crois pas avoir besoin de te décrire toutes les façons dont tu péris dans des lignes temporelles voisines. Combien de fois n’as-tu pas échappé de la manière la plus invraisemblable aux mâchoires de la mort ? Eh bien, crois-moi, Fitz, dans des mondes parallèles aux nôtres, tes jours ont pris fin à ces moments-là. Pourtant, te voici devant moi, toujours vivant, toujours avec moi, véritable défi à la logique statistique, et, par ta seule existence, à chacune de tes respirations, tu modifies le temps tout entier. Tu m’évoques un coin enfoncé dans une bille de bois sec ; chaque battement de ton cœur te plonge plus profondément dans « ce qui pourrait être », et, à mesure que tu progresses, tu ouvres une fracture dans l’avenir, tu mets au jour cent, mille possibilités nouvelles qui se ramifient et se multiplient elles-mêmes par centaines, par milliers. » Il s’interrompit pour reprendre son souffle, et il éclata de rire devant ma mine sombre. «Eh oui, mon Catalyseur, c’est ce que tu fais, que ça te plaise ou non ! Et j’ai éprouvé la même impression ce soir devant l’Homme noir ; les possibilités miroitaient en si grand nombre autour de lui que je le distinguais à peine. Il est encore plus improbable que toi ! »

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« Dis-lui que tu as rêvé d’un loup avec un piquant de porc-épic dans la babine, et que ce loup a déclaré : « Comme toi jadis, je protège et je guide aujourd’hui ton fils. Je le défendrai contre tout péril et, une fois ma tâche achevée, je te le ramènerai vivant et en bonne santé." »

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L’intention du Prophète blanc paraît simple, il souhaitait engager le monde sur une voie différente de celle qu’il suivait depuis d’innombrables cycles. Selon lui, le temps se répète et, à chaque révolution, les gens réitèrent à peu près les mêmes erreurs qu’ils commettent toujours ; ils vivent au jour le jour et se laissent aller à leurs appétits et leurs désirs, convaincus que leurs actes n’ont aucune influence sur l’ordre du monde.

D’après le Prophète blanc, rien ne saurait s’éloigner davantage de la réalité. Le plus petit geste d’altruisme oriente légèrement le monde vers un meilleur chemin, et l’accumulation de tels choix apparemment infimes peut le changer.

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« Celui qui n’a rien à perdre, dit-il, occupe souvent la meilleure position pour se sacrifier au bénéfice des autres. »

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« Le travail, c’est le meilleur remède contre les soucis – et les peines de cœur. Absorbe-toi dans les tâches qu’on te confie, Heur, et ne te fais pas reproche de ta stupidité ; chacun commet sa part d’erreurs dans ce domaine. »

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Quand je me suis rendu au Porc Coincé deux jours plus tard dans l’espoir de l’y rencontrer, les clients de la taverne se sont moqués de moi et m’ont demandé quel effet ça faisait de se retrouver menu fretin à présent que le gros poisson mordait à nouveau. Je n’ai pas saisi tout de suite le sens de leurs railleries, mais ils me l’ont vite expliqué, et en détail. Jamais je n’ai éprouvé pareille humiliation, Tom ! C’est tout juste si je ne me suis pas enfui de l’établissement, et ma honte est telle que je n’y ai plus remis les pieds de peur de tomber nez à nez avec les tourtereaux. D’un côté, j’en meurs d’envie, pour révéler son infidélité à son compagnon et lui dire, à elle, que j’ai ouvert les yeux sur sa nature méprisable ; de l’autre, pourtant, je n’aspire qu’à me battre avec lui et le vaincre pour voir si ça me la ramènerait. J’ai l’impression d’être à la fois un crétin et un lâche.

— Tu n’es ni l’un ni l’autre, répondis-je, bien conscient qu’il lui était impossible de me croire. Le plus sage consiste à refermer la parenthèse. Bats-toi, reconquiers-la, et qu’auras-tu gagné ? Une femme semblable à une chienne en chaleur qui choisit le chien le plus fort. Dis-lui ses quatre vérités, attire-toi son dédain, et tu n’auras réussi qu’à mettre le comble à ton humiliation. Si ça peut te consoler, songe qu’elle s’étonnera toujours de la facilité avec laquelle tu l’as laissée partir.

— Triste consolation.

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« Si tu crois que je n’ai jamais connu l’amour, c’est que tu ne sais rien de moi, répliquai-je. En ce qui te concerne, Svanja est la première fille avec laquelle tu as dépassé le stade du « bonjour » ! Tu la culbutes dans ton lit et tu appelles ça l’amour ! Ce n’est pas une simple affaire de coucherie, mon garçon. Si l’amour n’est pas présent avant et ne survit pas après, s’il n’est pas capable de patience ni de courage face à la déception et la séparation, ce n’est pas l’amour. Il n’a pas besoin de relation physique pour exister ; il ne nécessite même pas de contact quotidien. Je le sais parce que j’ai connu l’amour, sous de nombreuses formes, dont ce que j’éprouve pour toi.

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— Et c'est un Loinvoyant. » L'intervention de Devoir nous surprit tos les deux. « Son serment d'allégeance à sa propre famille lui a coûté beaucoup. Aussi, aujourd'hui, en tant que votre prince, voici ce que j'ordonne, FitzChevalerie Loinvoyant : tenez votre parole envers vous-même. Montrez-vous aussi fidèle à votre cœur que vous l'avez été à Vérité et à Subtil. C'est votre roi qui vous le commande. »

Je le regardai, stupéfait non seulement de cet ordre généreux, de cette liberté qu'aucun autre monarque Loinvoyant n'avait jamais songé à m'octroyer, mais aussi de la rapidité avec laquelle l'adolescent maussade s'était changé en héritier du Trône.

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Là, ils avaient atterri devant la maison maternelle d'Elliania. A ce que j'avais compris, la suite ne s'était pas déroulée sans quelques dégâts architecturaux, mais enfin le gigantesque Glasfeu avait pénétré dans le bâtiment et posé sans grâce, et très brièvement, sa tête sur les pierres d'âtre afin que fût complètement remplie la promesse de Devoir à la jeune fille.

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