Extraits

- Un nourisson me trouverait-il jeune ou vieille ?

- Vieille, parce qu'il n'est pas apte à juger.

- Et un enfant ?

- Tout dépend de son âge.

- L'impression de jeunesse ou de vieillesse dépendrait donc de certains paramètres ?

- Non ! C'est évident pour n'importe quel adulte !

- Et une fleur adulte ? Ou un poisson adulte ?

- Ne sois pas idiote. Ni les fleurs ni les poissons ne sont conscients de l'âge.

- Mais tu affirmais que n'importe quel adulte...

- Un adulte humain !

- Si c'est évident pour toi, tu es humaine, déduisit Agatha. Pourtant, tu hantes le Pont depuis des milliers d'années. Alors, tu es quoi ? Jeune ou vieille ?

- Vieille, bien sûr.

-Et si tu es moi et que je suis toi, qu'est-ce que cela fait de moi ? enchaîna Agatha en souriant.

Son reflet compris, médusé.

Elle attrapa le pansement mal collé sous le col de son prince. Tedros la repoussa, Agatha se défendit. Il s’empara du chat et le lui jeta au visage. Elle se baissa pour l’esquiver. Résultat : Faucheur vola à travers la salle de bains en agitant ses petites pattes fripées et atterrit droit dans les toilettes.

- Si tu me connaissais, tu saurais que je fais les choses moi-même, haleta Tedros en resserrant les lacets de sa chemise.

- C’est mon chat que tu viens de me balancer à la tête ? Parce que j’essaie de t’éviter la gangrène ?

- Cette bestiole est le diable incarné ! Si, toi, tu me connaissais, tu saurais que j’ai les chats en horreur !

- Ça ne m’étonne pas que tu préfères les chiens : ils ne sont pas compliqués, bavent tout le temps et, à bien y réfléchir, ils te ressemblent beaucoup. 

- C'est une suggestion de la Doyenne. Je regrette de ne pas y avoir pensé moi-même, ne serait-ce que pour lui ôter la satisfaction d'avoir eu une bonne idée, avait grogné Rafal au moment d'emprunter l'escalier gravé SOUS-FIFRES. Maintenant que j'ai rajeuni, elle me traite comme si j'étais incapable de diriger ma propre école. L'éffrontée m'a même dit que mes survols de la baie pertubaient ses élèves, car ils regardaient par la fenêtre pendant les défis. Hé ! Le Grand Maître, c'est moi, merci. Si j'ai envie de partir en vrille, j'ai parfaitement le droit de...

- Rafal.

Sophie l'avait interrompu sur un ton si cassant qu'il s'était arrêté et l'avait dévisagée dans la cage d'escalier.

- J'aurais aimé avoir le temps de bavasser mais, qui que soit cette Doyenne, elle attend de moi que je fasse cours ici, alors que a) tous les élèves ont mon âge, b) aucun d'eux ne m'apprécie et c) je ne connais rien à l'enseignement !

Un cœur ne peut pas combattre le vent tant qu'il n'a pas appris à l'embrasser.

Au fond, tout ce qu'il faut pour réconcilier des ennemis, c'est un adversaire encore plus dangereux.

Un nombre incalculable de vies sont entre vos mains de gamins mal entraînés, à commencer par les vôtres, mais vous êtes trop occupés à vous chamailler et à perdre votre temps, comme deux singes qui se disputeraient le meilleur endroit où faire caca.

- Mais...Mais ....

- Tu voulais que je sois heureuse, Aggie. Ma place est ici. J'adore enseigner le véritable sens du Mal.

- Oh, Sophie ! Tu feras une merveilleuse Doyenne.

Tu... vas juste me manquer.

- Tu feras une reine encore meilleure. Tu vas changer leur vie, comme tu as changé la mienne.

" - ça ? Bredouilla-t-il sans comprendre. C'est avec ça que je dois traverser la moitié de l'école par la voie des airs?

- Le rat numéro un vous a aidés à franchir le portail, non? le rat numéro deux te conduira à la tour.

- Et le rat numéro trois négociera la paix mondiale? tonitrua Tedros." 7

Tedros & Anadil

"Tel un papillon attiré la flamme, Drillon se dirigea vers elles pour faire la paix.

A mesure qu'elle approchait, les demi-sœurs se radoucirent,comme si un vieux sentiment d'amour réciproque effaçait la nouvelle consigne de lui nuire.

Cendrillon tendit les bras vers elles, le visage épanoui, et n'entendit pas sa belle-mère approcher par-derrière avec la hache.

-Non ! hurla Agatha.

Cendrillon se retourna trop tard.

La hache s'abattit.

Quand la vielle princesse s'écroula, Agatha sentit ses yeux s'embuer, son pouls ralentir d'un coup.

Dans le brasier infernal de la forêt, une guerre s'arrêta."

Sophie se crispa.

-C-c-combattre Agatha et Ted...? Mais je croyais...

-Qu'il te suffirait de leur parler pour qu'ils nous laissent tranquilles et passent leur chemin?

-Je ne peux pas affronter Agatha.

Il existe sûrement un autre moyen...

Les prunelles de Rafal se durcirent.

-La seule solution, c'est la guerre.