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** Extrait offert par Leanne Banks **
1.
— C’est à moi !
Il y avait un tel désespoir dans la voix de cette femme que Garrett sortit la tête des eaux turquoise de Chankanaab Park, à Cozumel, pour découvrir, flottant à ses côtés, le haut d’un maillot de bain orange.
Il avait pris une journée de congé pour observer les poissons à travers son masque, et s’était attendu à voir toutes sortes d’espèces exotiques différentes, mais pas ça. Soudain, un poisson-perroquet s’approcha des triangles orange et en vérifia la comestibilité, avant de s’éloigner d’un coup de nageoire.
— Pourriez-vous… S’il vous plaît !
Garrett tourna la tête et découvrit une jeune femme, les cheveux blond vénitien plaqués en arrière, le masque relevé sur le front, les yeux agrandis par l’embarras.
Le poisson-perroquet s’était trompé. Cette femme était parfaitement comestible ! Elle cachait sa poitrine d’un bras, tout en palmant pour se maintenir à la surface.
— Le courant l’a emporté, expliqua-t-elle. Si vous pouviez juste le repousser vers moi…
— Je ne sais pas. Un objet perdu n’appartient-il pas à celui qui le trouve ? répondit-il, incapable de résister au désir de la taquiner.
— Soyez gentil, soupira-t-elle. De toute façon, je suis sûre que l’orange n’est pas votre couleur.
— Peut-être pas, admit-il d’un ton songeur, en attrapant le haut du maillot et en le sortant de l’eau. Et quelle est ma récompense ?
Elle releva le menton.
— Un gentleman ne réclamerait pas une récompense, répliqua-t-elle sèchement.
— Je n’ai jamais dit que j’étais un gentleman. Et une vraie lady saurait montrer sa reconnaissance.
— Qu’avez-vous en tête ?
— Un dîner, ce soir, répondit-il, en plantant son regard dans celui de la nageuse.
— Si vous pouviez me faire parvenir mon maillot, tout en gardant bien vos yeux dans les miens, sans qu’ils ne dévient ne serait-ce que d’un centimètre, alors j’accepterais un dîner en ville.
— Marché conclu, répondit-il, conscient qu’il lui faudrait faire un effort surhumain pour lui obéir.
Quel homme sur terre n’aurait pas désiré la voir presque nue ? D’autant que la clarté de l’eau rendait la chose particulièrement aisée…
— Puisque vous m’avez avoué ne pas être un gentleman, j’imagine que j’ai de grandes chances de dîner ce soir avec mes amis, dit-elle d’un ton froid.
Ella gardait les yeux rivés sur lui, et s’approchait doucement, éveillant en lui un étrange sentiment. Mais ce n’était pas le moment de flancher. Tout en continuant de la regarder dans les yeux, il déposa le haut de maillot dans la main qu’elle tendait.
— Merci, dit-elle, l’air surpris.
— Tournez-vous, ordonna-t-il alors, d’une voix rauque.
Elle s’exécuta, et se débattit quelque temps avec l’attache de son maillot de bain, avant de s’écrier, une note de frustration dans la voix :
— Je n’arrive pas à l’accrocher !
— Ne bougez pas, j’ai un élastique autour du poignet. Voulez-vous que j’essaie ?
— S’il vous plaît.
Il s’approcha d’elle, et improvisa alors une sorte de fermoir en nouant les deux extrémités du lien entre elles.
— Ça va ? demanda-t-il, en resserrant le nœud d’un petit coup sec.
Elle hocha la tête et se retourna.
— Merci. Vraiment.
Puis, comme sur le coup d’une subite impulsion, elle se pencha en avant et posa rapidement ses lèvres sur les siennes.
— Pour montrer ma reconnaissance, expliqua-t-elle, après avoir relevé la tête.
Garrett goûta du bout de la langue le mélange qu’avaient laissé le salé de l’eau et le sucré du baiser sur sa bouche. Il se sentit soudain envahi d’une douce chaleur.
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