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UN MOT DE L’AUTEUR
Dans le flot du cycle de l’Épée de Vérité, Dette d’Os fut pour moi une formidable occasion d’écrire une nouvelle indépendante sur un personnage dont je rêvais depuis toujours d’explorer la biographie. Très souvent, alors que je développe les thèmes qui me sont chers – tout ce qui tourne autour de la condition humaine –, je dispose de plus de matière qu’il est possible d’en inclure dans un seul livre. Ces « trésors superflus » concernent en général le passé des personnages ou l’histoire de l’univers du cycle.
Comment les frontières sont-elles apparues ? Quelles furent les causes d’un événement si grave et si décisif ? Ce texte est en partie l’histoire inédite de la naissance des frontières.
Mais c’est aussi beaucoup plus que cela.
J’aime écrire sur les lieux où je voudrais aller et sur les gens que j’admire. Je prends souvent pour modèles des personnes qui appartiennent à ma vie réelle – des êtres auxquels je suis lié et qu’il est possible d’identifier –, mais j’imagine aussi des hommes et des femmes que j’apprécierais de rencontrer. Le plus important, c’est que le personnage prenne vie pour moi pendant que j’écris, parce qu’il doit « sonner vrai ». Dans un univers de fiction, comme dans la réalité, un individu, même s’il se croit impuissant, a parfois le pouvoir de changer le cours de l’histoire – et pas toujours dans le bon sens.
Voici le récit d’un de ces choix déterminants.
J’ai voulu raconter le parcours d’Abby. Cette jeune femme livrée au pouvoir des autres – et malmenée par des forces qu’elle est incapable de comprendre et encore moins de contrôler – a désespérément besoin d’aide. Et pourtant, elle comptera parmi les rares individus dont les actes modifient le monde.
Dans cette nouvelle, il est également question de Zedd, un jeune homme aux pouvoirs proches d’arriver à maturité qui se retrouve au centre d’un combat pour la survie de l’humanité. Alors que la vie et la mort lui obéissent, ce jeune sorcier est désarmé face aux souhaits qu’il ne peut exaucer – pas seulement ceux d’Abby, mais aussi les siens.
La destinée d’une jeune enfant est un des enjeux du conflit en cours. Portée par les vents de la trahison, une femme est venue, et elle est détentrice d’une Dette d’Os.
J’aimerais que les lecteurs se demandent ce qu’ils auraient fait à la place de Zedd ou d’Abby. Qu’auraient-ils choisi, dans leur situation ?
Cette nouvelle ne raconte pas seulement la création des frontières. En filigrane, elle décrit l’aube du monde dans lequel naîtront un jour Richard et Kahlan.
Terry Goodkind
Afficher en entierLa magicienne fit gravir aux suppliants quatre marches de granit polies au fil des ans par des milliers de semelles. Puis elle franchit une porte qui se découpait sous un linteau de granit noir moucheté de rose et entra dans ce qui devait être le cœur de la forteresse.
Elle leva un bras et fit un grand geste latéral. Aussitôt, les lampes disposées le long des murs s’allumèrent.
C’était une magie de base, pas une manifestation du don impressionnante. Pourtant, plusieurs compagnons d’Abby échangèrent des murmures inquiets en traversant le grand hall d’entrée.
Si un petit sort pareil leur fichait la trouille, songea Abby, ces gens n’avaient rien à faire ici, et ils n’étaient pas de taille à rencontrer des sorciers.
Avec son sol en légère pente, le hall était assez grand pour contenir tout le Gué de Coney. Stupéfiée par cet endroit, dont elle n’aurait même pas imaginé l’existence, Abby resta bouche bée devant les colonnes de marbre rouge, les arches majestueuses et les dizaines de balcons ornés de sculptures. Au centre de ce qu’il semblait ridicule d’appeler une « salle », une fontaine géante projetait vers le plafond des geysers d’eau qui retombaient dans une série d’imposantes vasques. Assis sur des bancs de marbre blanc ou debout près de la fontaine, des militaires, des magiciennes et divers fonctionnaires s’entretenaient de sujets probablement capitaux – mais avec le vacarme de l’eau, on ne comprenait pas un mot de leurs conversations.
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