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Lucidor: c'est que je vous destine un mari qui y demeure.
Angélique: Est-il possible? Ah çà, ne me trompez pas, au moins, tout le coeur me bat; loge-t-il avec vous?
Lucidor: Oui, Angélique, nous sommes dans la même maison.
Angélique: Ce n'est pas assez, je n'ose encore être bien aise en toute confiance. Quel homme est-ce?
Lucidor: Un homme très riche.
Angélique: Ce n'est pas là le principal; après.
Lucidor: Il est de mon âge et de ma taille.
Angélique: Bon, c'est ce que je voulais savoir.
Lucidor: Nos caractères se ressemblent, il pense comme moi.
Angélique: Toujours de mieux en mieux, que je l'aimerai!
Lucidor: C'est un homme tout aussi uni, tout aussi sans façon que je le suis.
Angélique: Je n'en veux point d'autre.
Lucidor: Qui n'a ni ambition, ni gloire, et qui n'exigera de celle qu'il épousera que son coeur.
Angélique en riant: Il l'aura, Monsieur Lucidor, il l'aura, il l'a déjà; je l'aime autant que vous, ni plus, ni moins.
Scène VIII
Afficher en entierIl n'est pas temps ; tout sûr que je suis de son cœur, je veux savoir à quoi je le dois, et si c'est l'homme riche, ou seulement moi qu'on aime, c'est ce que j'éclaircirai par l'épreuve où je vais la mettre ; il m'est encore permis de n'appeler qu'amitié tout ce qui est entre nous deux, et c'est de quoi je vais profiter.
Afficher en entierMaris jaloux, tendres amants,
Dormez sur la foi des serments,
Qu'aucun soupçon ne vous émeuve ;
Croyez l'objet de vos amours,
Car on ne gagne pas toujours
A la mettre à l'épreuve.
Avoir le cœur de son mari,
Qu'il tienne lieu d'un favori,
Quel bonheur d'en fournir la preuve !
Blaise me donne du souci ;
Mais en revanche, Dieu merci,
Je le mets à l'épreuve.
Vous qui courez après l'hymen,
Pour éloigner tout examen,
Prenez toujours fille pour veuve ;
Si l'amour trompe en ce moment,
C'est du moins agréablement :
Quelle charmante épreuve !
Que Mathuraine ait de l'himeur,
Et qu'al me refuse son cœur,
Qu'il vente, qu'il tonne ou qu'il pleuve,
Que le froid gèle notre vin,
Je n'en prenons point de chagrin,
Je somme à toute épreuve.
Vous qui tenez dans vos filets
Chaque jour de nouveaux objets,
Soit fille, soit femme, soit veuve,
Vous croyez prendre, et l'on vous prend.
Gardez-vous d'un cœur qui se rend
A la première épreuve.
Ah ! que l'hymen paraît charmant
Quand l'époux est toujours amant !
Mais jusqu'ici la chose est neuve :
Que l'on verrait peu de maris,
Si le sort nous avait permis
De les prendre à l'épreuve !
Afficher en entierFRONTIN : Comment, si elle vous aime, est-ce que cela n'est pas décidé ?
LUCIDOR : Non, il n'a pas encore été question du mot d'amour entre elle et moi ; je ne lui ai jamais dit que je l'aime ; mais toutes mes façon n'ont signifié que cela ; toutes les siennes n'ont été que des expressions du penchant le plus tendre et le plus ingénu. Je tombai malade trois jours après mon arrivée ; j'ai été même en quelque danger, je l'ai vue inquiète, alarmée, plus changée que moi ; j'ai vu des larmes couler de ses yeux, sans que sa mère s'en aperçût ; et depuis que la santé m'est revenue, nous continuons de même ; je l'aime toujours, sans le lui dire, elle m'aime aussi sans m'en parler ; et sans vouloir cependant m'en faire un secret, son cœur simple, honnête et vrai n'en sait pas davantage.
Afficher en entierPage 67 : "Mais il ne fallait point de bijoux, c'est votre amitié qui est le véritable".
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