Extraits

Dethor, au lieu de répondre directement à son interlocuteur, aboya :

— Kimel ! Besoin de bras !

Alberich fut surpris de voir un individu portant un uniforme bleu nuit ourlé d’argent, de coupe semblable à celui des Hérauts, entrer dans la salle par la porte du fond.

— J’allais regagner les baraquements, dit le nouveau venu. À moins que vous m’ayez trouvé un partenaire, finalement ?

— Ch’ais pas. Faut m’essayer celui-là. Jadus a l’air de penser que… Bref, équipe-toi, et on avisera.

Le dénommé Kimel adressa un simple regard à Alberich puis, tout bien considéré, l’observa plus longuement, et écarquilla les yeux. Le Karsite se prépara à recevoir une marque d’hostilité, mais l’homme demeura impassible.

— Intéressant de voir quelle rumeur est fondée, monsieur, se contenta-t-il de répondre avant de faire un signe à Alberich. Veuillez vous habiller et…

— D’abord, épée et bouclier standards, indiqua le maître d’armes.

Il posa son ouvrage, ses yeux plissés donnant à son visage émacié et ridé une expression de sévère vigilance.

Alberich, songeant qu’il lui ressemblerait peut-être trait pour trait, un jour, espéra qu’il n’hériterait pas, en prime, des rhumatismes… Chassant cette pensée, il choisit une protection de cuir parmi un ensemble de cuirasses ; à l’évidence, Kimel n’était pas le seul adulte à s’entraîner dans cet endroit. Épées et boucliers, pour leur part, figuraient en grandes quantités et ne se distinguaient que par leur poids. Le Karsite prit ce avec quoi il se sentait le plus à l’aise.

Puis il s’avança au centre de la salle pour rencontrer son adversaire.

Débuta alors pour lui la séance la plus soutenue qu’il lui ait été donné de vivre depuis l’époque où il était cadet. Après un travail à l’épée et au bouclier, les exercices se poursuivirent avec toutes les autres armes disponibles, dans le style de combat qui leur correspondait. À la suite de cela, tandis qu’il attendait de voir ce qu’on allait encore lui demander, Dethor pria Jadus de fermer les portes.