Extraits

Cinq cents ans plus tard, dans un pays où presque tout le monde savait lire sans que cela ne soit un mystère, les archéologues se livreraient à leur passe-temps favori en rêvant de parler de vive voix aux habitants des civilisations disparues qu’ils étudiaient. Ils diraient qu’en une demi-heure de conversation, ils en apprendraient davantage qu’en une vie entière consacrée à l’étude des inscriptions portées sur les tablettes qu’ils avaient découvertes.

Pourtant, s’ils avaient parlé à l’Actatl de la rue, ils auraient simplement appris que les marques étaient des mystères, que le roi vivait en haut et le peuple en bas et que les prêtres servaient Uctut, dont seuls ils connaissaient et avaient le droit de prononcer le vrai nom.

Mais la pierre qui était Uctut durerait. Les Aztèques n’existeraient plus, les Mayas et les Incas auraient disparu. Le nom des Actatl serait oublié et on ne se souviendrait même plus des Umays, des Acoupl et des Xorèques.

Tout serait effacé. Pourtant Uctut survivrait en ces temps lointains et alors, dans un pays appelé les États-Unis d’Amérique, le sang et l’horreur déferleraient, sacrifice royal des Actatl à leur dieu de pierre.

Et ce sacrifice de sang découlerait de ce qui s’était passé ce jour-là, quand le roi des Actatl tenta d’éviter la bataille contre les envahisseurs espagnols, qu’il soupçonnait de n’être pas des dieux mais simplement des hommes d’une autre couleur.