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Maison d'arrêt de la Santé. La nuit vient d'étendre son voile sur les souffrances du monde carcéral. Il fait froid, c'est l'hiver. Les lumières se sont éteintes. L'ombre des barreaux se reflète sur les murs délavés des cellules comme pour y emprisonner la seule évasion que représente le rêve.
Afficher en entierPuis les jours passèrent. J'avais réorganisé ma vie en cellule. La prison de la Santé, malgré son ancienneté, offrait des conditions de vie acceptables. Mais, en comparaison des maisons d'arrêt canadiennes, il y avait un retard de vingt ans. Le principe de laisser un homme enfermé vingt-trois heures sur vingt-quatre dans une cellule de 1,80 mètres sur 3,60 mètres faisait regretter le bagne aux anciens. Même l'Espagne offrait de meilleures conditions aux détenus en les laissant toute la journée dans des grandes cours. Mais la France est le pays de la répression sous toutes ses formes. La prison n'est pas faite pour éloigner certains individus du monde actif et leur faire payer leurs fautes. La prison sous sa forme actuelle n'a qu'un but : détruire celui qui a le malheur d'en franchir les portes. Depuis des années les réformes étaient annoncées... mais les promesses administratives sont des leurres qui ne me dupaient pas. La société française est ainsi faite qu'elle ne veut pas savoir la vérité de ses prisons. Que des hommes s'y suicident, s'y mutilent, soient drogués, y crèvent de misère psychologique ne l'intéresse pas. Les murs sont assez hauts pour qu'elle n'entende pas le désespoir et les cris de haine. Pour elle, l'essentiel est de garder bonne conscience. Il faut voir une prison vivre pour comprendre que la société elle aussi se commet dans les règlements de comptes de la façon la plus lâche et par personnes interposées. Tout cela, je l'avais constaté depuis longtemps, ce qui m'enlevait tout remords d'avoir choisi mon genre de vie. Je savais que la prison ne me détruirait jamais. Car j'étais homme à lutter, à me battre contre l'injustice intérieur... Incarcéré, je me sentais le même que libre.
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Afficher en entierDans leurs arbres, les oiseaux chantaient leur joue de vivre libres, indifférents aux cruautés dont seuls les hommes sont capables. Mon crime pour l'homme de la rue pouvait paraître horrible. Il entrait pourtant dans les lois de mon milieu. Pour les hommes, une balle dans la tête. Pour les salopes comme Ahmed...une mort de salope.
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